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Romain Costa, l’influence pour lutter aussi contre les LGBT+phobies

Romain Costa est architecte, également passionné par la mode et la photographie. Il allie brillamment les 3 à travers un compte Instagram aujourd’hui suivi par 127 000 personnes. Si Instagram excelle dans l’art de nous présenter des vies idéales, c’est aussi une plateforme sur laquelle la haine homophobe est sans filtre et la violence, directe ou insidieuse, quotidienne. Romain a décidé d’utiliser son influence pour fédérer dans l’intelligence. L’influence peut servir à délivrer des messages positifs qui n’ont rien à vendre, éduquer à la tolérance, générer une émotion qui nous rappelle notre humanité. Tous différents, et tous égaux. Parce qu’il vieux vaut être clivant que risquer de passer à côté de soi…

J’suis une fleur qui se bat entre deux pierres
J’ai un cœur niqué par les bonnes manières

Hoshi – Amour Censure


Romain est en école d’architecture quand il devient influenceur malgré lui, un terme qu’il n’aime pas particulièrement d’ailleurs. Pour lui, son compte est la réunion d’une grande bande de potes avec laquelle il partage ses inspirations et sa sensibilité, la culture qui fait son quotidien. Son quotidien, il le vit avec un garçon. Pour certains c’est un non lieu, pour d’autres, c’est dérangeant, ou anormal, d’autres penseront qu’il est courageux de l’assumer devant 127 000 personnes.
C’est peut être ça qui résume aujourd’hui l’homosexualité dans les médias : très peu la vivent mais tout le monde a un avis sur la question. Romain lutte activement et avec bienveillance contre les phobies envers les communautés LGBTs, pour que le terme « gay » ne résume pas son identité, pour que personne n’ait à souffrir de ce qu’il n’a pas décidé d’être : attiré par quelqu’un du même sexe.  Avec pédagogie, il explique pourquoi c’est difficile d’avoir à être « accepté » par ceux qu’on aime quand on fait son coming out, pourquoi dire « tapette ou pédé », même quand on rigole, c’est blesser un peu plus chaque fois. Il essaie d’être le repère dont lui même a manqué : un homme normal, loin des clichés de La cage aux folles. On a voulu donner la parole à Romain parce qu’on est convaincu·es du bien fondé de son influence, responsable et qui prône l’inclusivité.

 

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Une éducation

Romain a 30 ans et est issu du Nord de la France, il a suivi des études d’Architecture à Bruxelles en Belgique puis fondé Costa-Bonnamour avec Evane Bonnamour. Ensemble ils conçoivent des projets d’architecture, de décoration d’intérieur et travaillent également avec le collectif d’architectes Septem. Romain a grandi à Lille, dans un milieu bourgeois qui est important pour expliquer son parcours. Il exerce aujourd’hui deux métiers : architecte et personnalité d’influence qui prend des photographies. Il se différencie d’un photographe car il n’en a pas la technique, il voit le monde avec l’œil d’un architecte, différemment. Il a toujours voulu exercer ce métier, son père a fait les Beaux-Arts et lui a transmis la passion du dessin, des belles choses et de la photographie très jeune.
Malgré lui, il est devenu influent sur Instagram. Il démarre en 2013 aux débuts de la plateforme, délaissant Facebook, trop intrusif. Il partage alors des images avec des inconnus qui ont aussi envie de découvrir qui prend les photos, alors il se shoote de temps en temps avec un look. Un jour surréaliste, son compte explose. Instagram le feature dans les comptes à suivre lorsqu’on s’inscrit sur la plateforme. Il passe de quelques milliers à 40 000 abonnés. Il est amusé sans savoir qu’il va en faire quelque chose.

 

Instagram success story

Il est alors repéré par un agent agent d’influencer qui le met en relation avec une première marque et réalise ainsi son premier contrat, circonspect en voyant qu’il se tue à la tâche dans ses études et son job étudiant tandis qu’il peu gagner de l’argent avec une photo sur Instagram. Il s’installe à Paris et reçoit deux semaines plus tard un message de l’Élysée Arrivée qui l’invite à venir prendre des photos pour mettre en avant le bâtiment dans le cadre des journées du patrimoine.
Beaucoup ont théorisé sur la relation entre mode et l’architecture, la façade et le tissu. Étant ses passions, il s’épanouit très vite en communiquant à ces sujets. Romain prend la mesure de la croissance de son compte mais pas de son « influence », il considère que les gens suivent sciemment ses contenus partagés comme avec une bande de potes qui recevraient des conseils sur des expos ou des sapes, il ne souhaite pousser à la consommation ou à l’achat.

 

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Quand une marque me contacte, je leur dire immédiatement que si leur objectif est d’être en rupture de stock, il s’adressent à la mauvaise personne. 

L’homosexualité en place publique

La marque doit obligatoirement être en accord avec le fait qu’il vive avec un homme. À cette interrogation, il décrit plusieurs façons que les marques ont de répondre, plus ou moins délicates…

  • Indirecte : brutale et violente
  • Directe : via un email qui se veut bienveillant mais déplacé, tel que « nous souhaitons une personne virile avec des valeurs familiales fortes ».

