Qu’est-ce que la pollution du dernier kilomètre et comment la réduire ?
Rédigé par Victoire Satto
Le 07 févr. 2023
Minutesde lecture
Les livraisons à domicile ont explosé et sont exponentielles depuis la pandémie, et avec elles, “la pollution du dernier kilomètre”. Elle désigne les émissions de gaz à effet de serre et la contamination environnementale générée par les véhicules individuels, au moment de la livraison de biens et de services à leur destination finale. Elle est encore sous-estimée, ainsi que ses conséquences sur le Vivant, pourtant en constante augmentation. Comment l’évaluer et la réduire ?
Qu’est-ce que la pollution du dernier kilomètre ?
La pollution du dernier kilomètre désigne les émissions de gaz à effet de serre et la contamination environnementale générée par les véhicules individuels au moment de la livraison de biens et de services à leur destination finale. Cela inclut les déplacements en voiture, en camion et en moto pour livrer des produits ou effectuer des services, majoritairement individuels (chez soi, au bureau). Elle présente un impact significatif sur la qualité de l’air et la santé publique, en particulier dans les zones urbaines densément peuplées.
Est-elle évaluée et en quoi est-elle problématique ?
Selon le Forum économique mondial, d’ici 2030, nous devons nous attendre à une augmentation de 36 % des flottes de livraison dans 100 grandes villes du monde, ce qui entraînera une augmentation de 30 % des émissions de carbone.
L’augmentation de la congestion et des émissions liées à la livraison du commerce électronique exerce aussi une pression sur les modèles de trafic urbain non soutenables, cette pression ne fera qu’augmenter avec la demande. Aux Etats-Unis, Amazon livre déjà près des trois quarts des clients dans les 24 heures… En Chine, la livraison le jour même et la livraison instantanée représentent plus de 10 % de l’ensemble des livraisons de colis, soit plus du double du taux en Europe. [référence]
Autre problème, la pollution particulaire qui sort du tuyau d’échappement d’une voiture n’est pas la seule en cause. Elle est cumulée à celles – dont des études préliminaires tendent à démontrer qu’elles sont bien supérieures – dues à l’usure des pneus et des freins.
Afin de l’évaluer correctement, une entreprise doit réaliser un bilan carbone détaillé de ses activités selon les 3 scopes d’émissions de gaz à effet de serre (directes et indirectes). La pollution du dernier kilomètre appartient aux émissions directes, le scope 1.
Comment réduire la pollution du dernier kilomètre ?
Il existe plusieurs moyens pour réduire la pollution du dernier kilomètre, parmi lesquels :
Utilisation de véhicules (flotte) sans émissions : Les poussettes, les vélos cargo, les véhicules électriques font tous partie des solutions zéro émission au déplacement (ils ne sont pas égaux en termes d’impact lors de la production). On peut commencer par des hybrides ou éventuellement du gaz naturel.
Livraison de nuit : la livraison de nuit ou la livraison pendant des périodes creuses peut réduire la congestion de 15 % et peut être mieux réalisée par le choix et la politique de services de l’entreprise. Cela implique idéalement l’usage de trajets véhicules principalement électriques pendant les heures creuses.
Optimisation des itinéraires : La planification efficace des itinéraires de livraison peut minimiser les kilomètres parcourus et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour toute entreprise ayant une forte activité marchande, un système robuste de gestion des livraisons du dernier kilomètre doit inclure l’optimisation des itinéraires.
Groupage des livraisons : Regrouper plusieurs livraisons en une seule tournée peut réduire le nombre de déplacements nécessaires et donc les émissions de gaz à effet de serre.
Livraisons à vélo ou à pied : Dans les zones urbaines, les livraisons à vélo ou à pied peuvent être une alternative plus propre aux livraisons en voiture.
Livraisons par drone : L’utilisation de drones pour effectuer des livraisons a été envisagée pour réduire les déplacements en voiture et les émissions de gaz à effet de serre. Cela étant, c’est une solution non recevable. D’une part car la production de drones et leur faible durabilité dans le temps les rendent également impactants pour l’Environnement, ensuite parce que la régulation de leurs déplacements dans les grandes villes interdit pour l’instant leur usage. Enfin parce que le déploiement à grande échelle de cette solution nous exposerait à un effet rebond (dû à l’impact de la production, requérant beaucoup d’énergie).
Instaurer une politique stricte de retour des envois : L’augmentation de la quantité de ventes en ligne peut également entraîner une augmentation du nombre de retours. Instaurer une politique stricte de retour des envois (frais additionnels, échange en magasin ou livraison en point relais), ou tout simplement accompagner au mieux les consommateur·ice·s pour les sensibiliser à la question des retours, est essentiel pour une approche écologique de la logistique.
Par ailleurs, nombre de produits renvoyés chez des marques ou des plateformes peu scrupuleuses, comme Amazon, ne sont jamais vendus mais directement détruits, pour des raisons variées (coût inférieur de la destruction VS reconditionnement, notamment). Il est essentiel d’être sensibilisé·e et conscient·e de ces pratiques en tant qu’acheteur·se.
Le dernier kilomètre est l’un des segments les plus coûteux de la chaîne d’approvisionnement, tant dans le bilan financier que carbone. L’optimisation des trajets peut aussi aider à faire des économies sur la consommation d’essence, les kilomètres parcourus et le temps passé sur la route. A tout égard, il est nécessaire pour les entreprises de se pencher rapidement et durablement sur des solutions en faveur de la réduction de ses impacts.
Ces solutions sont toutefois à nuancer
Il existe donc plusieurs solutions pour réduire la pollution du dernier kilomètre. Cependant, elles sont toutes imparfaites et, même cumulées, ne résoudront pas l’importance des émissions “superflues” ou évitables liées à nos modes de vie qui ne sont pas soutenables. La balance bénéfice ou confort VS pollution émise n’est pas en faveur de la poursuite de nos habitudes as usual. Si l’on y réfléchit et lorsqu’on mesure : 1. L’effort à fournir pour réduire ses achats en ligne ou favoriser un Point Relais ; 2. La quantité de microparticules de pollution émises, alors on réalise que l’équilibre dépend largement de notre bon vouloir, plus que de solutions technologiques présumées miraculeuses mais malheureusement non encore disponibles ni garanties pour capter du dioxyde de carbone.
Comme dans tout bien matériel, en particulier la mode, bien de consommation non essentiel, nous devons d’abord RÉDUIRE nos compulsions d’achats et nos besoins imaginaires de renouveler tant et plus nos garde-robes, y compris en seconde main.
La bonne nouvelle, c’est que les consommateur·ice·s d’aujourd’hui semblent plus que jamais préoccupé·e·s par leur empreinte carbone. Selon une étude publiée en 2022 par IBM et NRF (National Retail Federation), interrogeant 19 000 personnes dans 28 pays, 62% des client·e·s interrogé·e·s sont prêt·e·s à ajuster leurs habitudes d’achat pour réduire leur impact sur l’environnement. Ils et elles souhaitent donc encourager des marques qui vont dans le même sens.
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