Mode & luxe circulaires en France : état des lieux du marché du Réemploi, de la Réparation et du Recyclage
Le 17 avril 2023, la Fédération de la Mode Circulaire fêtait sa première année à l’Institut Français de la Mode, sous l’égide de la Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Bérangère Couillard. L’occasion pour les fondateur·ice·s de rencontrer les 194 membres adhérents, et de présenter les résultats d’une étude commandée auprès du Cabinet Accenture sur l’ “Etat des lieux & perspectives du marché de la mode & luxe circulaire en France – Réemploi, Réparation et Recyclage”. La mode circulaire est un marché en pleine puissance, estimé à 14 milliards d’euros en 2030 sur territoire, porté par une croissance annuelle à deux chiffres. L’hypercroissance doit néanmoins se structurer. Réemploi, revalorisation, re/surcyclage, économie de services : Quels termes définissent quelles activités ? Qui sont les acteurs et quel est leur maillage territorial ? Comment convaincre et accompagner davantage de marques et grands comptes à instaurer la circularité dans leurs modèles économiques ?
Tour d’horizon à la lumière des résultats de l’étude et des échanges de la journée.
Disclaimer : cet article s’appuie sur les résultats et les insights de l’étude Accenture France x Fédération de la Mode Circulaire, accessible au téléchargement en fin d’article.
La réforme du secteur textile une priorité en matière d’économie circulaire
Le 17 avril 2023, à l’Institut Français de la Mode, se tenait l’après-midi d’anniversaire de la Fédération de la Mode Circulaire. La FMC est depuis un an un organisme à but non lucratif qui rassemble et représente tant les parties prenantes de la chaîne de valeurs que les marques, les structures d’enseignement et les indépendant·e·s qui œuvrent à faire reconnaître et s’installer la circularité dans l’industrie de la mode et du luxe : réemploi, seconde main/vintage, réparation, location, recyclage, surcyclage… Des mot-clés pour lesquels l’engouement est palpable mais la réalité de la solidité, structurelle, économique, est à établir.
Une responsabilité partagée entre le Gouvernement, les acteurs de l’éducation et ceux du secteur marchand et non-marchand marché
L’Éducation est un levier de transformation majeur des acteurs de l’industrie de la mode.
Xavier Romatet, Directeur de l’Institut Français de la Mode.
L’après-midi était partagée en diverses interventions, traduisant bien l’importance d’un effort collectif à venir : Xavier Romatet, Directeur de l’École, représentant des 1200 étudiant·e·s internationaux·les de l’IFM comme une fenêtre sur la nouvelle génération de jeunes mais aussi d’actif·ve·s en poste à former ; la Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Bérangère Couillard, dont “la réforme du secteur textile est l’une des priorités en matière d’économie circulaire”; une équipe du cabinet Accenture présentant les résultats d’une étude commandée par la FMC intitulée “Etat des lieux & perspectives du marché de la mode & luxe circulaire en France – Réemploi, Réparation et Recyclage” et enfin des marques, des industriels, des associations et des citoyen·ne·s.
L’industrie de la mode représentera 1/4 des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050. La circularité est ainsi présentée comme le seul modèle pour rendre compatible croissance et préservation de l’environnement. Pour Bérangère Couillard, la stratégie du Gouvernement Français s’appuie sur deux axes sur 6 ans, visant la décarbonation.
- Côté production textile : un fonds de 150 millions est alloué à la mise en place d’un bonus réparation, 200 millions pour valoriser les textiles usagés, réparer ce qui ne peut être recyclé, pour atteindre un taux de 80%, en travaillant à l’organisation d’une filière de collecte et de recyclage, dans une logique circulaire et de proximité.
