Tournesol transforme les déchets de l’industrie du BTP en meubles et mobilier upcyclés

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A l’image de l’industrie de la mode, l’ameublement est devenu en 3 décennies un marché de consommation de masse standardisé, bas de gamme et produit à l’autre bout du monde. Bien loin des armoires en chêne de nos grands-parents qui se transmettaient de génération en génération, nos meubles sont dorénavant aussi pris dans la spirale du remplacement régulier au fil des tendances ou de l’obsolescence programmée. De nouveaux fabricants consciencieux bousculent le marché, en plaçant le recyclage, la production locale et une composition simple au cœur de leurs projets.  Parmi les premiers de la classe en la matière, on retrouve le bureau d’architectes toulousains et fabricant de mobilier minimalistes upcyclé, Tournesol. Zoom sur cette marque pleine d’ambitions et de bonnes intentions.  



Pollution intérieure : chez soi n’est pas forcément plus sain

L’INSEE le rapporte :  la pandémie et les confinements successifs ont joué en la faveur du marché de l’ameublement qui a conclu l’année 2021 avec 14 milliards € de chiffre d’affaires, un record [réf]. Nombre d’entre nous avons découvert qu’investir son intérieur permettait de s’y sentir mieux… et d’en faire part au monde, comme en témoignent les 20 millions de posts Instagram sous le hashtag #designinterior. Mais investir n’est pas forcément acheter plus, ni acheter neuf.

On peut investir du temps, des recherches et des efforts créatifs pour transformer l’existant, ce qui est bénéfique pour la santé mentale (un article à découvrir dans la Bible de la Réparation) mais aussi pour la santé de nos intérieurs. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’air le plus pollué ne vient pas nécessairement de l’extérieur. Bien qu’ils soient rassurants, nos foyers sont remplis de meubles, peintures ou encore produits d’entretien responsables d’une forte concentration de polluants volatils. Le taux de pollution de l’air au sein des foyers français serait en moyenne 5 à 10 fois supérieur à l’air extérieur.

On incrimine principalement les COV (Composants Organiques Volatils), déjà pointés du doigt par l’ANSE en 2015, qui avait recensé 661 substances potentiellement toxiques, notamment dans les meubles, en particulier lorsqu’ils sont neufs. L’organisme a fini par proposer d’interdire progressivement plusieurs de ces substances (lien article) et de mettre en place un système d’étiquetage à l’intention des consommateur·ice·s sur la présence de ces derniers.

Le site Maison Tournesol

Un risque sanitaire reconnu depuis 2004

Problème, les fabricants de meubles grand public ont du mal à se séparer de ces substances qui permettent une fabrication à bas coûts, et nous consommateur·ice·s avons été un peu trop habitués au mobilier bon marché. Parmi ces substances, le formaldéhyde retient grandement notre attention car il est un des composants chimiques thermocollants les plus courants dans la confection de plaques de bois contreplaqué. Or, dès 2004, le Centre International de Recherche contre le Cancer le classait parmi les substances cancérigènes.

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Une frénésie de renouvellement comparable à la fast fashion

Le secteur de l’ameublement ressemble davantage à la fast fashion qu’on ne le pense. En effet, comme de grands noms de la “mode éphémère”, les fabricants de meubles n’ont de cesse de renouveler leurs collections pour répondre aux dernières tendances. Cette profusion d’objet mise plus sur la quantité que la qualité, rendant ainsi le mobilier de nos foyers de plus en plus abordable. Révère de la médaille d’une production qui est possible à bas coût : une réduction considérable de la durée de vie de nos meubles.

