La soie d’araignée, innovation textile biodégradable et sans cruauté animale
Rédigé par Marion Jourdan
Le 22 oct. 2020
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La soie traditionnelle implique souvent la mort des vers à soie. Des chercheurs se sont penchés sur la question pour trouver une alternative sans cruauté animale. Ils ont trouvé comme substitut… la soie d’araignée. Grande première dans le règne animal, cette fois ce sont les araignées qui viennent au secours des vers à soie ! C’est en répliquant en laboratoire le processus de fabrication de ces arachnides qu’ils ont développé de la soie d’araignée. Stella McCartney, The North Face et d’autres marques de mode s’y sont essayés mais les prix sont encore très élevés et l’innovation mérite d’être peaufinée.
Pourquoi des araignées ? De la soie des vers à la toile d’araignées
Afin de trouver une alternative naturelle et sans cruauté animale à la soie des vers, une équipe de chercheurs s’est penchée pour trouver un textile aux propriétés techniques et esthétiques similaires. Dans la famille des insectes à soie, on a nommé l’araignée. La toile d’araignée est une des structures les plus solides de la Nature. Les fils de soie sont d’une solidité et d’une élasticité incroyables : la soie d’araignée est 30 fois plus résistante que l’acier.
Mère Nature a cependant dressé quelques obstacles devant sa belle invention. Les araignées ne s’apprivoisent pas facilement, rendant l’exploitation à grande échelle (industrielle) compliquée. L’ingénieux être humain s’est imprégné du biomimétisme, c’est une démarche d’innovation durable qui transfère et adapte à l’espèce humaine les solutions déjà élaborées par la Nature.

Pour répliquer la soie d’araignée en laboratoire, 3 étapes :
1 – Les bactéries génétiquement modifiées produisent des protéines de soie
2 – Les protéines de soie sont filées pour former une fibre
3 – Les fibres sont tissées pour créer un tissu
Les propriétés de la soie d’araignée
Avantages
- Finesse
- Immense solidité
- Extrêmement légère
- Biodégradable
- Sans composant animal
Inconvénients
- Très chère produire
- Pas encore industrialisable
Un réel potentiel pour l’industrie textile… mais pas que !
Stella McCartney, pionnière de la mode éco-responsable a signé une collaboration avec le fabricant de soie d’araignée américain Bolt Threads. L’occasion de connecter les différents secteurs que sont la mode, le développement durable, et la recherche technologique pour préserver la planète !
Yuimana Kazato a sublimé la soie d’araignée développée pour sa collection couture Printemps/été 2020 à la Paris Fashion Week.

© Yuima Nakazato COSMOS SS20
La solidité, la légèreté et la durabilité de cette fibre ont suscité l’intérêt du secteur de l’outdoor. Depuis 2015, The North Face a lancé des prototypes de vestes avec son partenaire japonais, Spiber. Le dernier modèle date de décembre 2019 et s’élève à 1 410 dollars USD.

La concurrence est féroce, Bolt Threads en Amérique, AMsilk en Allemagne, Spiber au Japon se disputent le marché de la soie d’araignée, avec pour ambition de le révolutionner.
La soie d’araignée est une innovation qui mérite cependant quelques ajustements. La capacité de production est encore limitée et, de fait, le prix trop élevé pour satisfaire le plus rapidement possible les grandes marques de l’industrie de la mode et du textile.
Parce qu’il n’y a pas que la mode dans la vie… L’armée, la médecine, et la cosmétique sont également sur le coup et veulent concevoir respectivement des gilets pare-balles, bandages et pansements, implants et produits cosmétiques.
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