Zoom sur un cuir ressemblant à du cuir de crocodile

Quelles sont les alternatives animales au cuir bovin de première main ?

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Si des acteurs travaillent à l’amélioration des chaînes de valeurs du cuir, la majorité de la production mondiale reste opaque, associée à la déforestation de l’Amazonie, une exploitation animale et des méthodes de tannage polluantes… Le cuir bovin de première main est ainsi soumis à controverses dans l’industrie de la mode. Mais si les réponses alternatives animales se multiplient, d’autres espèces pouvant fournir des peaux adaptées à la production de vêtements ou d’accessoires de mode, toutes ne se valent pas et soulèvent d’autres questions, notamment d’ordre éthique. Panorama des solutions les plus réputées, avec les avantages et les défis qu’elles présentent pour les marques.

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Le cuir de poisson, une aubaine en pleine expansion

Comme pour l’élevage bovin, des entreprises ont compris que la pisciculture est une opportunité de produire du cuir, en réutilisant des peaux qui seraient autrement gaspillées. C’est le cas de Nova Kaeru, fournisseur pionnier basé au Brésil. Il y a 15 ans, l’entreprise s’est lancée dans le commerce du cuir de pirarucu, poisson vieux de 160 millions d’années présent dans l’Amazone. Cet animal est l’un des mets favoris des communautés autochtones, ainsi que des habitants des zones urbaines proches de la rivière. “Grâce à notre expérience, nous avons développé différents procédés pour adapter ce cuir et sa souplesse à des produits variés. Notre tannage est 100% bio : l’eau utilisée est tellement propre qu’elle peut retourner dans l’environnement.” précise Paulo Amaury, marketing manager de Nova Kaeru. Pour préserver l’équilibre de la biodiversité, la pêche du pirarucu est contrôlée par les institutions et populations locales.

Zoom sur un cuir de poisson par Nova Kaeru

Le cuir marin a un atout majeur : sa solidité 

Le cuir de poisson -que nous appelons cuir marin- est plus fin et aussi résistant que le cuir bovin, ce qui lui donne une grande adaptabilité. Son défi principal est la taille des peaux vu la finesse des animaux, mais c’est aussi l’occasion de redoubler de créativité au niveau du design.” explique Benjamin Malatrait, cofondateur d’Ictyos. Cette tannerie source exclusivement en France des peaux de saumons, de truites ou d’esturgeons. Elle collabore avec des éleveurs mais aussi des restaurants comme Sushi Shop, pour récupérer ces ressources et les transformer en cuir précieux. Le cuir marin est donc, parfois, un coproduit de la restauration et donc un déchet à qui la mode offre une seconde vie. Aujourd’hui, Ictyos compte un millier de clients dans quarante pays et a récemment collaboré avec des marques renommées comme Alexander McQueen. Effectivement, les cuirs marins attirent l’attention des marques de luxe, qui y voient une belle alternative aux cuirs de reptiles.

Notre tannage est 100% bio : l’eau utilisée est tellement propre qu’elle peut retourner dans l’environnement. Paulo Amaury, marketing manager de Nova Kaeru.

Des entreprises comme Veja ont également eu recours au cuir de tilapia, petit poisson aux écailles cycloïdes dont la cuisine est extrêmement populaire dans plusieurs zones de l’Asie.

Chaussures en cuir de poisson Tilapia de la marque Vega

 

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Le cuir bovin circulaire

Pour les marques souhaitant garder la texture d’un cuir bovin, il existe des alternatives circulaires. L’une des plus pratiques est l’utilisation de dead stocks, car elle ne nécessite aucun procédé de revalorisation et permet de sauver de la destruction des matières premières en parfait état. Virginie Ducatillon l’a compris : après une décennie à travailler dans la maroquinerie de luxe, elle a lancé Adapta, une solution de sourcing qui récupère des cuirs inutilisés aux marques, aux usines et aux tanneries. “Le dead stock permet de vendre des cuirs 30 à 70% moins cher que leur prix originel. Ce qui fait que dans nos clients, nous avons autant des marques très établies que des artisans indépendants ou des étudiants en design.

