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Marie Lopez @EnjoyPhoenix, le rôle de la méga influence dans un monde en crise

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#SmartInfluence est une série d’interviews-portraits dédiée à la nouvelle génération de personnalité d’influence, intelligente et engagée. Des femmes et des hommes aux engagements variés tels que l’écologie, la condition féminine, la voix de minorités, la revendication d’égalités sociales. Nous avons eu la chance de passer un long moment privilégié avec Marie Lopez, @enjoyphœnix. Créatrice de contenus sur internet depuis 2011 et ses 16 ans, Marie a tout connu du business de l’influence malgré son  jeune âge. Gloires et déboires, de l’hyper hype aux fragilités de la santé mentale, des contrats à 6 chiffres à la nausée de l’abondance des produits envoyés qu’une vie seule ne suffirait pas à placer. Il y a quelques années, Marie a, avant tout le monde et sans préavis, déclaré publiquement, à ses partenaires et à son agent, qu’elle refuserait désormais de travailler avec des marques non responsables. Un positionnement audacieux et vivement critiqué, avant qu’elle soit considérée comme pionnière et authentique dans cette approche. Avec Marie, on aborde la part de libération et d'alignement que ce voyage a apporté, et son corollaire : la diminution drastique des privilèges et des recettes, nécessairement associée à un engagement sincère dans une démarche décroissante. Entre injonction d’exemplarité, effort de pédagogie et gestion de l’éco-anxiété, si la route de la post-croissance n’est pas un long fleuve tranquille, le chemin de vie de Marie semble être radicalement plus riche et intéressant.

 

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La création de contenus à l’épreuve du dérèglement climatique, une interview de Marie Lopez, @EnjoyPhoenix

Qui es-tu, Marie ?

Je m’appelle Marie Lopez, j’ai 27 ans. J’ai commencé ma carrière sur Youtube à 16 ans, en 2011, en tant que créatrice de contenus beauté. A l’époque, je trouvais cela pertinent, il y avait peu d'offres à ce sujet. En grandissant, j’ai progressivement réalisé que je participais à un système hyper-consumériste qui ne rejoignait pas mes valeurs personnelles : prendre plus soin de l’environnement et comprendre à quel point ma voix avait un impact. Il y a 4 ans, j’ai fait un retournement soudain de carrière; j’ai envoyé un message à toutes les marques avec lesquelles je travaillais pour leur demander d’arrêter les envois de produits intempestifs. Je me suis tournée vers des marques durables et l’écologie, impliquant de nombreuses collatérales, dont le fait de moins gagner d’argent. J’en ai perdu beaucoup depuis, mais j’ai gagné un équilibre mental, me permettant de continuer à travailler en diffusant des messages que je pense être plus compatibles avec un monde soutenable pour les générations qui nous succèderont.   En parallèle, afin d’aider les gens à faire de meilleurs choix, j’ai ouvert deux boutiques en ligne Leaves&Cloud pour les produits du quotidiens, de beauté, bio et zéro-déchet, le tout, avec une approche sexy, désirable, ce qui selon moi manquait dans ces domaines. Dans la foulée, devant l'engouement de l’e-shop et des divers pop ups, est née Honest Mind qui met en avant des marques de mode engagées. La démarche est similaire, à ceci près qu’un travail supplémentaire est nécessaire sur le prix : comment se décompose-t-il ? Que coûte réellement un vêtement ? Pourquoi le made in France est meilleur que le made in China ? Je tente de transmettre des valeurs et des informations que nous avons perdues notamment à cause des réseaux sociaux.  

Pourquoi avoir choisi Youtube comme canal, à l’époque ? 

Les blogueuses beauté de l’époque étaient bien plus âgées que moi. C’était un contenu que je ne consommais pas et ne maîtrisais pas. La vidéo était développée aux USA, je trouvais Youtube très chouette comme plateforme. Filmer et faire des photos était déjà dans mon ADN. Je pensais naïvement que personne ne verrait ces contenus. J’ai ensuite connu l’expansion massive du support. Youtube s’est développé en même temps que nous, nous l’avons construit d’une certaine manière, tout comme nous devons accompagner le changement de la plateforme et le développement d’autres aujourd'hui. C’est à nous de comprendre où sont les gens, comment leur adresser des messages efficaces. En 2014, l'avènement de Youtube, nous savions que nous étions les cobayes d’une nouvelle génération. Si la plateforme s’effondre, nous nous effondrons avec elle. Se diversifier et faire évoluer son propos est capital. Selon moi, il faut réussir à adapter ce qu’on aime et ce qu’on fait à d’autres plateformes.

As-tu fait ce mouvement pour  rester authentique ? Comment as-tu utilisé Youtube puis su évoluer sur d'auteurs supports en engageant ton audience avec de nouveaux messages ? 

En 10 ans, évidemment on change. J’ai tenté de rester authentique au maximum, mais ce n’est pas nécessairement ce qui fonctionne. Je l’ai appris à mes dépens et observe aujourd’hui que la plupart des créateur·ice·s ne le sont pas. Ce qui marche, c’est la fake natural. C’est un fait : quand on touche trop haut la célébrité, par souci d’authenticité, certain·e·s créateur·ice·s on feignent d'être accessibles, ce qu’iels qui n’est pas du tout le cas dans le réel. Je comprends qu’il faille se protéger. Il m’est arrivé à 18 ans de me faire reconnaître, sauter dessus et arracher mes vêtements. Mais je n’ai jamais prétendu être quelqu’un d’autre pour m’accorder du crédit : prendre le métro pour faire semblant d'être une fille du peuple, c’est prendre les gens pour des cons / c’est malhonnête.  Heureusement, ce type d’agression n’arriverait jamais aujourd'hui. Je me fais reconnaître mais les gens ont une distance, une bienveillance probablement liée à l’âge. Lorsque j’ai annoncé arrêter les partenariats avec des marques non engagées, une grande partie de mon audience m’a d’abord lâchée. Celle qui est restée a grandi avec moi, a redoublé de messages et de soutien pour cette cause.  

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