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Qu’est-ce que l’agriculture et la mode regénératives ?

La mode qui répare la terre

La mode régénérative est une nouvelle approche du vêtement, au delà du bio, dont le but final est d’enrichir la terre. Sur l’ensemble de son cycle de vie, il est conditionné pour devenir une ressource et non un déchet. Pour ça, il est composé exclusivement de fibres naturelles biologiques elles-mêmes issues de processus de culture enrichissants : pas d’appauvrissement des sols par une monoculture, pas d’usage de pesticides ou d’engrais, respect de la biodiversité locale. Il s’agit principalement d’un mode de culture en biodynamie, une agriculture qui considère la terre comme un être vivant complexe, et ses habitants, vivants ou inertes, comme des ressources énergétiques permettant de se nourrir et de se régénérer. L’agriculture régénérative imite les cycles naturellement présents dans la nature, elle aide à accroître la biodiversité, enrichir les sols et atténuer le réchauffement climatique. Ça paraît fictif ? C’est déjà en marche. De nombreuses marques d’origine anglaise ou californienne donnent le “La” de cette révolution.

L’agriculture conventionnelle dans la mode

Durant la plus grande partie de l’histoire de l’humanité, nous avons cultivé des fibres pour nos vêtements localement, +/- en utilisant les sous-produits de la culture alimentaire : les matières animales comme la laine, végétales comme le chanvre ou le lin, le coton. Ces matières biodégradables étaient exploitées dans le respect des capacités de production des animaux ou des sols. La première guerre mondiale signe l’avènement des engrais synthétiques (comme les nitrates, la soude, ou la potasse) et les tueurs de tout être vivant considéré comme nuisible, auxquels on ajoute le suffixe ”-cides” se développent progressivement à partir du XIXe siècle : pesticides, insecticides, ovicides, paratisicides, fongicides…etc, connaissant un boom à partir des années 50.

Si les cultures biologiques de coton rendent cette matière aujourd’hui disponible, il s’agit de moins de 5% de l’offre totale de coton dans le monde. Par ailleurs, le marché du coton bio est sujet à fraudes, il est vendu en plus grande quantité qu’il n’est effectivement produit. La plupart des terres agricoles sont par ailleurs contaminées par des pesticides et des engrais chimiques, rendant indispensable la vérification annuelle des balles de coton dont on expertise les échantillons. Ces produits synthétiques sont à l’origine d’une contamination de l’eau douce et des sols et comme des populations, l’ensemble participant au réchauffement de la planète et à la dégradation du climat.

Les marques régénératives guérissent plutôt que de détruire

Leaders du mouvement de la mode régénérative travaillent à la source des matières : ils connaissent leurs fournisseurs textile depuis la graine ou l’animal jusqu’à la matière finie et éduquent le consommateur à la fin de vie du produit. « De la ferme au dressing », elles recréent des filières et développent des structures économiques locales qui restaurent les sols et les êtres vivants.

Elle refusent l’exploitation environnementale et humaine dont la production vestimentaire conventionnelle a pris l’habitude, débridée, destructrice et coloniale. Elles refusent d’asservir les pays en développement, particulièrement les femmes ou d’épuiser les sols pour fabriquer des vêtements et résolvent ainsi des problématiques interrectionnelles en repartant simplement du sol et de ses droits.

Au delà d’une mode durable, une industrie réparatrice

Nous avons dépassé l’ère du maintien ou de la limitation de nos actes destructeurs envers les ressources naturelles. Après la mesure, la réduction et la compensation à zéro de nos émissions carbone, il s’agit de réparer. Et pour ça, s’en remettre à la terre. Le sol est l’une des ressources naturelles les plus importantes dont nous disposons. Lorsqu’elle est riche et fertile, elle fournit des nutriments aux plantes et aux animaux dont nous dépendons pour nous nourrir.

De plus, le sol est une importante réserve de dioxyde de carbone, que les plantes extraient de l’atmosphère à mesure qu’elles grandissent. Des travaux de recherches de L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estiment que les sols pourraient séquestrer plus de 10% des émissions de CO2 d’origine humaine.

L’International Resource Panel a publié un rapport expliquant comment la restauration et la réhabilitation des terres peuvent profiter à tous les objectifs de développement durable (ODD). Les techniques agricoles intensives ont appauvri les sols, les rendants moins productifs et efficaces dans le stockage du carbone. Cette dégradation concerne 33% des sols et plus de 90% pourraient l’être d’ici 2050, selon l’ONU.

Deux certifications

Regenerative Organic Certified – ROC

La certification Regenerative Organic Certified (ROC) a été créé en 2017 par une alliance de chefs d’entreprise et d’agriculteurs, dont Patagonia est un des membres fondateurs. La Regenerative Organic Alliance est un groupe d’entreprises et d’organisations travaillant ensemble pour créer la Regenerative Organic Certification. La ROA est dirigée par le Rodale Institute et a notamment pour membres Dr Bronner’s, Compassion in World Farming, la certification Demeter et le Fair World Project.

