Un documentaire sur le Ghana, poubelle des textiles du monde
Rédigé par Victoire Satto
Le 05 sept. 2021
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Chaque jour, le Ghana reçoit 160 tonnes de déchets textiles, des vêtements de piètre qualité, principalement issus de la fast fashion, d’Australie et du Royaume-Uni. La militante américaine Liz Ricketts a fondé une ONG contre les déchets de l’industrie textile, elle a passé la dernière décennie à documenter l’impact de ces dons sur le Ghana. Pollution, marché noir… ABC News en a fait un documentaire, disponible en accès libre (lien en fin d’article). On vous le présente en synthèse. Plus que jamais, ces images très contemporaines invitent à une réflexion et une mise en action pour changer profondément notre rapport aux vêtements. Le recyclage est une solution partielle qui ne sera jamais aussi bénéfique que le fait de produire moins.


Toutes les images sont au crédit d’ABC News, correspondants @AndrewGreaves @LintonBesser @LizRicketts.
Le Ghana, poubelle des textiles du monde
Sur les rives de la lagune de Korle, dans la capitale ghanéenne d’Accra, une dune artificielle est venue s’ajouter au paysage et ne cesse de croître depuis une quinzaine d’années. Haute d’environ 20 mètres, elle n’est pas formée de terre ou de pierre, mais d’environ 60% de vêtements non désirés et 40% de déchets du quotidien. Les vêtements ont été expédiés au Ghana pour être revendus et réutilisés, beaucoup provenaient de bacs à vêtements et de collections caritatives d’Australie et du Royaume-Uni.
Chaque jour, le pays reçoit 160 tonnes de déchets textiles. De grands sacs de vêtements sont déballés et répartis vers un marché noir sur le marché de Kantamanto, un labyrinthe d’étals et de boutiques où des balles de vêtements occidentaux sont ouvertes et pour lesquels les détaillants d’un marché noir se battent. Lorsque les importateurs trouvent des vêtements de bonne qualité, ils font de réels profits, cependant cela concerne très peu de pièces. Un grand nombre de vêtements n’ont jamais été portés, aucun n’a été re-porté avant d’être envoyé, et la qualité se détériore d’année en année.
Lien vers le documentaire


Nos habitudes de consommation rendent le monde malade
Nous sommes devenus le dépotoir des déchets textiles produits d’Europe, des Amériques et d’ailleurs.
Notre dépendance à la mode “jetable” – majoritairement la fast fashion – est un désastre environnemental au bout du monde. Ceux qui ne sont pas revendables ou portables sont sont balayés et remis en sac à la tombée de la nuit, avant d’être dispersés dans une décharge à ciel ouvert ou brûlés.
Les textiles synthétiques peuvent mettre des centaines d’années à se décomposer. Pendant la mousson, ils dérivent dans le réseau médiéval d’égouts à ciel ouvert de la ville, étouffent le système de drainage et favorisent les inondations. Les moustiques se reproduisent, les maladies prospèrent.
Les textiles échouent des canalisations vers la plage puis en mer. Une minorité flotte, les plus lourds coulent au fond de l’océan. Sous l’effet des courants océaniques, ils remontent et s’enroulent entre eux, formant de longs bras de tissu appelés “des tentacules » mesurant jusqu’à 10m de long. Ces tentacules s’enfoncent à nouveau dans les sols terrestres dont les plages, tellement entremêlées qu’on ne peut pas les en extirper. Ils sont responsables de noyades et de l’altération des moteurs des bateaux de pêche qui participent à la vie économique locale et nourrissent le pays.
Les textiles synthétiques en décomposition sont à l’origine d’émanations toxiques, issues d’une montagne de déchets de vêtements fétides aux abords de quartiers d’habitations, et ce pour des générations.
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Trier et recycler est essentiel mais pas suffisant
Nous sommes convaincus des bénéfices et des progrès du recyclage à grande échelle. En France, de nombreux organismes structurent et fédèrent la collecte, le tri et le recyclage des vêtements, des chaussures et du linge. Nous savons revaloriser nos dons, ce qu’ils deviennent et qui y travaille. Nous soutenons massivement les innovations en ce sens. Mais il faut comprendre que le recyclage est une solution partielle qui ne sera jamais aussi bénéfique que le fait de produire moins. Le problème n’est pas à prendre à la fin de vie du vêtement. Le problème est que, sur 100% des vêtements produits par les marques à ce jour, 40% ne seront jamais portés. Les déchets font partie du modèle économique de la mode, ce modèle est toxique. Plus que jamais, ces images très contemporaines nous invitent à une réflexion et une mise en action pour changer profondément notre rapport aux vêtements.
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10 ans d’observation et un documentaire sur les “Dead white men’s clothes”
Liz Ricketts est une américaine qui milite contre les déchets de l’industrie textile. Son organisation non gouvernementale, la Fondation OR, accuse les grandes maisons de mode de la crise liée aux déchets de l’industrie de la mode au Ghana. Elle a passé la dernière décennie à documenter l’impact des déchets de vêtements sur le pays, des vêtements appelés “Dead white men’s clothes (“Les vêtements morts des hommes blancs”).
ABC News en a fait un documentaire disponible en accès libre sur Youtube et I-View.
Lien vers le documentaire


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