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Une Warming Stripes Jacket pour sensibiliser au réchauffement climatique

Bon Pote & The Good Goods s’associent pour créer la Warming Stripes Jacket, un vecteur esthétique et pacifique pour sensibiliser au réchauffement climatique. De la libération du corps des femmes aux contres cultures anticonformistes, le vêtement est, de tout le temps, un outil puissant de messages à la portée socio-politique. Intégralement conçue en France, à l’aide d’un collectif d’experts, à partir de stocks dormants de tissus et d’un patronage 3D, cette veste de travail s’appuie sur la représentation symbolique du climatologue Ed Hawkins pour appeler la société civile à prendre conscience de la gravité de la situation et le corps politique à réagir.

Ce vêtement est le résultat d’un travail collaboratif réalisé en France par Victoire Satto (The Good Goods), Thomas Wagner (Bon Pote), Kim Hou et Paul Boulenger (About A Worker), Tim Rigal et Tristan Vuillet (feat.coop) et le designer Steven Passaro. Les détails de la confection sont disponibles en fin d’article.

Que sont les Climate ou Warming Stripes ?

Les “warming stripes”, ou “bandes de réchauffement” en français, sont une représentation visuelle du changement de température mesuré dans chaque pays, région ou ville au cours des plus de 100 dernières années. Conçues par le climatologue Ed Hawkins en 2018, ces bandes illustrent l’évolution des températures annuelles par rapport à la moyenne historique.

Chaque bande ou barre représente la température de ce pays, de cette région ou de cette ville, calculée en moyenne sur une année, ordonnée chronologiquement. Les bandes commencent généralement autour de l’année 1900 et se terminent en 2022. Les couleurs varient du bleu au rouge, où les tons de bleu indiquent des températures inférieures à la moyenne et les tons de rouge indiquent des températures supérieures à la moyenne. L’ensemble crée une image frappante de la tendance au réchauffement sur une période donnée, souvent depuis le début de l’ère industrielle jusqu’à l’année en cours. Le passage des bandes du bleu au rouge au cours des dernières décennies illustre l’augmentation des températures moyennes à l’échelle mondiale comme en France où le réchauffement climatique est plus marqué.

Les bandes de réchauffement climatique. Propriété intellectuelle de Ed Hawkins, National Centre for Atmospheric Science, UoR (Graphics and lead scientist). Data: Berkeley Earth, NOAA, UK Met Office, MeteoSwiss, DWD, SMHI, UoR & ZAMG

L’objectif des bandes de réchauffement est de communiquer le concept du changement climatique d’une manière simple et immédiatement compréhensible, sans l’utilisation de graphiques compliqués ou de jargon scientifique. Les “warming stripes” sont devenues un symbole puissant de la communication sur le changement climatique et sont souvent utilisées dans l’éducation, les médias et même sur des produits dérivés pour sensibiliser le public. Elles permettent notamment de lancer des conversations sur notre monde en réchauffement et sur les risques du changement climatique. 

La veste de travail a été choisie pour porter partout – des manifestations pour le climat aux plateaux TV, entre ami·e·s, en conférence – un message d’alerte et ouvrir un espace de dialogue constructif entre celles et ceux qui la verront.

La symbolique de la veste de travail

La veste de métier, ou bleu de travail, a une riche histoire profondément liée à la classe ouvrière. Ses origines remontent à la fin du XIXe siècle en France. Le « bleu », fait référence au tissu épais en coton (une armure sergé) ou en moleskine teint à l’indigo utilisé pour fabriquer les vestes. Ces vestes sont conçues pour durer dans le temps et être fonctionnelles, deux caractéristiques fondamentales qui expliquent une coupe et une construction simple et de multiples poches pour transporter des outils.
Le design était utilitaire : une coupe ample pour faciliter les mouvements, avec trois à quatre poches plaquées et généralement un devant boutonné. Le sergé de coton dans lequel elle est taillée est un tissu généralement épais et très résistant, teinté en bleu foncé pour être résistant aux taches. 