Zoom sur un cuir de veau nacré vert anis de chez Adapta

Le recyclage nécessite un procédé plus complexe, ce qui n’a pas découragé Olivier Grammont, cofondateur de Recyc Leather. “Nous récupérons des chutes de cuir de la production de gants de jardin, qui sont en croûte de cuir, que nous réduisons en fibres et mélangeons avec de l’hévéa, un caoutchouc naturel. Ce procédé requiert 7 fois moins d’eau et nous permet d’émettre seulement 5 kilos de CO2 pour 1 mètre carré de matériau, contre 92 kilos en production de cuir classique.Cela représente malgré tout un défi, car l’hévéa peut se craqueler sur le long-terme. Recyc Leather compte y remédier avec la présentation d’un nouveau produit prometteur, au salon Première Vision en février 2024.

Zoom sur un cuir noir de Recyc Leather

En Italie, c’est l’entreprise ByPell® qui propose du cuir recyclé à partir de chutes textiles. Et si des entreprises souhaitent conserver un cuir bovin de première main, la tannerie Spoor a mis en place un  système de traçabilité pour des cuirs allemands, suédois ou norvégiens

Rouleaux de cuirs recyclés de Bypell

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Les cuirs dits “exotiques”, une alternative encore controversée

D’autres animaux comme les alligators, le galuchat ou les serpents sont exploités pour leur cuir dit “exotique”.  Cette option représente toutefois un certain risque pour les marques en matière de communication, si bien que certaines marques renommées comme Chanel et Burberry aient choisi de s’en écarter. “C’est un business model difficilement défendable : il s’agit d’élever des animaux pour leurs peaux uniquement. Les peaux exotiques ne sont pas des coproduits d’autres industries comme l’alimentaire. Il n’y aurait pas d’élevages de ces animaux si l’industrie du luxe n’utilisait pas leurs peaux.” nous confie un expert, professionnel des cuirs exotiques dans une grande maison de luxe.

Bande de cuir de serpent vert

La filière exotique n’est toutefois pas tout à fait exempt de règles

Avec environ 30 ans d’existence, la filière des cuirs exotiques est relativement récente. Nul doute que nous verrons prochainement des évolutions au sein de cette filière. “Il existe une volonté tangible de la part de l’industrie du luxe pour établir des normes de respect animal et des processus d’abattage dignes pour les cuirs exotiques. L’intégration ou l’acquisition de fermes d’élevage par ces marques de luxe représente une tentative de maîtrise de ces aspects.” comme le souligne notre expert. Dans le contexte du luxe, le risque d’acheter des produits en peau exotique issus du braconnage est limité grâce à un cadre légal strict. Le commerce des peaux exotiques est étroitement régulé par la Convention De Washington et son règlement CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Elle assure une traçabilité totale depuis le prélèvement jusqu’à la transformation. Chaque peau a un passeport unique dès qu’elle est prélevée. Tout au long de son processus de transformation, cette identité la suit et tout ceci est piloté par les autorités. C’est une filière protégée et tracée.” indique notre expert.
Face à la question éthique du cuir exotique, les marques de luxe reconnaissent la nécessité d’innover. D’importants projets d’innovation en recherche et développement visent à trouver des alternatives au cuir animal, tout en préservant la qualité tactile distinctive des cuirs exotiques. En outre, des solutions plus durables émergent, y compris des tannages moins polluants comme ceux que l’on retrouve sur les cuirs bovins. Les marques qui privilégient l’esthétique des peaux exotiques peuvent se tourner vers les tanneries italiennes Zuma et Italven Conceria, certifiées Silver du Leather Working Group. Cette certification garantit une traçabilité et offre des options de tannage sans chrome, contribuant ainsi à réduire l’impact environnemental des peaux exotiques.

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