baskets-nike-orange-pantalon-blanc-logo-recyclage

Peut-on recycler les sneakers et pourquoi est-ce si compliqué ?

La circularité au bout des pieds

Que se passe-t-il une fois que nos sneakers sont trop usées pour être données, réutilisées ou réparées ? Si les sneakers peuvent effectivement être déposées avec les autres types de vêtements dans les bennes de tri, existe-t-il une manière de les recycler efficacement ? Faisons le point !

A priori, une basket est compliquée à recycler

On le sait, pour qu’un vêtement puisse être recyclé efficacement, mieux vaut qu’il soit mono-matière. Une contrainte due  au fait que chaque matériau se recycle d’une manière qui lui est propre. En d’autres termes, pour obtenir du coton recyclé, il faut d’abord disposer de coton usagé sans qu’une autre matière ne vienne polluer le gisement.

La logique est identique pour toutes les autres matières, qu’il s’agisse de matières plastiques, de cuir, de métal, etc.
Pour mieux comprendre pourquoi cette contrainte pose problème lorsqu’il s’agit de recycler une basket, il convient de faire un point sur l’anatomie de nos sneakers.

Traditionnellement, une basket se compose de 6 éléments

  • Une tige, tenue par les lacets et qui constitue l’élément principal de la chaussure, souvent faite de matières textiles, polyester et coton en tête, ou bien de cuir.
  • Une languette, située sous les lacets et qui remonte vers la cheville, là aussi souvent faite de matière textile et parfois rembourrée de mousse.
  • Des renforts et contreforts, autour du pieds et du talon, composés de matériaux rigides souvent plastiques
  • Un embout
  • Une semelle intermédiaire, une couche de mousse de polyuréthane ou de caoutchouc située sur laquelle se pose le pied
  • Une semelle extérieure ou semelle d’usure, celle qui est en contact direct avec le sol et qui est également produite à partir de matières plastiques ou de caoutchouc. 

A tout cela s’ajoutent des lacets en coton, leurs embouts en PET, des oeillets en métal, des fils de divers natures mais aussi de la col et une multitude d’autres éléments liés au design de la basket, comme par exemple une étiquette qui peut être en coton, en polyester ou en cuir.

En tout, on peut trouver plusieurs dizaines de matériaux différents dans une seule sneaker, très difficiles à séparer les uns des autres par un procédé mécanique. Si on peut donc défibrer un pull en laine pour obtenir une nouvelle pelote en le passant dans une machine, on ne peut pas transformer une vieille chaussure en basket neuve par le même procédé.

Mais alors, que deviennent les chaussures déposées dans les bacs de tri ?

Pour le moment, le plus simple reste encore de pratiquer le downcycling pour donner une seconde vie à nos baskets usées : “Une partie des chaussures non-réutilisables est broyée pour rentrer dans la composition des Combustibles Solides de Récupération (CSR) comme alternative au gaz pour alimenter les cimenteries notamment.” explique Refashion, l’éco-organisme français chargé de prévoir la fin de vie des produits textiles et de la mode..
Sur le site de l’organisme, on peut également lire que “les mousses synthétiques des chaussures de sport peuvent être broyées pour être incorporées dans les sols.”

Nos baskets peuvent alors servir à la fabrication de revêtements plus ou moins mous faits de plastique et de caoutchouc comme ceux que l’on retrouve dans les salles de sport ou les gymnases. Une bien belle fin pour ces symboles du sportswear, mais une solution qui ne permet pas de gérer un gisement de plusieurs millions de baskets jetées chaque année à travers le monde.

Le progrès technologique est en marche ! 

Plusieurs pistes sont actuellement testées pour pallier le problème du tri des matières qui composent une chaussure, surtout en Europe !

  • Le groupe Eram, par exemple, a imaginé un projet pour le démantèlement industriel, Zapateko II, basé sur la reconnaissance visuelle automatisée du modèle de chaussure en question, qui permet concrètement un arrachage assisté de la semelle et de la tige de la chaussure. Une fois passée entre les bras automatisés de l’outil, la chaussure ressort donc en une multitude de pièces détachées triées par matières et qui peuvent donc être indépendamment réintégrées dans un circuit de production. Une initiative portée par un grand groupe qui prouve que les metteurs en marché peuvent aussi s’activer pour faire avancer les technologies de recyclage :  “Suite à une étude réalisée en 2020, nous avons mis en lumière deux grandes défis : Le premier, le tri industriel ou comment relier les composants d’une chaussure en fin de vie ? Le second, le démantèlement industriel, en particulier des éléments de semelage vers une revalorisation boucle ouverte ou boucle fermée.” explique Gauthier Bedek, responsable Recherche & Développement du groupe ERAM et rattaché au projet Zapateko II.
  • Sur le même principe, Fastfeetgrinded, une solution technologique portée par le gouvernement néérlandais propose également de démonter nos baskets pour en retirer 3 grandes familles de composants : la mousse, la gomme et le textile, sous forme de granules ou de fils. D’après ses concepteurs, la machine est déjà en mesure de traiter jusqu’à 2500 chaussures par heure. Une lueur d’espoir bien vive !
Total
0
Shares
Laisser un commentaire
Précédent
La seconde main en Chine, un marché récent, digital… et inquiétant
main-sur-ecran-tablette

La seconde main en Chine, un marché récent, digital… et inquiétant

Suivant
Qu’est-ce que l’agriculture et la mode regénératives ?
california-cloth-foundry-femme-debout-cheval

Qu’est-ce que l’agriculture et la mode regénératives ?

À lire également

Become a Good One ! Abonnez-vous à nos contenus

Le média payant : accès illimité à tous les articles et OnePagers, réductions sur nos CleverBooks

Total
0
Share