La traçabilité est devenue un enjeu clé du secteur textile, à la croisée des exigences éthiques, réglementaires et économiques de maîtrise des chaînes de valeur. Mais dans la vaste majorité des cas, le suivi s’interrompt au moment de l’achat. Documenter l’amont, l’origine d’un produit, c’est omettre la moitié du chemin parcouru sur son cycle de vie et perdre une partie du business associé. Encore méconnue, la traçabilité post-achat devient stratégique pour la fidélisation client, les opportunités business circulaires, l’authentification ou la facilitation du recyclage. Ce champ d’identification des produits est investi par Trust-Place. Depuis 2020, la start-up française prolonge le lien entre marque, produit et client, bien au-delà de la première vente. Après Isabel Marant, Chloé ou encore Ligne Roset… voici pourquoi et comment se lancer.
Tracer la vie d’un produit après l’acte d’achat
Avant de créer la plateforme, ses fondateurs – Gaëlle Delore et Didier Mattalia – ont passé plus d’une décennie à tracer des produits de luxe via des puces NFC, depuis la matière première jusqu’à la boutique. Dior, Louis Vuitton, Céline… “Dans les années 2010, toutes les grandes maisons se sont converties à la traçabilité en amont : c’était une technologie pionnière”, rappelle Gaëlle Delore. Mais une fois le produit vendu, plus rien. L’information se perdait, la marque disparaissait derrière les distributeurs.
Ce vide, Trust-Place a choisi de le combler. Alors que le marché mondial des services après-vente est estimé à 1 000 milliards de dollars d’ici 2030[1], depuis 5 ans, la startup conçoit un certificat numérique unique, attribué à chaque produit et activable dès l’acquisition. Il accompagne le bien tout au long de sa vie – première main, revente, réparation, don… « L’idée est de relier durablement le client, le produit et la marque, même quand l’achat n’a pas lieu en direct », explique la cofondatrice. Pour l’acheteur, cela prend la forme d’un espace personnel accessible depuis son smartphone, où figurent ses certificats, les données-clés (composition, origine, fabrication), les documents (facture, guide d’entretien) et les historiques de ses produits.
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De la vente à la réparation : une expérience augmentée
Au-delà de la preuve d’authenticité, ce certificat donne accès à une gamme de services exclusifs : revente facilitée sur Vinted ou Vestiaire Collective, réseau de réparateurs agréés, ventes privées, événements, contenu personnalisé… “Trust-Place agit comme un catalyseur, simplifiant la vie du client”, résume Elly Lelloum, responsable marketing. L’objectif : faire de l’achat un point de départ, et non une fin de relation.
Use case client : Isabel Marant
“En moyenne, 60 % des clients ne sont pas connus des marques alors qu’ils achètent leurs produits et 65% des marques n’ont aucune visibilité sur leurs clients finaux après une vente indirecte[2].” Didier Mattalia, cofondateur Trust-Place
Didier Mattalia illustre : “Aujourd’hui, vous achetez un sweat Isabel Marant via les Galeries Lafayette : vous êtes client des Galeries, pas d’Isabel Marant.” Grâce à Trust-Place, l’enseigne peut désormais identifier l’acheteur réel, lui proposer une expérience personnalisée et renforcer sa fidélité. “C’est cette clé qui permet de débloquer toute la suite : protection de l’image, CRM intelligent et nouvelle expérience client.”
Chez Isabel Marant, le processus repose sur un QR code apposé sur le produit via une étiquette, qui redirige vers la fiche d’impact environnemental. À cet endroit, l’acheteur se voit proposer l’activation de son certificat. Il lui suffit de transmettre une facture, une photo du produit et quelques informations personnelles. Après validation, il reçoit un justificatif numérique crypté, hébergé sur la blockchain. Chaque événement ultérieur – revente, transfert, réparation – y est enregistré de manière infalsifiable.
