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Juliette Katz @coucoulesgirls, la place des personnes grosses dans les médias

#SmartInfluence est une série d’articles dans lesquels on dresse le portrait des influenceur·euses qui nous inspirent. Après avoir parlé d’écologie avec Céline Seris, @Iznowgood, de rapport au corps avec @thegingerchloé et de parentalité avec@Samuelclt, nous avons eu le plaisir d’échanger Juliette Katz, @coucoulesgirls sur les réseaux sociaux, pour aborder la question de la représentation des personnes grosses dans les médias.

@coucoulesgirls perçue par The Good Goods 

Dans l’équipe, on suit Juliette depuis de nombreuses années. On l’adore autant pour la diversité des contenus qu’elle propose (musique, cinéma, vidéos, photographies…), que pour sa capacité à parler du vrai quotidien des femmes, dans une époque où Instagram est une course à la perfection. Dès ses débuts sur Youtube, elle remettait en question les injonctions faites aux femmes en parodiant les youtubeuses beauté. Aujourd’hui, elle ose aborder sans tabous la maternité, la charge mentale féminine et le post partum, libérant la parole autour de sujets parfois très intimes. Elle se met à nue au sens propre comme au figuré, à travers les photos qu’elle prend pour accepter son corps mais aussi par sa parole spontanée et honnête. Bref, elle propose ce qui manque aux réseaux sociaux contemporains : un contenu authentique et déculpabilisant.

Juliette Katz et le compte @coucoulesgirls

Qui es-tu ? 

Je m’appelle Juliette Katz, j’ai 33 ans. Attirée par le milieu artistique depuis toujours, je suis actrice, chanteuse, écrivaine et “influenceuse” même si je n’aime pas beaucoup ce terme.

De quoi parles-tu sur internet ? 

Cela fait 6 ans que j’exerce le métier de créatrice de contenu. Depuis le début, j’ai changé, grandi, et mon contenu a évolué en même temps que moi. Je parle toujours de bienveillance et de dépassement de soi, mais en ce moment, j’aborde surtout le sujet de la parentalité car c’est ce qui m’anime au quotidien. J’essaie tout de même de varier ce que je propose car c’est un sujet qui n’intéresse pas tout le monde. 

Quelle(s) pression(s) repose(nt) sur les influenceur·euses ?

Quand tu es influenceuse, il faut sans cesse poster, créer, donner du contenu. Sinon, les gens t’oublient et passent à autre chose. Depuis que je suis maman, j’ai beaucoup ressenti ce phénomène, qui peut être stressant et énergivore. Quand on aborde de nouveaux sujets, on prend le risque de gagner et de perdre des abonné·e·s, ce qui nous incite parfois à nous restreindre. J’essaie tout de même de lâcher prise et d’aborder les sujets que je souhaite.

Comment a évolué ta manière de choisir les marques avec lesquelles tu collabores ?

J’ai toujours essayé de respecter mon éthique personnelle, dans ma manière de travailler avec les marques. Étant moi-même consommatrice d’Instagram, je n’aime pas quand un·e influenceur·euse multiplie les partenariats. Depuis que je suis maman, je consacre moins de temps au travail afin d’en passer avec mon fils, ce qui me pousse à être encore plus sélective dans le choix des marques avec lesquelles je collabore. J’opte pour celles qui me laissent du temps et de la liberté pour créer, et dont j’adhère aux produits, comme les culottes menstruelles Moodz que je porte quotidiennement. 

©Moodz

 

Quel message aimerais-tu faire passer aux marques ?

Souvent, les marques envoient aux influenceur·euses des colis sans leur demander l’autorisation en amont. Je reçois énormément de produits, comme par exemple des livres que je n’ai pas le temps de lire, de maisons d’édition inconnues dont j’ignore comment elles ont eu mon adresse… Le pire, c’est que ces marques s’attendent généralement à un retour. Elles veulent s’assurer que tu as bien reçu le colis et t’incitent à en parler sur les réseaux sociaux. Depuis que j’ai abordé le sujet, il y a eu un léger changement me concernant, mais il y a tellement d’influenceur·euses aujourd’hui, volontaires (ou non) pour ce mode de fonctionnement, que le problème persiste.

Le compte instagram @coucoulesgirls

©juliette_leigniel et ©laurence.revol

 

L’écologie et le problème d’inclusivité des marques de mode éthiques

Comment définirais-tu ton style vestimentaire ? 

J’ai un style plutôt classique, hormis quelques pièces colorées. En ce moment, je prends moins soin de mon apparence car je consacre beaucoup de temps à mon fils.

Quel est ton rapport à la mode écoresponsable ? 

Quand tu es gros·se, soit tu t’habilles dans les magasins de fast fashion, soit tu achètes du luxe.

Quand on fait du 48, il n’est pas facile de trouver des fringues éco-responsables. Je trouve l’idée des friperies chan-mé et j’y passais beaucoup de temps quand j’étais jeune. Il existe des pièces de seconde main, sur Vinted ou en friperie, mais cela prend beaucoup de temps. C’est souvent dans les enseignes de fast fashion qu’on trouve des pièces dans lesquelles on se sent bien, et qui nous plaisent, sinon les vêtements sont vite très chers. Quand tu es grosse, soit tu t’habilles dans les magasins de fast fashion, soit tu achètes du luxe.

