Pollution, abus de ressources en eau, exploitation humaine… Le coton conventionnel est une matière omniprésente et essentielle à l’industrie de la mode, mais il est pourtant sujet à de multiples controverses. Tenant compte d’une clientèle sensibilisée aux enjeux sociaux et écologiques, et d’une nécessité de réguler l’impact de l’industrie pour faire face au réchauffement climatique, labels et fournisseurs explorent des alternatives. Coton biologique, régénératif, recyclé, cellulose… Tour d’horizon des solutions disponibles pour les marques désireuses de mieux faire, à découvrir sur Première Vision Paris.
Proposer des alternatives au coton est un enjeu essentiel pour la mode. Cette fibre est effectivement une grande favorite de l’industrie. Elle représente près de 22% des fibres utilisées selon le rapport Textile Exchange 2023, malgré son impact néfaste largement documenté. Sur le plan social, un fait alarmant est que 20 % de la production de coton mondiale provient de la région du Xinjiang. Le coton est donc directement liéà l’exploitation du peuple Ouïghour, dont le traitement par le gouvernement chinois peut être qualifié d’esclavage moderne. La culture du coton conventionnel en Ouzbékistan repose également sur de l’exploitation infantile. Sur le plan environnemental, le coton conventionnel représente 7 % des pesticides mondiaux. Sa culture dégrade les sols, la santé des agriculteur·ices et nécessite 5 000 à 17 000 litres d’eau pour produire 1 kilo d’après l’ADEME, provoquant un stress hydrique dans de nombreuses régions. On lui doit notamment le quasi-assèchement de la mer d’Aral. Face à ces crises majeures, organismes et entreprises s’activent pour proposer des alternatives.
Le coton biologique
Bien qu’il représente un faible pourcentage de la production mondiale, le coton biologique continue de se développer et de séduire. Puisqu’elle n’implique aucun insecticides ni pesticides, cette fibre permet d’éviter l’épuisement des sols et le déséquilibre de la biodiversité. La chaîne de production du coton bio, via des labels et des garanties, permet généralement d’assurer des revenus plus justes pour les cultivateur·ices.
Cette matière est parfois marketée de façon trompeuse. Choisir des fournisseurs sûrs est un défi de taille : on se rappelle notamment de la Better Cotton Initiative, lancée par H&M, qui joue sur l’ambiguïté en certifiant des champs utilisant moins de pesticides, sans pour autant qu’ils soient biologiques ou, qu’en parallèle, la certification couvre des questions de conditions de travail des agriculteur·ices. Mais des labels et suppliers fiables existent : Cotonea, par exemple, propose des cotons bios certifiés GOTS et Ecocert. Cette entreprise basée en Allemagne cultive du coton en Ouganda et en Asie Centrale. Elle favorise des régions à météo pluvieuse, et collabore avec des experts locaux qui maîtrisent la prolifération d’insectes grâce à des méthodes naturelles. Des initiatives existent également en Europe, comme le Cotton Organic Sicily. Les fournisseurs de coton biologiques les plus fiables sont souvent certifiés Organic Content Standard ou Global Organic Textile Standard. Sur la liste publique de ce dernier, il est possible d’accéder au contact de plus de 9 000 autres fournisseurs certifiés.
Retrouvez les alternatives responsables au coton conventionnel sur Première Vision Paris, les 2, 3 et 4 juillet 2024 au Parc des Expositions Paris Nord Villepinte –
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Le coton régénératif
L’agriculture régénérative a pour but de reconstruire les environnements où elle s’implante, ce qui implique notamment la restauration de la santé des sols. Elle a recours à des méthodes variées pour cela, comme la multiplicité des plants pour recréer des écosystèmes, fait appel à des prédateurs naturels plutôt qu’à des produits chimiques pour combattre les organismes s’attaquant aux fibres… Ces divers procédés renforcent la présence de nutriments essentiels au développement des plantes grâce à la présence de détritus végétaux, d’animaux en décomposition et de micro-organismes, qui apportent par exemple de l’azote dans les sols. Ce nutriment est nécessaire à la photosynthèse mais très polluant lorsqu’il provient d’engrais azotés de synthèse. Grâce aux écosystèmes de l’agriculture régénérative, les nutriments comme celui-ci arrivent organiquement dans les sols, qui deviennent ainsi plus riches et fertiles sans recours à une aide chimique.
Des pionniers s’attèlent à la diffusion du coton régénératif, comme Positive Materials. Cette entreprise a développé plus de cinquante matériaux à base de fibres régénératives, et propose quatre textiles pour sa collection GOOD EARTH COTTON®. Mattera est un autre fournisseur utilisant diverses méthodes, dont l’agriculture régénérative, pour produire un coton résilient et éthique. L’une des certifications pour un coton régénératif est RegenAgri (notamment utilisée par Stella McCartney), qui dispose d’une liste publique de fournisseurs certifiés. Le coton régénératif, produit également par la société Bergman Rivera au Pérou qui fournit la marque de baskets Veja, présente enfin une composante sociale majeure : il assure l’indépendance économique des cultivateur·ices et l’amélioration de la qualité de vie (via les axes santé, éducation, expansion des infrastructures) des autochtones.
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La cellulose régénérée
Tout d’abord, la cellulose est un sucre naturel dérivé du bois. Elle est présente dans tous les textiles cellulosiques (comme la viscose, le modal, le coton, le Tencel®Lyocell, le cupro) mais aussi le papier et le carton. Il est possible de la régénérer, notamment depuis des gisements de linter de coton, de chutes textiles ou de vêtements pré ou post-consumer grâce à des procédés d’extraction. On obtient ainsi une fibre cellulosique recyclée, dont Lorenzia Mortello, cheffe de produit denim chez Première Vision, expliquait à The Good Goods qu’elle est de haute qualité : “Une fibre cellulosique recyclée chimiquement n’est pas moins solide ou moins belle qu’une fibre cellulosique vierge.”
De nombreuses entreprises se sont emparées du sujet de la cellulose pour le mettre sur le marché, à l’image des fibres Biosphere Circular de Spiber. L’un des leaders du marché est Lenzing, groupe d’innovation textile à l’origine du TENCEL™ Lyocell et de l’ECOVERO® intégrant la technologie REFIBRA®. PYRATEX® est un autre fournisseur, spécialiste des tricots circulaires fabriqués à partir de fibres innovantes, certifié Global Recycled Standard et GOTS. RDD Textiles, spécialiste des innovations textiles durables, fait également partie de cet écosystème.
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Le coton recyclé
C’est une alternative écologique au coton conventionnel : le coton recyclé nécessite très peu d’eau, ne réclame aucune agriculture et donc aucun processus chimique impliquant des pesticides. Le recyclage s’effectue selon un procédé mécanique. De fait, les fibres raccourcissent lors de la phase d’effilochage. L’étape de filature peut encore comprendre l’ajout d’un pourcentage variable de matière neuve. Un gisement de qualité reste crucial. L’option recyclage de chutes de production industrielles est ainsi pour l’instant majoritaire sur le marché.
Earth Protex est l’un des fournisseurs spécialistes des fibres recyclées, ainsi que Recover Textile Systems, engagé dans le recyclage depuis 1947. De nombreuses options sont à découvrir lors d’événements spécialisés, par exemple aux éditions du salon Première Vision se déroulant actuellement à Milan.