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Le biomimétisme, quand la mode s’inspire du Vivant

‌La vie sur Terre mène sa Recherche & Développement depuis 3,8 milliards d’années, et se perfectionne grâce aux mécanismes d’évolution et de sélection naturelle. L’Homme quant à lui, compte 200 ans d’ère industrielle. Le Vivant compose avec les ‌ressources, l’énergie,‌ ‌et‌ ‌la‌ ‌matière‌ ‌disponible‌ ‌sur‌ ‌la‌ ‌surface‌ ‌de‌ ‌la‌ ‌Terre là où l’industrie‌ ‌fait appel à des ‌traitements‌ ‌thermiques,‌ ‌mécaniques,‌ ‌chimiques, des ‌matières‌ ‌premières‌ ‌rares, de l’énergie‌ ‌fossile,‌ ‌nucléaire…. Face à un système qui présente des limites, le biomimétisme apparaît alors comme une marche à suivre.

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Le biomimétisme, du grec bio, « vie » et mimesis, « imitation », est une démarche visant à étudier la nature pour s’en inspirer et développer des matériaux plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine. Elle n’est pas une science mais plutôt une philosophie, un état d’esprit et ne date pas d’hier. Il ne s’agit pas seulement de s’inspirer et reproduire ce que la Nature fait avec brio mais de le faire sans exploiter les ressources et en symbiose avec les écosystèmes. Cette approche peut bouleverser bon nombre de secteurs, de la médecine, à l’architecture en passant par le textile… Pour son design ou ses propriétés techniques, de la combinaison de surf inspirée de la peau de requin au tissu déperlant inspiré de la feuille de Lotus… La Nature est notre mentor.

Va prendre tes leçons de la nature, c’est là qu’est notre futur…

Léonard de Vinci (1452-1519)

 

Pourquoi ce regain d’intérêt soudain pour le biomimétisme ?

La transition écologique et climatique est une priorité. Au même titre que nous devons changer nos modes de consommation, nos comportements, nous devons modifier notre manière de produire. Ces dernières années, le progrès technique concernant nos connaissances en biologie et microscopie s’est étendu. Une manufacture industrielle bio inspirée semble davantage possible. Comme souvent quand on parle d’écologie, il s’agit de bon sens.

  • Les organismes vivants utilisent les ressources et la matière disponible sur la surface de la Terre, là où actuellement la majorité des corps industriels emploie des matières premières rares et difficiles à extraire.
  • Le vivant a la faculté de produire dans des conditions douces à température et pression ambiante, à l’aide d’énergie solaire, de points de fusion naturelle, de transformation carbone sous l’effet de la pression et de hautes températures (lien diamant article courbet)… Nous avons recours à des des traitements thermiques, mécaniques, et chimiques industriels requérant des énergies fossiles et nucléaires .
  • Le vivant crée des matériaux inscrits dans un cycle de vie, naturellement recyclables. Nous poursuivons depuis 200 ans un modèle linéaire de production / consommation / destruction majoritaire.

Des textiles bio-inspirés

Apparence optique, résistance mécanique, perméabilité, régulation thermique, adhésion, recyclabilité… Les fonctionnalités des matériaux issus du Vivant sont multiples. Une mine d’or pour l’industrie textile aussi bien pour la mode, que l’univers du sport.

 

La Nature inspire par son design

Quelques grands couturiers ont fait de la Nature leur muse.

 

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© Alexander McQueen Printemps/Été 2010, Dazed Digital
 


Les reptiles fascinent chez Alexander McQueen lors de la collection Printemps/Été 2010.

 

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© Iris Van Printemps/Été 2018, Yannis Vlamos
 

 

Matières innovantes, impression 3D, découpe laser, Iris Van Herpen utilise la technologie pour rendre hommage à la Nature. Perchés sur des chaussures surélevées, les mannequins survolent le podium dans leurs robes oiseaux.

 

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© MAXXIJ Printemps/Eté 2019

Ailes, carapaces… L’iridescence adoptée par les organismes vivants  pour se fondre dans l’environnement est déclinée dans les défilés. Chez MAXXIJ, on retrouve des looks aux teintes et reflets éclatants…

 

 

La Nature inspire par sa technicité

La feuille de lotus par exemple, à la  surface hydrophobe (n’aimant pas l’eau) a inspiré les finitions textiles déperlantes. Ses picots rapprochés empêchent l’eau de circuler et  de se répandre, elle ruisselle sous forme de goutte, comme sur nos impers !

La  toile d’araignée est une des structures les plus solides de la nature. La concurrence est rude, Bolt Threads en Amérique, AMSilk en Allemagne ainsi que Spiber au japon se disputent le marché de la soie d’araignée, avec pour ambition de révolutionner le secteur.

La fleur‌ ‌de‌ ‌bardane a inspiré le‌ ‌Velcro‌, équivalent du “scratch”‏. Les‌ ‌graines‌ ‌pour‌ ‌se‌ ‌déplacer‌ ‌ont‌ ‌développé‌ ‌des‌ ‌crochets‌ ‌pour s’accrocher à ce qui les frôle. ‌Le Velcro est muni de crochets qui ne se cassent pas, de quoi scratcher et déscratcher à l’infini.

L’hydrodynamisme de la peau de requin a influencé le design de tenues de plongée.

 

La Nature maîtrise son impact environnemental

Le champignon, détourné de sa fonction permet la création de textiles et d’alternatives végétales au cuir chez Suzanne Lee et Mycoworks. Les bactéries sont exploitées par des procédés de fermentation pour la biodynamie ou les teintures.

 

veste-champignon
© Biocouture, Suzanne Lee
 


Nombreux sont les exemples de procédés biomimétiques dont l’impact environnemental est moindre car ils requièrent des biomatériaux ou font appel à la biotechnologie naturelle et s’inscrivent dans une dynamique circulaire car ils sont responsables et souvent biodégradables.

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