ROC est la norme biologique la plus exigeante, qui réhabilite les sols, protège les animaux et améliore la vie des ouvriers agricoles, grâce à des actions de justice sociale comme le paiement d’un salaire de subsistance, des conditions de travail équitables, des offres de formations et d’autres chances d’améliorer leur statut socio-économique. Les techniques Regenerative Organic comprennent les cultures de couverture, la rotation des cultures, le croisement des cultures, le non-labour ou le faible labour, et le compostage…

Il s’agit d’une vraie révolution, pas seulement pour l’environnement mais dans la redéfinition du rôle des marques et des entreprises qui deviennent non seulement responsables de leurs actes mais empoignent leur rôle contributif positif pour l’avenir, soutenable, de l’humanité.

Land to Market (L2M)

Land to Market™ est un label exigeant qui met en lumière les acteurs de l’agriculture regénérative, offrant une solution de confiance pour un approvisionnement responsable, aux marques de différents secteurs.

Le programme Land to Market™ valorise les produits cultivés de manière regénérative, c’est-à-dire qui restaurent et enrichissent la terre, en les rendant visibles sur le marché. Land to Market™ se concentre principalement sur l’étape d’élevage, car le bétail est souvent élevé dans des écosystèmes plus intacts et diversifiés que les (mono)agricultures.

Des marques futuristes qui proposent une offre regénérative

Trace Collective

TRACE est une marque de prêt-à-porter féminin et masculin. Chaque vêtement est conçu dans le soucis de sa fin de vie et dans le but d’avoir un impact minimal lors de sa fabrication, voire positif. Pour atteindre ces objectifs, TRACE se base sur l’ACV : Analyse du Cycle de Vie, ce qui signifie que la marque mesure, rapporte et tente de réduire ses impacts à chacune des étapes de tout produit ou service. Tous les tissus employés sont issus d’une filière de mode regénérative. Ces matières sont également biologiques et entièrement biodégradables.

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STORY mfg, plus de gaspillage

Il n’y a pas de «gaspillage» dans la nature, c’est le constat de STORY mfg, tout se regénère et les vêtements doivent suivre le même chemin. La marque n’emploie aucune matière d’origine animale, uniquement des matières issues de filières regénératives et récupère ses chutes de production pour en faire des doublures, du rembourrage ou les transformer en papier qui donneront des étiquettes volantes et des emballages.
Cette veste en coton a été réalisé à la main et ses teintures indigo proviennent de forêts durablement gérées, dans lesquelles chaque déchet de production des pigments est revalorisé en fertilisant.

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California Cloth Foundry, les teintures végétales

Des coquilles d’œufs au lieu de métaux lourds, des enzymes naturelles au lieu du formaldéhyde et des colorants à base de racine de garance, de soudure et de châtaigne pour remplacer les dérivés du pétrole : California Cloth Foundry a développé des alternatives propres et sûre aux teintures conventionnelles, avec l’intention d’en faire des options viables pour le reste de l’industrie. Les matières sont issues de filières regénératives, du Cleaner Cotton ™ au Lenzing Modal®.

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Timberland et le projet Net Carbon Positive

Timberland a récemment communiqué au sujet d’un projet ambitieux : devenir une marque nette positive en carbone, c’est à dire qui piège le carbone qu’elle émet et regénère les sols, d’ici 2030. Elle annonce des objectifs de circularité totale et un sourcing de matières 100% issues de l’agriculture regénératrice dans les mêmes délais pour le caoutchouc, le coton, la laine et la canne à sucre et travaille en partenariat avec le Savory Institute pour financer la recherche dans ce domaine. Timberland met actuellement en place une solide chaîne d’approvisionnement en cuir reegénératif aux États-Unis, en Australie et au Brésil.

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Patagonia, les exploitations de coton biologique indien

Patagonia participe également à un programme pilote pour le développement de matières regénératives, en Inde avec 150 de ses exploitations et présente depuis cette saison ses premières pièces en coton biologique issu de l’agriculture regénérative. La marque a lancé une campagne de sensibilisation aux bienfaits de l’agriculture Regenerative Organic, qu’elle considère comme l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre le changement climatique, subvenir aux besoins alimentaires d’une population croissante tout en préservant la planète.
À travers Patagonia Action Works, elle soutient et promeut le travail de plusieurs associations de terrain qui font avancer Regenerative Organic dans toute l’Europe, comme Ecological Land Cooperative (GB), Soil Hub (DE), DEAFAL (IT), Soil Heroes (NL) et la Ferme Université Domaine du Possible (FR).
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QWSTION, le textile issu de forêts de bananiers

Bananatex® est un textile déposé par la marque QWSTION, 100% naturel, issu de forêts de bananiers durablement gérées, sans eau additionnelle, sans pesticides ni engrais. La toile est rendue imperméable grâce à de la cire d’abeille. Pour aider l’industrie à évoluer positivement, QWSTION met sa recette à la disposition de ses concurrents, après 3 ans de recherche et développement. Au podium de l’exemplarité ?

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