L’écologie occupe-t-elle une place importante dans ta vie ? 

Mon père travaillait dans la publicité, avant de tout arrêter pour partir vivre en Inde et y construire une maison. J’ai donc eu très jeune une conscience écologique. Mes parents m’ont sensibilisée à la décroissance et m’ont appris certains gestes écolo comme le tri des déchets. 

Ton rapport à l’écologie a-t-il évolué depuis l’arrivée de ton enfant ? 

Au niveau des vêtements, je fais attention à la façon dont j’habille mon fils, en privilégiant des matières comme le coton bio, notamment de la marque Petit Bateau. J’avoue acheter peu car je reçois beaucoup des marques. Pour les enfants, il peut être tentant d’acheter moins chères dans des magasins de fast fashion car ils grandissent vite. Concernant les  jouets, j’essaie de privilégier les objets fabriqués en France et certifiés

Avec mon compagnon, on essaie aussi de réduire notre consommation de viande, et on a quelques objets zéro déchet. On envisage même de quitter Paris et d’avoir un jardin potager ! Difficile d’être écolo quand on habite à Paris… J’ai quand même arrêté de donner de l’argent à Starbuck, ce qui est un premier pas ! J’en avais une grande consommation.  Le problème, c’est que quand on essaie d’être zéro déchet, on est forcément dans la demi-mesure et les paradoxes, comme manger bio et utiliser chaque jour un ordinateur Apple

 

Le rapport au corps et la médiatisation des corps gros

Est-ce que l’évolution de ton corps, liée à la grossesse, a modifié le regard que tu lui portes ? 

Je n’arrive pas à accepter mon nouveau corps. Enceinte, j’ai perdu du poids sans trop savoir pourquoi. Je trouvais ça magnifique de voir mon corps se transformer. Quand j’ai accouché, je n’avais pas été aussi mince depuis des années. Après la grossesse, j’ai repris 10 kilos en un mois et demi. Si je suis habituée à prendre et perdre du poids, j’ai du mal à reconnaître ce nouveau corps. J’ai rarement eu autant de mal à m’accepter alors que j’ai déjà été plus grosse. Même les sensations dans mon corps sont différentes. Je m’habille parce qu’il le faut, mais j’ai du mal à y trouver du plaisir. Je mets des leggings, des pulls larges… des vêtements confortables qui me permettent de cacher mon ventre. Mon estime de moi et mon rapport à ma féminité ont été bousculés par la grossesse. J’ai du mal à regarder mon corps avec bienveillance.

©elliot.aubin

 

Qu’est-ce qui t’aide à mieux l’accepter au quotidien ?

Ça va paraître chelou, mais je touche beaucoup mon corps. Cela me permet de le sentir, de comprendre comment il est en ce moment. J’ai aussi repris un petit peu le sport, pas forcément pour perdre du poids mais surtout pour me sentir vivante, en mouvement. La psychologue que je consulte depuis des années m’aide également à comprendre qui je suis et à mieux m’accepter. Libérer la parole sur son corps, à travers un discours authentique, permet de faire un premier pas vers l’acceptation. Mais malgré tout, cela reste un chemin très long. 

Dans l’influence, on me parle beaucoup de body positive, mais c’est une image que j’ai acquise contre mon gré, pas une posture.

Est-ce qu’il arrive qu’on te démarche professionnellement pour ton image ?

Après le film Moi grosse, j’ai dit à mon agent que je ne souhaitais pas refaire de films autour du poids, sauf s’il y avait un vrai message à faire passer. En tant qu’actrice, je n’ai pas envie de rester dans le rôle de la sœur ou de la meilleure amie grosse. J’ai par exemple refusé de participer à Danse avec les stars, car j’ai pensé qu’on me proposait juste car il fallait une meuf grosse dans l’émission. Je trouve cela dommage de caster une personne grosse juste parce qu’elle est grosse.
Dans l’influence, on me parle beaucoup de body positive, mais c’est une image que j’ai acquise contre mon gré, pas une posture. J’aime qu’on me démarche pour l’image que je renvoie et non pas uniquement pour des rôles liés uniquement à mon poids.

Quels sont tes projets futurs ?

L’épisode 2 de la série de vidéos Dans tes rêves sortira dans quelques semaines. Le premier épisode, réalisé il y a un an, avait aidé des abonné·e·s à se dépasser et à oser réaliser un rêve. 

 

Les recommandations de Juliette

  • Lecture : La mère suffisamment bonne, de Donald Winnicot, qui parle du lien qui unit les mères et leurs enfants.
  • Compte Instagram : Le compte de Coline
  • Restaurant : Les restaurants japonais de la rue Saint-Anne, à Paris. 

 

Le compte Instagram de Juliette

Le compte Tik Tok de Juliette

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