- Côté consommateur·ice·s ensuite : une accessibilité aux informations pour tout produit, notamment via la mise en place de l’Éco-Score/Affichage Environnemental dont les 8 critères retenus ont été annoncés (1. La consommation d’eau utilisée pour la fabrication des matières, 2 . La durabilité physique des textiles, 3 . La valorisation des conditions de production en France ou en Europe, 4. Les enjeux liés à l’utilisation de pesticides et de produits chimiques lors de la fabrication des textiles, 5. Les enjeux liés aux rejets de microplastiques, 6. Les conditions de valorisation des matières recyclées, 7. Les conditions de valorisation des textiles reconditionnés, 8. La possibilité de prendre en compte l’impact de la fast fashion).
Ce serait un non sens écologique et économique que cela ne profite pas à notre territoire.
Bérangère Couillard, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie
La circularité serait donc la combinaison d’une très forte régulation par l’Etat, d’une prise de conscience et action des acteur·ice·s de l’industrie et une vraie information des consommateur·ice·s. Il nous faut agir sur les 3 composantes et, avant d’agir, mesurer afin d’avoir une ligne d’horizon temporelle et économique pour orienter les actions.
“Etat des lieux & perspectives du marché de la mode & luxe circulaire en France – Réemploi, Réparation et Recyclage”, les résultats de l’étude Accenture
“Cette étude nous a permis une analyse qualitative et quantitative qui permet de chiffrer le marché à l’échelle française et d’avoir des perspectives d’évolution jusqu’à 2030” relate Maxime Delavallée, président de la Fédération de la Mode Circulaire. Le but est de quantifier le marché français des 3R (réemploi, Réparation, Recyclage), analyser son évolution et les leviers nécessaires à son développement.
Commençons par poser les objectifs à atteindre, plutôt optimistes tant sur le plan écologique qu’économique pour le territoire : les modèles circulaires permettraient de réduire de 16% les émissions CO2 du secteur, de réduire les émissions de déchets et la consommation d’eau, tout en soutenant la création d’emplois non délocalisables. Ces emplois sont estimés au nombre de 8.000, notamment en vue du développement structurel des filières de collecte, tri et recyclage, la part de produits textiles qui seront recyclés pouvant être multipliée par trois selon Refashion, éco-organisme ayant reçu en 2022 un nouvel agrément de 5 ans pour la filière REP (Responsabilité Elargie du Producteur).
Le marché circulaire global pèserait actuellement 5,7 milliards d’euros en France et pourrait peser 14 milliards d’euros en 2030, représentant ainsi 29% du marché de la mode et du luxe en France, avec une croissance annuelle de 13% pour la seconde main/le vintage qui domine pour l’instant largement l’activité économique. La quantification des activités de réparation, de location, d’upcycling est plus complexe, mais “devrait perdurer dans un contexte inflationniste, et d’intérêt grandissant pour la durabilité », selon l’étude.
Le but vers lequel tendre reste la réduction par 3 d’ici à 2050 du nombre de neufs produits mis en marché, en particulier ceux de l’ultra fast fashion qui n’a pas de valeur sur le second marché, ne se revend pas, se répare peu et ne présente aucune valeur de durabilité émotionnelle. Quelques focus par secteurs.
Contexte macro économique du marché mode & luxe français
Commençons par ce qui fâche
La mode en France est un marché mature qui se polarise. La baisse du pouvoir d’achat découlant de l’inflation (+6% en 2022) engendre une souffrance des marques et enseignes de milieu de gamme mais une croissance soutenue des acteurs ultra fast fashion, responsable d’une augmentation du nombre de vêtements mis sur le marché, des marques premium et des Maisons de Luxe.