L’efficacité de ce système repose sur la clarté du parcours. « L’activation ne se déclenche que si elle s’accompagne d’un message explicatif clair, simple et lisible », insistent les fondateurs, qui soulignent l’importance d’une communication pédagogique pour inciter le client à s’engager. Lorsqu’elle est bien pensée, les résultats suivent : la start-up enregistre en moyenne entre 35 et 55 % d’activations, dont 30 % émanent de clients jusqu’alors inconnus des marques.
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Luxe, premium : pour qui est la solution ?
C’est cette clé qui permet de débloquer toute la suite : protection de l’image, CRM intelligent et nouvelle expérience client.
Initialement pensée pour le luxe et le premium, la solution cible globalement tous les metteurs sur le marché proposant des produits à forte valeur d’usage : vêtements, mobilier, joaillerie… Ce qui compte, c’est la durabilité du bien et sa capacité à circuler. Plus de quarante marques utilisent déjà Trust-Place, parmi lesquelles Chloé, Ligne Roset, Plume, S.T. Dupont…
Le modèle économique repose sur un abonnement en mode SaaS, mensuel ou annuel, modulé selon le nombre de pièces certifiées. Trois plans tarifaires ont été conçus pour s’adapter à différents profils d’entreprises. L’offre de base débute à 149 € par mois.
Cette tarification accessible permet à la start-up d’accompagner également de jeunes marques engagées, pour qui la traçabilité et la relation client sont des leviers de différenciation essentiels. “Il était important pour nous de ne pas réserver notre solution aux seuls grands noms du secteur, mais de mettre également notre solution à disposition de jeunes créateurs, avec un budget adapté à leurs contraintes”, souligne Elly Lelloum.
Parmi ces marques figurent des maisons de maroquinerie responsables comme Voloir ou Fleurgrain, mais aussi des labels streetwear comme Serendipity, des enseignes spécialisées dans l’eyewear ou l’activewear telles que Dyades Paris, Hercule Studio ou Nomad Surfing. Le secteur du design est également représenté avec des studios comme Andrée Putman ou Rinku Design.
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Un levier de connaissance, de fidélisation… et d’éco-conception
Pour les marques, les bénéfices sont triples. D’abord, une meilleure connaissance client : en activant leur certificat, même les acheteurs issus de la seconde main ou de la distribution deviennent identifiables et peuvent réintégrer le CRM.
Deuxième bénéfice : la fidélisation. En enrichissant leurs bases de données et en personnalisant l’expérience post-achat, les marques consolident leur relation client. L’impact est mesurable : alors que 80% des consommateurs se déclarent plus fidèles aux marques offrant une expérience post- achat personnalisée [3], 10 à 17 % des clients identifiés via Trust-Place effectuent un nouvel achat dans l’année.
Enfin, la certification devient un outil d’éco-conception. En collectant des données sur l’usage réel et les réparations, les marques peuvent repérer les points de fragilité et adapter leurs modèles. « Si un bouton casse systématiquement au bout de deux ans, pourquoi ne pas le repenser ? », illustre Delore. Ces informations permettent aussi d’anticiper les besoins en pièces détachées, de rationaliser les stocks ou de proposer des kits de réparation.
Anticiper la réglementation à venir
La traçabilité post-achat s’inscrit dans un paysage réglementaire en pleine évolution. Le Digital Product Passport (DPP), prévu d’ici 2030 par la Commission européenne, rendra obligatoire la transparence sur l’ensemble du cycle de vie du produit, tandis qu’en France, l’affichage environnemental, aujourd’hui facultatif, pourrait devenir obligatoire en 2026.
Trust-Place, qui délivre un certificat privé et réservé à l’acheteur légitime, propose une solution complémentaire et pragmatique. Elle permet d’anticiper ces obligations tout en créant de la valeur d’usage. « Ces obligations représentent certes un coût, conclut Didier Mattalia, mais elles sont aussi une opportunité : elles permettent de structurer les données et de générer de la valeur client. »
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Sources
- [1] Allied Market Research, 2023
- [2] BCG Luxury Study, 2023
- [3] Narvar Post-Purchase Benchmark, 2023