ONWARD FASHION, le podcast des solutions business pour une mode durable, reçoit Timothée Parrique, Docteur en économie, pour comprendre la théorie de la décroissance et comment envisager l’appliquer à l’industrie de la mode.
Timothée Parrique, comment appliquer la décroissance à l’industrie de la mode ?
L’hypercroissance, c’est ce vers quoi l’on tend.
La croissance verte ou le découplage, c’est la formule qu’on aimerait appliquer à nos habitudes pour ne rien changer sauf notre empreinte sur le climat (spoiler, ça ne marche pas).
La décroissance ou post-croissance, c’est la voie théorique qu’il faudrait prendre maintenant dans un virage en épingle pour éviter le mur qui nous attend et vers lequel on semble aller consensuellement. Elle consiste à ralentir et, sans rebrousser la route du progrès, emprunter des chemins de traverses au décor aguicheur : de sentiers où l’on travaille un peu et l’on vit beaucoup, où l’on partage le gâteaux des richesses équitablement entre la société civile et les attributs de la chose commune (la république), comme l’accès aux soins, l’éducation, les transports et la culture ; où les écarts de richesses sont gommés en même temps que les sursauts catastrophiques du climat ; où l’on n’a pas peur que ses enfants soient “born in whatmille PPM” et de ce qu’il adviendra de la démocratie quand ils et elles auront l’âge de s’en soucier.
Vous aussi, on imagine que ça vous fait rêver. Seulement voilà, on a un problème : on ne sait pas comment y aller. La route n’est indiquée nulle part et on avance à tâtons dans notre quête intersectionnelle, faite de plus de justice sociale, d’homéostasie du Vivant et de bien être mental, tout simplement. On passe nos journées à chercher des solutions qui ne soient ni des leurres ni pétries d’effets rebond pour guider des client·e·s, volontaires, mais pas beaucoup plus avancé·e·s dans un quotidien de de buzzwords et d’éco-anxiété.
En 1927, Francis Scott Fitzgerald écrivait dans une lettre “Dans la nuit noire de l’âme, il est toujours trois heures du matin. Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu’enferme un Homme dans les illusions de son cœur.” La décroissance pour nous, c’est un peu ça : entre les méga incendies et le permafrost qui s’éfrite, notre cerveau sait par cœur que c’est pour l’instant une illusion. Alors dans la nuit, on cherche au loin un phare ou la lueur amie d’un chercheur éclairé. L’un d’entre eux s’appelle Timothée Parrique. Docteur en économie, il est l’auteur du best seller “Ralentir ou périr – L’économie de la décroissance”, extension vulgarisée d’une thèse primée qui chahute. S’il s’appuie sur des chiffres, on le dirait tout aussi philosophe, présentant un travail hybride, à la fois très pragmatique et imagé par des exemples concrets, et interrogeant profondément notre humanité et ce qu’il reste de nos imaginaires cabossés par le réel.
Bien qu’ayant enregistré en pleine journée, vous constaterez dans cet épisode que l’on navigue à vue, la pensée laborieuse et le propos confus, un peu par la fatigue, beaucoup par conflit intellectuel, convaincu de la destination mais largué dans l’itinéraire. On en retient une lueur éternelle : l’insatiable envie d’apprendre et de partager, en tendant notre micro aux sachant·e·s qui ouvrent cependant perpétuellement une voie : celle du possible et du différemment. En attendant que la structuration d’un modèle de croissance divergente, maîtrisée, homéostatique fasse son chemin dans nos pensées, on fait place à Timothée Parrique.
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