D’ici à 2030 :
- Les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie devraient augmenter de plus de 50 % 3 [2]
- L’industrie devrait avoir besoin de 35 % de terres disponibles supplémentaires pour la production de fibres 12 [2]
- Le volume d’eau nécessaire pour produire les vêtements pourrait augmenter de 50 % alors que les régions productrices de coton comme la Chine et l’Inde souffrent déjà de contraintes d’accès à l’eau douce [3]
- Le tonnage conséquent de vêtements envoyés dans les décharges continue de libérer des substances toxiques dans l’air, l’eau et le sol, provoquant des effets néfastes sur la santé humaine [4] et nuisant à la biodiversité
Ensuite, les bonnes nouvelles pour la mode circulaire
- Le marché de la seconde main équivalent à 45 milliards d’euros en 2021, est estimé à 475 milliards d’euros en 2030 [5]
- Celui de la réparation valait 10 milliards d’euros en 2021 vs 25 milliards d’euros en 2030 [5]
- Concernant le recyclage, les matériaux en fin de vie représentent une opportunité de 100 milliards d’euros par an dans le monde (matériaux perdus dans le système chaque année) et des coûts élevés de mise en décharge et d’incinération [5]
- Le marché circulaire pourrait presque tripler d’ici 2030 pour atteindre 14,2 milliards d’euros
- L’ensemble des marchés circulaires devrait suivre une croissance moyenne de 10% par an d’ici 2030, réemploi (seconde main, vintage) en tête, suivi de la réparation et l’upcycling.
Enfin, les réglementations récentes incitent à la massification des pratiques vertueuses et à la transparence, comme la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), la REP (Responsabilité Elargie du Producteur), la Stratégie de l’Union Européenne pour des Loi Climat & Résilience textiles durables et circulaires.
Définissons les options circulaires et leur propension à réduire l’impact des marques et des produits textiles et mode
Les solutions circulaires s’intègrent sur toutes les étapes du cycle de vie du produit :
- Approvisionnement durable : considérer les impacts environnementaux et sociaux des ressources utilisées, en particulier ceux associés à leur extraction et à leur exploitation.
- Eco-conception : examiner les impacts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit et les intégrer dès sa conception.
- Ecologie industrielle & territoriale : mutualiser, entre plusieurs acteurs économiques, les flux de matière, les infrastructures, les biens / services afin d’optimiser l’utilisation des ressources sur un territoire.
- Économie d’usage: privilégier l’usage à la possession, vendre un service plutôt qu’un bien.
- Durée d’usage : l’allongement de la durée d’usage des produits par le recours à la réparation, à la vente ou à l’achat d’occasion, dans le cadre du réemploi et de la réutilisation.
- Consommation responsable : prendre en compte les impacts environnementaux et sociaux à toutes les étapes du cycle de vie du produit dans les choix d’achat.
- Recyclage : l’amélioration de la prévention, de la gestion et du recyclage des déchets, y compris en réinjectant et réutilisant les matières issues des déchets dans le cycle économique.
Le réemploi : cartographie, projection du marché et leviers
Le réemploi est, selon d’Ademe, « toute opération par laquelle un produit est donné ou vendu par son propriétaire initial à un tiers qui, à priori, lui donnera une seconde vie ». Son but est de prolonger le cycle de vie d’un produit et de réduire la production de déchets.
Le réemploi présente une croissance annuelle exceptionnelle de 17% ces 4 dernières années, intéressant principalement les vêtements (78% des ventes enregistrées en 2022) puis chaussures et accessoires. C’est une bonne nouvelle, car la revente permettrait de réduire le 47% les émissions de CO2 d’un vêtement, en comparaison à un modèle de production/consommation linéaire.
Ce marché est porté par l’inflation et bénéficie d’une structuration relativement solide, tant digitale que physique, intéressant désormais également les grandes marques en propre après le boom des solutions C2C (de particulier à particulier – Leboncoin, Vinted, etc).
Développer une offre seconde main devient également un argument incontournable pour les marques & enseignes qui souhaitent affirmer leur démarche en matière de durabilité, permet une entrée dans la marque et/ou un drive-to-store pour les acteurs historiques de l’industrie textile. La rentabilité reste cependant un objectif à atteindre, compte tenu du nombre d’opérations (tri, lavage, authentification) à réaliser, des potentiels intermédiaires à rémunérer tout au long de la chaîne de valeur (logistique, plateforme en ligne), de l’absence de coordination de ces derniers et des coûts d’acquisition client et marketing – impliquant l’importance de s’appuyer sur les savoir-faire des organisations historiques du secteur.
