Pili fabrique des colorants à partir de micro-organismes vivants
Rédigé par Victoire Satto
Le 25 sept. 2020
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Les matières, on en cause. Lin, laine, chanvre, fibre de lait… On vous fait régulièrement (re-)découvrir des fibres mais on parle rarement de celles qui donnent leurs couleurs aux vêtements : les teintures. À l’heure actuelle, 99,9% des colorants utilisés en teinture sont d’origine pétrochimique. Une fois cette info posée, on a deux choix : se lamenter ou se dépasser pour innover à faire mieux. On vous le donne en mille, on a choisi la deuxième option, tout comme Pili, 1er fabricant de colorants à partir du vivant… À application industrielle !
Le problème avec les teintures chimiques… et végétales !
99,9% des colorants utilisés en teinture sont d’origine pétrochimique, transformées à l’aide de solvants et de grandes quantités d’eau et cela n’épargne pas le secteur textile.
Les alternatives végétales existent mais requièrent de grands espaces et d’importantes quantité d’eau pour les cultures. Par ailleurs ces procédés de transformation naturels sont artisanaux (comme le travail de l’indigo), et nécessairement coûteux du fait du temps humain et du savoir-faire requis. Ils ont un faible rendement qui ne suit pas la demande à une échelle industrielle (= celle qui produit 99,999% de nos vêtements).
À titre d’exemple mentionné par Pili, l’indigotier, plante qui produit la couleur des jeans, présente un rendement de l’ordre de 50 kg/ha/an. La demande mondiale annuelle dépassant les 80 000 tonnes, il faudrait recouvrir intégralement l’Allemagne par sa culture pour y pourvoir ! Une culture qui n’est pas indemne de pesticides… Pas besoin de vous faire un dessin.
(RE-)LIRE NOTRE ARTICLE SUR L’IMPACT DU DENIM
Des pigments alternatifs bio-synthétiques et écologiques
Pili est une start’up qui travaille depuis 2014 au développement de pigments multi-couleurs biosynthétisés par des bactéries :
- Le procédé est celui de la fermentation : au même titre que les brasseurs de bière, Pili fait fermenter des micro-organismes dans une cuve. Des bactéries dégradent de la biomasse (= mangent de l’orge, du sucre…) et produisent ainsi des molécules au fort pouvoir de coloration. Le liquide aqueux recueilli par le fermenteur est alors traité pour en extraire ces molécules et conditionné en poudre ou pâte colorante.
La fermentation ne requiert pas de solvants nocifs ni hautes températures. Une fois synthétisés, les pigments sont filtrés, ce qui permet de réemployer les micro-organismes. - Les bactéries, c’est pas dégueu : il n’y en a plus dans le pigment, encore moins sur les vêtements (indépendamment de celles qui composent la flore saprophyte* naturellement présente sur votre épiderme. Up to your daily routine !). Les tests de conformité qui composent la règlementation REACH garantissent la sécurité des procédés et des produits développés chez PILI.
Les micro-organismes sont non-pathogènes (ils ne peuvent pas pouvoir de maladies, il existe pleeeeeiiiin de saines bactéries, demandez aux fabricants des yaourts-qui-font-du-bien-à-l’intérieur-et-ça-se-voit…) et non-nocifs pour l’environnement.
La chimie verte haute en couleurs
Outre son éco-conception, ce qui donne à Pili un air de révolution, c’est la gamme de couleurs possibles et une production capable de satisfaire des volumes industriels.
La team a compris que l’industrie pouvait rapidement procéder à un changement considérable en abandonnant les teintures chimiques, sans ôter restreindre la joie ou le potentiel créatif des couleurs. Au delà du vivre ensemble, êtes-vous prêts à vous vêtir de votre éco-système ?
*Si on m’avait dit qu’un jour je placerais ce mot là
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