La déforestation massive liée à l’exploitation des matières premières

La France possède l’un des plus grands parcs forestiers en Europe, mais la plupart des meubles en bois vendus dans l’hexagone sont issus de forêts localisées en Eurasie et aux États-Unis . Par ailleurs, un problème de transparence et de traçabilité  est constaté chez la plupart des grands distributeurs. Plusieurs grands noms de l’ameublement ont déjà été mis en cause pour des soupçons d’approvisionnement illégal en bois. Parmi les scandales, on peut citer celui relaté par l’organisation environnementale Earthsight en juillet 2021, dans un rapport révélant la possible utilisation par le  fabricant IKEA de bois obtenu via un sous-traitant accusé de l’abattage prohibé de  plus que 4 millions d’arbres en 10 ans, dans les forêts sibériennes. 

Tournesol, la marque toulousaine de meubles upcyclés

Pour inverser la tendance des fabricants comme la marque toulousaine, Tournesol, a décidé de planter leur graine sur le marché de l’ameublement. Ce cabinet de designer fondé dans la ville rose endosse un rôle de premier de la classe lorsqu’il s’agit de concevoir des meubles solides, durables, modulables et surtout upcyclés. Dès leur début, il remporte un vif succès dans leur campagne Ulule et le financement de leur collection Zéro

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Du mobilier upcyclé à partir de déchets de chantier

Un sourcing et une fabrication dans un rayon de 50km

Tournesol est un atelier d’architecture et de design fondé en 2015, à Toulouse, qui réemploi de matériaux existants, en favorisant l’économie circulaire dans la confection de mobiliers. Le cabinet participe à la conception de bâtiments, d’espaces et d’objets, en utilisant des matériaux inutilisés, comme les surplus de chantier, ou encore des stocks dormants de l’industrie.

La marque s’est lancée avec une première campagne Ulule réussie haut la main, avec leur gamme nommée Zéro, proposant un mobilier intégralement conçu à partir de chutes industrielles (fer à béton, ou encore plaques d’aluminium), grâce au réseau professionnel de l’atelier. De la conception à la récupération, en passant par la fabrication, l’intégralité du processus se fait à l’échelle locale dans les environs de la ville rose, pour favoriser l’insertion sociale et réduire au maximum l’empreinte carbone.

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Des meubles évolutifs et modulables

Le processus d’upcycling doit composer avec l’existant, il est donc rempli de contraintes car impossible de designer une pièce sur mesure et les quantités sont nécessairement limitées par les stocks. Il faut ainsi en permanence réinventer ! Cependant, pour les créatifs et les amateur·ice·s de Kapla®, Lego® ou autre jeu de construction équivalent, cela devient un jeu. Ce sont par ailleurs des meubles conçus par Tournesol pour évoluer et grandir. En effet, fonctionnant sur le principe de clips et de plaques d’aluminium composite, sans clous, ni vis, il est facile d’y ajouter un nouveau module pour un nouvel usage ou un changement esthétique/de volume. On résout ainsi aussi le problème de l’obsolescence psychologique de l’objet, qui nous aurait poussé·e·s à acheter de nouveau.

Le site Tournesol

La gamme zéro

Les meubles Tournesol sont presque aussi simples à installer que le mobilier dans nos sessions des Sims. Leur légèreté permet de réduire l’empreinte carbone liée au transport des livraisons ou des déménagements successifs des acquéreurs. Vous achetez plus grand ? Vous pouvez commencer par un meuble en taille S, mais rien ne vous empêche d’y ajouter dans quelques mois ou quelques années un autre module. La table chevet de votre premier studio sera peut-être votre bibliothèque dans 3 ans ! La gamme zéro est disponible en 5 tailles différentes, de S à XXL. Totalement modulable, on peut composer selon ses envies de tailles, formes ou encore largeurs.

Pour commencer cette nouvelle année, le fabricant sudiste lance sa toute dernière collection intitulée MONO, dans leurs nouveaux ateliers. Encore une fois, les designers occitans conçoivent ces meubles grâce aux déchets de BTP et toujours dans la prise en comptes des dispositions émises par la loi AGEC et les nouvelles exigences des particulier·ère·s et professionnel·le·s. Comme son nom l’indique, ces meubles upcyclés sont conçus cette fois-ci dans une teinte monochrome qui accentue encore plus leur intemporalité.

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