La traçabilité est un enjeu clé pour la seconde main et se doit d’être standardisée pour accompagner la croissance du marché, en particulier dans le luxe où un service d’authentification est désormais un pré-requis.
La réparation : cartographie, projection du marché et leviers
Selon l’ADEME, “la réparation, en permettant de prolonger l’usage des objets par son détenteur, évite ou retarde le geste d’abandon et donc l’apparition de déchets, et réduit l’extraction de nouvelles ressources”. La promotion de la réparation est un élément essentiel des politiques publiques visant à promouvoir l’économie circulaire.
Malheureusement, la plupart des métiers de la réparation sont confrontés à un marché en stagnation voire en régression, entraînant une baisse significative du nombre d’entreprises, du chiffre d’affaires et du nombre d’emplois dans le secteur. Ceci s’explique par plusieurs facteurs : la dégradation de la qualité des vêtements, l’obsolescence émotionnelle qui nous pousse à nous en séparer voire à les jeter, le coût très bas à l’achat de fast et d’ultra fast fashion, qui rend peu compétitif l’acte de réparer face à la facilité/l’attractivité/le prix d’un achat neuf, mais également le fait que les acteurs de la réparation soient peu visibles, peu digitalisés (donc non géolocalisés, répertoriés, de façon accessible et centralisée) et peu remplacés par de jeunes diplômé·e·s formé·e·s à ces compétences.
Un exercice de cartographie méthodique est requis, à l’heure d’une économie de service accrue passant nécessairement par des outils digitaux (applications, etc).
Les marques ont tout à gagner à intégrer la réparation à leur modèle économique.
C’est un indicateur significatif de la volonté d’une marque de s’engager pour prolonger la vie des vêtements et réduire leur impact global, un témoin de la qualité et de la longévité des produits. C’est également un moyen d’améliorer – grâce à la collecte de données – son offre d’une collection à l‘autre en listant les points de fragilité récurrents. Les services ont un fort potentiel d’attraction de nouveaux clients. [6]
Les grandes maisons prévoient d’ailleurs de nouvelles boutiques et la mise en place de services spécifiques pour mieux fidéliser leurs clients à très fort pouvoir d’achat. [7]
Le marché représenterait aujourd’hui 358 milliards d’euros, réserve émise quant à l’estimation réelle probablement minorée par une activité largement sous-déclarée.
- 59% des Français·e·s ont recours à la réparation d’un vêtement, au moins 1 fois par an, dont 17% en atelier, avec un prix moyen de l’acte de réparation d’un article évalué à environ 19€.
- 43% Français·e·s ont recours à la réparation d’un vêtement, au moins 1 fois par an, dont 28% en atelier, avec un prix moyen de l’acte réparation d’un article évalué à environ 26€ (chaussures).
C’est une bonne nouvelle car, selon l’hypothèse que la réparation remplace la production et la commercialisation d’un vêtement neuf (si et seulement si associé à une régulation de l’ultra fast fashion et une réduction du nombre de pièces mises en marché chaque année), la réparation augmenterait la durée d’utilisation d’un vêtement de 75% en moyenne, ralentirait l’envoi au recyclage et éviterait théoriquement la production d’environ un vêtement. On épargnerait ainsi 31% d’émissions d’équivalent CO2 au total (-43% lors de la production, – 6% lors de l’usage, -43% lors de la fin de vie). [5]
Il faut cependant augmenter la visibilité et l’accès à ce service, l’ancrer dans les offres des marques et les habitudes de consommation des citoyen·ne·s. Cela passera par un changement de paradigme majeur, et une réglementation accrue obligeant les marques à produire des vêtements plus qualitatifs, réparables (donc éco-concevoir et des choix éclairés des acheteur·se·s grâce à l’éco-notation de l’Affichage Environnemental mettant en lumière les produits durables).
