4-hommes-debout-paris

Gaijin, un shop de seconde main dédié aux créateurs japonais

Le soleil se lève à Paris

Thomas & Chahine sont deux amis d’enfance amoureux de la mode. Par jeu et parce qu’ils n’avaient pas les moyens de s’offrir des pièces de luxe, ils sont devenus experts chineurs. Après une première vie professionnelle, ils ont ouvert Gaijin, e-shop et boutique dépôt-vente à Paris, spécialisés dans les créateur·ices japonais·es. Entre Issey Miyake et Yohji Yamamoto, on a pris un café dans ce temple du design, où le vêtement oublie son genre, où les coupes sont virtuoses et les silhouettes ont du relief.

boutique-gaijin-paris

La boutique Gaijin – 20 rue du Pont auxchoux Paris 3e

La mode & le Japon

Thomas & Chahine sont deux passionnés de tissus qui chinaient bien avant que la seconde main ne devienne hype. De petites pièces stylées, accessibles à leur porte monnaie d’ados ayant appris à dénicher des belles choses. Dans les années 2000, leur goût pour l’ancien croise les créateurs futuristes, Martin Margiela, Rei Kawakubo, à la proposition stylistique effrontée. Destroy et d’avant-garde, il existe un autre monde vestimentaire où tout est permis : les genres se confondent, l’oversize cache les corps autant qu’il en révèle subtilement les atouts, les silhouettes se jouent de reliefs, de la mode à l’architecture.
Thomas vit alors à New York, il commence à porter des jupes culottes et à “barrer son style”. A la même époque, Chahine est informaticien. Ils rêvent d’un concept store où leurs passions communes auraient leur place, entre design, vêtement et culture nippone. En 2015, ils partent au Japon et reviennent décidés à concrétiser leur ambition : un shop de seconde main spécialisé dans les créateurs japonais·es. Gaijin naît trois ans plus tard, après quelques allers-retours à l’autre bout du monde, des centaines d’heures sur les plateformes de vintage en ligne et riche d’un solide réseau de connaisseurs. 

On a une approche simple : il faut que ce soit bien fait et japonais.

Thomas & Chahine, fondateurs de Gaijin, par Moonkiid

Qu’est-ce qu’on trouve chez Gaijin ? 

Le style

Gaijin est à la fois une boutique parisienne et un e-shop dédiés à la seconde main de créateurs japonais. Thomas et Chahine sélectionnent des pièces chez des particuliers, en ligne sur des plateformes de seconde main ou au cours de leurs voyages au Japon où les boutiques vintage sont particulièrement soigneuses et renseignées. Les designers sélectionnés sont premium et luxe, souvent griffés (Issey Miyake, Yohji Yamamoto, Evisu, LIMI Feu…) mais peuvent être peu connus, tant que la pièce est de qualité et en harmonie avec l’esprit du shop.

On vend des trucs dans lesquels on croit et qu’on aime.

Du très simple à l’extravagant, l’important réside dans l’esthétique globale qui se dégage du vêtement, un juste équilibre entre la coupe, la texture, le volume. 

Les matières 

Les matières sont de nature variable, très souvent naturelles et toujours rigoureusement travaillées chez les créateurs japonais obsédés par la qualité. Issey Miyake est un visionnaire, un des premiers à avoir eu une conscience écologique affirmée dans les années 80. La ligne « plantation » était plant dye (faites de teintures naturelles NDLR), ligne A-POC (a piece-of-clothes) était développée à partir de patrons à plat (zero waste design MDLR). La seconde main est un vrai parti-pris écologique pour Gaijin. Seul impact impondérable ici : le transport des pièces, effectué par bateau depuis le Japon.

Gaijin, c’est fait pour qui ?

Les client·es sont de tout type, bien au-delà de l’idée préconçue que Thomas & Chahine en avait au départ : de 12 à 80 ans, des collectionneurs qui ont connu les designers japonais dans les années 80 aux jeunes qui découvrent des pépites. Le genre n’a pas de règle non plus, bien au contraire. Le Japon est le pays des morphologies androgynes et des dressing mixés, des coupes extra larges dans lesquelles on dissimule les corps pour mieux révéler leur anatomie avec subtilité.
Si on y connaît rien ? On est la·le bienvenu·e. Le maître mot, c’est essayer. Oser se laisser attirer par une couleur, une matière, une texture, sortir des préjugés stylistiques : “Je suis petit·e, je ne dois rien porter de volumineux parce que ça me tasse ». Rappelons-nous que les premiers à porter du volume sont précisément les asiatiques, Japon, & Corée en tête qui présentent – généralement – de modestes gabarits. Regarder, toucher, sentir et se laisser porter par les conseils des fondateurs qui n’hésiteront pas à détourner un·e client·e d’une pièce si elle n’est pas optimale. 

Il y a beaucoup de feeling.

Gaijin, qu’est-ce que ça coûte ? 

L’idée n’est pas de faire le plus de cash possible, mais de partager une passion. Le prix des pièces est calculé selon leur qualité, rareté et le temps passé à les acquérir. Leur accessibilité est le plus beau compliment qu’on puisse faire à Thomas et Chahine qui considèrent le vêtement comme vivant, à transmettre et ne surtout pas figer dans un magasin-musée.

L’épingle XXL, signature de Gaijin

Gaijin aurait pu être une marque de vêtement, les fondateurs ont fait le choix de ne pas surproduire. La seule pièce signature de la Maison, c’est une épingle à nourrice XXL. La version originale a été ramenée du Japon par Thomas, un exemplaire vintage unique et doré made in USA, utilisé dans les années 50 par l’armée pour fermer des sacs de linge et des couvertures, puis secondairement détournée par le mouvement punk. Chez Gaijin, elle devient un accessoire pour fermer la veste M65, modèle de l’armée américaine datant de la guerre du Vietnam. 

Crédits Photos Kimdary for ROLLACOASTER

Gaijin Paris

Le site

La boutique : 20 rue du Pont aux choux Paris 3e

Total
0
Shares
Laisser un commentaire
Précédent
Kernelle Paris, e-shop féminin éthique et poétique
Suivant
La mode consciente passe aussi par la compréhension des couleurs
À lire également

Become a Good One ! Abonnez-vous à nos contenus

Le média payant : accès illimité à tous les articles et OnePagers, réductions sur nos CleverBooks

Total
0
Share