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Le Boro, l’art du patchwork upcyclé japonais

L'innovation venue du passé

L’art de réparer et sublimer  les matières usées, brisées, oubliées est une tradition au pays du Soleil Levant et ce depuis des milliers d’années. Le Sashiko est au textile ce que le Kintsugi est aux objets. Cette fois il ne s’agit pas de réparer la céramique avec de l’or mais de rapiécer les vêtements avec des carrés de coton ou de chanvre. Comme un pansement sur une plaie, le point de couture Sashiko fixe des patchs de tissus sur la pièce élimée. Une fois guérie, l’étoffe devient un Boro. Rapiécé par nécessité, il est porté par les classes rurales japonaises. Ces sublimes patchworks aux teintes indigos sont élevés au rang d’artisanat de patrimoine culturel, et trouvent leurs places dans les musées et les défilés. Ancêtre de l’upcycling et du zéro-déchet, le Boro nous vient tout droit du passé et a une résonance forte dans notre quête de durabilité.

Le Boro, la création par la restriction

Le terme Boro, “guenille” en japonais, désigne les vêtements et toiles de lit indigo faits en tissus. Le Boro était répandu dans le nord du Japon où l’hiver était rude et les textiles étaient rares. Pour renforcer leur solidité et lutter contre le froid, les vêtements élimés de pêcheurs et paysans étaient rapiécés avec du coton ou du chanvre et les chaussons étaient réparés avec des peaux de poissons. Le Boro était alors une solution de nécessité purement économique et utilitaire. Au fur et à mesure des réparations et superpositions, la pièce initiale disparaît et devient un patchwork surpiqué. Il passe de main en main, de génération en génération. Le Boro est un témoin du passé et des joies et des peines de cette société agraire.

 

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© Exposition Boro the fabric of life, Boisbuchet 2013
 

Le donja

Le donja ressemble à une robe de chambre épaisse et de grande taille, composée de superpositions de morceaux de chanvre. À mi-chemin entre une couverture et un futon, le donja était déplié sur le sol le soir afin que la famille s’y endorme et se réchauffe pendant l’hiver. 

Le hodo

Le hodo, patchwork de vêtements portés par une lignée familiale est un linge de lit. Il est aussi le premier tissu dans lequel le nouveau-né sera emmitouflé.

Le Sashiko, point de couture et point de suture

Le Sashiko s’utilise pour assembler les carrés de matières et rafistoler un jean troué comme une veste aux coudes râpés. Le point Sashiko aussi appelé point avant doit faire la taille d’un grain de riz sur l’endroit comme l’envers. Il rentre et sort par alternance comme une ligne de pointillés. Carrés, cercles, losanges, étoiles, il se décline en motifs graphiques. Le secret du Sashiko réside dans le traçage du motif au préalable depuis la grille de base. L’aiguille reste fixe et traverse les plis réguliers du tissu, poussée par un dé. Le Sashiko mêle à la valorisation de tissus, le plaisir de faire soi-même une pièce upcyclée aussi belle que fonctionnelle.

Atelier de Sashiko par L’effet canopée

 

Kuon Tokyo

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La marque japonaise Kuon Tokyo revisite les esthétiques traditionnelles Boro et Sashiko. Casquettes, blazer,  kimono, sacs et pochettes sont assemblés dans des morceaux de tissus indigo.

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