Il tente alors d’expliquer avec pédagogie ce pourquoi c’est blessant. Il existe selon lui 3 types de personnes homophobes :

  • Le petit con : la personne qui ne savait pas mais réalise son erreur quand on la lui explique, redoublera d’attention
  • Le moyen con : dubitatif mais d’accord sur le fait que ses paroles soient déplacées
  • Le gros con : qui ne se remet pas en question et ne changera pas

 

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Quels repères pour un enfant et un ado homosexuel ?

Romain ne s’est jamais posé la question de son homosexualité, mais très jeune on a orienté le fait qu’il fallait qu’il aime une fille. Lui savait qu’il aimait les garçons mais ne s’octroyait pas le droit de le dire, il fallait le garder ça pour soi dans un milieu bourgeois et catholique où « on accepte tout le monde on aime son prochain » mais pas lui. Il a donc été en couple avec des filles jusqu’à 20 ans. Socialement amoureux de filles, il commence pourtant à souffrir de l’homophobie à partir de la primaire, on le traite de « tapette » dans la cour de récré, de « pédé ».
Il est avec des enfants bien éduqués sur la violence physique mais pas celle des mots. Le collège et lycée sont les points culminants de l’homophobie et de la violence. Pas de répit à l’école ou chez lui, pas de zone de repli.
Il fuit à Bruxelles pour ses études et se protéger; recommencer autre part quelque chose, loin de la violence physique et morale. Sa bulle, ce sont ces études d’architecture en Belgique. La première année il n’assume pas d’être homosexuel. Entre sa 1ère et 2ème année l’été, il bouillonne. Il rencontre ce qu’il croit être une « amourette de vacances » mais elle dure. L’effet cocotte minute est sans appel : prêt à exploser, il a besoin que tout le monde le sache.

 

Le coming out de Romain Costa

Les réactions de ses proches sont diverses mais plutôt bienveillantes, persiste cependant toujours la sensation d’avoir a être « validé », « accepté ». Ces parents lui disent la même chose : « on pensait que tu avais le SIDA ». Cette phrase est terrible à entendre, il le réalise à postériori. Comme si ses parents avaient senti que d’une part quelque chose clochait, que d’autre part l’homosexualité est directement associée à la maladie, une condamnation alors que lui le vit comme une libération.
Enfant Romain n’a aucun modèle de couple homosexuel femmes ou hommes. Il voit pour la première fois au lycée le film de Christophe Honoré, Les chansons d’amour, qui le chamboule, première fois où il peut s’identifier à des personnages. Le désir est là, irrépressible : sexuel, émotif, de vivre une histoire d’amour avec un garçon.
Enfant il voulait jouer aux Barbies, s’habiller en princesses, cela ne posait pas trop de problème à la maison, ma condition d’homosexuel arrive en dehors de chez lui.

 

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Je ne me sens pas homo, mais tous les jours on me rappelle.

Après le coming out, le stand out

Romain prend la parole au risque de devenir une cible, parce qu’il aimé avoir ces repères, Les chansons d’amour plus que La cage aux folles. Dans la société, tout le monde doit pouvoir s’identifier. Quand on éduque ses enfants il faut s’efforcer de ne pas les orienter dans nos questions. : ne pas demander « Tu as un amoureux ou une amoureuse » mais »Tu es amoureux / se ? ». Apprendre la sémantique, à ne pas dire « pédé » de façon banalisée comme on ne dirait pas « black ».
Lorsqu’il a commencé sa lutte sur Instagram, il a perdu 5000 followers, en postant une photo où il embrasse son copain. Idem le our où il a posé en robe, pas pour devenir un fille mais pour apprécier l’envergure d’une robe.

Je ne sentais pas anormal, on m’a fait me sentir anormal.

À la suite de la photo de couple, la violence est trop forte : s’il se sent isolé avec une famille aimante, des amis et 126k followers, quid de ceux qui sont rejetés par leurs proches ? Il crée James Dîne avec L’association Le refuge, un dîner par mois avec des LGTB+ et des hétérosexuels, pour échanger, discuter et passer un beau moment de partage. On doit expliquer aux gens qu’on vit des situations qu’eux ne vivront jamais. Je ne peux pas aller dans certains pays, alors que l’hétérophobie n’existe pas.

Le rapport de l’application vis à vis de son compte à changé depuis qu’il est très engagé sur la cause LGBT. S’il publie beaucoup de contenu LGBT la semaine d’après beaucoup de ses followers ne voient pas ses photos. Romain considère qu’il devrait être aidé par une application quand il ne vend rien, quand ce sont des messages bienveillants. Maintenant il a un sticker sur le visage : les commentaires méchants sont fréquents, certains sont insidieux et viennent de gens éduqués dont le discours est ahurissant, certains autres influencer se rétractent car prendre position est nécessairement clivant. Mais la lutte est là, efficace de jour en jour et proche en un sens des combats féministes. Tous différents, tous égaux. Et ensemble.

 

 

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