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©About A Worker

Au XIXème siècle, la veste de travail traverse l’Atlantique et devient un incontournable des vêtements de métiers américains, notamment chez les ingénieurs des chemins de fer. Elle se nomme d’ailleurs aussi Engineer’s Jacket ou Fatigue (corvée) Jacket aux Etats Unis. Au fil du temps, la veste est devenue un symbole de la classe ouvrière dans de nombreux pays.
Au milieu du XXe siècle, la veste de travail devient un vêtement mode, réinterprété par les grands créateurs en France et popularisé par la montée en puissance de l’Americana et des vêtements de travail vintage, à la fin des années 2000 et au début des années 2010. On la trouve en diverses couleurs (vert taupe, rouge brique) et matières alternatives comme le lin ou le denim, et bien sûr d’imprimés comme avec les bandes de réchauffement ici. 

Ce vêtement a été choisi pour sa portée symbolique : c’est une pièce universelle, très populaire, appréciée pour son style simple, portable par toutes et tous que l’on ait des origines workwear ou une simple appétence pour la tendance contemporaine. Elle est très robuste et donc durable dans le temps, ce qui réduit son empreinte environnementale au fil des années et des vies multiples dans un cycle circulaire. Dans une approche plus pragmatique, c’est aussi un vêtement unisexe/non genré, versatile et mi saison à porter en veste en été, en surchemise ou sur un pull en hiver. 

Redonner du pouvoir d’expression politique aux vêtements, à l’heure de l’ultra fast fashion

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©KimHou

Zara et H&M, suivis de Primark et d’autres enseignes, ont largement contribué, au cours des 20 dernières années, à l’uniformisation et à l’absence d’expression de nos silhouettes. Nous cultivons le paradoxe d’avoir des armoires qui débordent et la sensation perpétuelle de n’avoir rien à se mettre, jamais suffisamment approprié à la situation, rien qui nous satisfasse dans la manière d’habiter nos corps ou dont nos corps habitent le monde, rien qui n’exprime une quelconque identité, qu’elle soit créative ou associée à d’autres valeurs. Shein amplifie ce phénomène avec son aptitude à copier, au jour près, des silhouettes parues dans des séries qui sont des blockbusters.

À la manière d’Airbnb où les appartements mondialisés sont identiques dans leur décoration, nous devenons des images. Ces Warming Stripes Jackets ont pour vocation également de faire comprendre à tout un chacun·e que les choix que l’on fait au quotidien à travers nos actes d’achat et l’acte de se vêtir ont un sens. Ce sens peut être subi sous les affres du marketing, ou bien orienté par nos choix vers le monde que l’on veut voir advenir demain. 

Le pouvoir socio-politique du vêtement, un militantisme pacifique

Les vêtements ont un pouvoir socio-politique qui s’évanouit à l’heure des clones esthétiques d’une offre de fast fashion mondialisée. Nous avons oublié que le style offre un exercice démocratique quotidien d’expression de soi. Il peut refléter l’identité personnelle, les normes culturelles, le statut social ou encore les convictions politiques. Tout au long de l’histoire, ce que nous portons a été utilisé pour affirmer le pouvoir, défier l’autorité, s’aligner sur des mouvements et signaler la richesse ou l’affiliation à des groupes particuliers. La mode peut être un outil de protestation ou de solidarité, et les uniformes peuvent symboliser l’autorité ou le service. Les codes vestimentaires peuvent faire respecter des normes sociales ou des hiérarchies, et enfreindre ces codes peut être un acte de défi social ou politique. Ainsi, les vêtements ne sont pas seulement fonctionnels mais langage complexe qui parle de la politique de la société dans laquelle nous vivons.

Le pouvoir politique du vêtement a été abordé par divers·e·s théoricien·ne·s et sociologues à travers l’histoire : Georg Simmel au sujet de l’appartenance aux groupes sociaux, entre imitation et différenciation au sein de la société ; Roland Barthes dans “Système de la Mode”, au sujet de l’aptitude du vêtement à communiquer des messages sociaux et culturels ; Elizabeth Wilson, au sujet de l’expression des identités politiques et sexuelles ou encore Pierre Bourdieu au sujet des goûts et des habitus de classe. Le vêtement présente un pouvoir politique en tant que tel mais contribue plus largement à la structuration sociale dont il témoigne selon les époques. Aussi, devant les enjeux cruciaux du réchauffement climatiques rencontrés par l’humanité au XXIème siècle, la Warming Stripes Jacket a été pensée comme un vecteur de sensibilisation attractif pour aborder une question sociétale avec un prisme différent, à la fois artistique et très commun (dans l’acte de se vêtir), des autres actes militants. Le vêtement offre un support narratif différent et largement accessible.

