L'industrie italienne du textile et de la mode rayonne à travers le monde, si l'on en croit les étiquettes des grandes maisons de luxe, ou celle du groupe Inditex. Selon l'Institut du commerce extérieur, en 2021, ce secteur représentait pas moins de 24 milliards d’euros dans la balance commerciale de l’Italie, et 11 % des exportations du pays. Tout comme la France, l'Italie est le berceau de nombreuses marques de luxe. Ces marques incarnent l'image d'un pays synonyme de créativité, d'artisanat et d'excellence dans le domaine de la mode. Cette façade cachent-elles des réalités plus complexes ? Pour lire entre les lignes des étiquettes, faisons le tour de tous les enjeux liés au Made in Italy.
A l’instar de la France, le textile et la mode sont des fers de lance de l’industrie italienne, de son image de marque, un des vecteurs principaux de la reconnaissance du Made in Italy à travers le monde. L’Italie compte sur cette industrie pour son économie. La production de textile, de vêtements et de chaussures occupe plus de 50 000 entreprises en Italie. Le réseau des fabricants italien est grand, dense, mais principalement constitué de petites entreprises. Aujourd’hui Directrice de l’école MODART International, Marie Cherifi a, dans le passé, travaillé comme cheffe de produit et responsable de production pour plusieurs grandes marques dont Galeries Lafayette ou Etam. Cette première carrière l’a amené dans les usines du monde entier, de la Chine à la Turquie en passant par l’Inde et, bien sûr, l’Italie. Elle explique : “En Italie, les usines dans la mode sont encore souvent des entreprises familiales.” Les petits ateliers représentent plus de 50 % de la production mode et luxe en Italie, une situation qui favorise la sous-traitance et qui rend les abus plus faciles et moins détectables
“Le tissu productif en Italie est très important et ne s’est pas perdu comme en France. Les usines sont modernes, propres, même belles.” Marie Cherif
Pourquoi les marques choisissent-elles de produire en Italie ?
Le Made in Italy répond bien sûr, entre autres au moins, à un enjeu d'image, rattacher à ses produits une image de savoir-faire, de qualité et de responsabilité sociale propre à la fabrication européenne, en opposition aux fabrications asiatiques ou des pays du sud. “Les usines en Italie ont la particularité d’être elles-mêmes créatives. Elles travaillent souvent directement avec les designers. Pour certaines, ce sont presque des laboratoires de R&D avec lesquels les marques peuvent tester des choses, découvrir des techniques…” raconte Marie Cherifi. Aussi bien pour les vêtements que pour les chaussures, l'Italie est réputée pour la qualité de ses fabrications que pour la qualité de ses designs, et même la qualité de ses matières. Parmi les fers de lance de la production textile italienne figure notamment la maison Manteco, reconnue pour ses laine recyclées innovantes et de haute qualité. Les marques de luxe, mais aussi certaines marques plus accessibles dont Zara, se bousculent presque pour bénéficier de ces matières haut de gamme.
Pourtant, certaines marques s’y cassent les dents. La surveillance de la chaîne d'approvisionnement en Italie demande une vigilance constante et méticuleuse. Des négligences peuvent parfois ouvrir la voie à des conditions de travail indignes, voire à du travail forcé
La mode et le textile : une industrie à deux vitesses
“Les ouvrier·es italiens sont bien formé·es. Dans l’industrie de la mode, leurs métiers sont perçus comme rares et sont plutôt valorisés” raconte Marie Cherifi. La communication des marques de luxe met en avant principalement les savoir-faire et les activités les plus prestigieuses : l'artisanat, le travail du cuir, le mesure, le design. Ces métiers existent et font, à juste titre, la renommée de l’Italie mais ils sont surreprésentés quand il s’agit de communiquer sur des savoir-faire.
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