Par qui, comment et où cette pièce a-t-elle été conçue ?

Ce vêtement a été imaginé et réalisé selon des valeurs en accord avec la portée symbolique du message porté : en exemplaires uniques à la demande, localement, dans le temps long, dans un grand souci de qualité et de durabilité, mettant en valeur patrimoine et savoir-faire de proximité.

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©StevenPassaro
  • Nous avons dans un premier temps contacté l’entreprise de revalorisation de stocks dormants textiles de la région Auvergne Rhône-Alpes, feat.coop, afin d’utiliser un rouleau de tissu existant et ne pas en produire. Nous sommes tombés d’accord sur un sergé de coton (un tissu de type armure épais et résistant), beige chiné, au grammage lourd afin d’obtenir un porté et un tombé structurés pour la veste. Il avait été initialement tissé par Les Tissages de Charlieu. 
  • Le désencollage a été réalisé par la société l’Ennoblissement du Val de Reins (EVR).
  • Nous avons ensuite fait appel à l’équipe About A Worker, un studio de design fondé sur la transparence et l’inclusion qui développe des outils artistiques pour réfléchir aux réalités socioprofessionnelles contemporaines  et imaginer de nouveaux systèmes de création, de production et de distribution de manière collective. AAW a réalisé le patron de la veste de métier et coordonné l’impression avec un atelier des Hauts-de-France.
  • Il a ensuite fallu réaliser l’exercice complexe d’apposer avec précision le motif sur différents pans de tissu, dans un souci de cohérence de rendu après assemblage et dans le respect du design des bandes. Un travail manuel aurait pu être envisagé mais il aurait été long fastidieux et le résultat moins certain. La modélisation 3D offre aujourd’hui la possibilité de choisir avec précision l’apposition d’un motif complexe sur chacun des pans d’un vêtement avant son assemblage. Nous nous sommes donc adressés à un expert du maniement de ces logiciels, le créateur Steven Passaro.
  • Les fichiers ont ensuite été envoyés pour impression textile à Roubaix par l’Atelier Agile.
  • La toile imprimée est revenue à Paris dans l’atelier About A Worker pour l’assemblage du vêtement.

Les coordonnées du collectif

The Good Goods EmailLinkedin

Bon Pote SiteEmailLinkedin

feat.coop SiteEmailLinkedin

Les Tissages de Charlieu SiteEmailLinkedin

Ennoblissement du Val de Reins EmailLinkedin

About A Worker SiteEmailLinkedin

Steven Passaro SiteEmailLinkedin

Atelier Agile SiteEmailLinkedin

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©About A Worker

Références

Le site des warming stripes

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Commentaires 13
  1. Outre le fait que les couleurs de la manche sont malheureusement bien trop orangées et rouge, j’aime tout dans ce projet. Bravo à toustes ❤️

    Ma question est la suivante:
    Est-il possible de se la procurer? et si oui ( 🙏), comment?

  2. Bonjour,
    Et la poche poitrine ? Au moins une… Sinon, le concept est vraiment original. Je me souviens d’une entreprise qui existe peut-être encore. Ils rachetaient les fins de bobines chez Cerruti et d’autres entreprises pour faire des costumes, des tailleurs, manteaux, etc.
    Bravo et surtout bonne continuation

  3. Chapeau. Excellente idée et réalisation.

    Même si par soucis d’adaptation, peut-être qu’il aurait plutôt fallu faire des chemisettes 😟🤔

    Je rêverais d’une personnalisation où l’acheteur pourrait indiquer sa date de naissance et un motif serait ajouté sur la bande correspondante…

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