Autre atout majeur : réparer est un acte local qui favorise le développement de l’emploi, de la cohésion et de flux financiers dans l’hexagone. C’est également un vivier de savoir-faire précieux qui valorise le patrimoine artisanal, culturel et créatif français.
Le recyclage, surcyclage et stocks dormants : cartographie, projection du marché et leviers
Le recyclage
Chaque année, plus de 565 milliers de tonnes de vêtements et chaussures sont mis sur le marché français : 436 milliers de tonnes de vêtements et 129 milliers de tonnes de chaussures. Le développement des filières de collecte, tri et recyclage des textiles est une priorité du gouvernement français. En 2021, 34% des vêtements et chaussures mis sur le marché ont été collectés, dont 32% ont été recyclés. L’objectif est de collecter 60% du gisement d’ici 2028 et d’en recycler 46%. [8]
Et le reste ?
Sur la totalité des 151 kt de vêtements et chaussures triés en France et hors France par des organismes agréés par Refashion :
- 87 kt sont adressées directement en réemploi (dont 95% à l’export, le marché Français n’étant alimenté que par la « crème »). Les deux tiers des vêtements collectés en France sont exportés, principalement en Europe, en Afrique et en Asie.
- 48 kt sont recyclées, en France ou à l’étranger
- 13 kt sont transformées en Combustible Solides de Récupération (CSR)
- 2 kt sont adressées en déchets ultimes, avec ou sans récupération d’énergie.
Mauvaises nouvelles :
- Si la collecte est efficace, la filière de tri (encore mécanique et très peu chimique ou infra-rouge) n’est pas encore mature. Ainsi les vêtements en matières mélangées sont très peu voire ne sont pas encore valorisés via une filière de recyclage.
- 64% des vêtements collectés sont constitués de fibres synthétiques (polyester, polyamide, polypropylène, acrylique, élasthanne), qui se recycle mal et une seule fois, en additionnant une part de polyester vierge.
- Le recyclage coûte cher en énergie. Pour conserver le caractère écologique et économique des opérations, il est essentiel de les garder sur le territoire (envoyer à recycler des vêtements au bout du monde peut être un réel non sens écologique, surtout si le mix énergétique du pays récepteur est très carboné, c’est-à-dire s’il dépend des énergies fossiles, gaz et charbon).
En France, le recyclage mécanique des vêtements prédomine et les débouchés alimentent principalement d’autres industries e.g., le bâtiment _ Etude FMC x Accenture – Mode Luxe Circulaire – Etude de marché©
Le recyclage mécanique des vêtements est considéré comme mature, pour l’instant encore majoritairement en boucle ouverte (c’est-à-dire dans un autre secteur industriel, pas en vêtement ou produit textile). Le recyclage chimique doit encore être développé et mis à l’échelle.
90% des chaussures sont réemployées après collecte, des débouchés de recyclage doivent être identifiés pour les 10% restants. Aujourd’hui, il n’y a pas encore assez de solutions de recyclage de la chaussure, à la différence du textile où commencent à émerger de vrais projets industriels – la majorité des chaussures collectées qui ne peuvent pas être réemployées sont transformées en Combustibles Solides de Récupération, d’autant qu’elles sont parfois constituées de 40+ matières différentes, ce qui peut rendre le recyclage complexe.
En 2030, 60% du gisement de vêtements et chaussures mis sur le marché seraient collectés, dont 40% recyclés.
Bonnes nouvelles :
- Le gisement de textile mis sur le marché est considéré comme stable d’ici à 2030 [9]
- Le volume de textile collecté devrait voir son taux augmenter de 34% à 60%, en cohérence avec les objectifs du cahier des charges d’agrément de l’éco-organisme Refashion [10]
- Le volume de textile recyclé devrait augmenter de 25% en 2021 à 40% du volume de textile collectés en 2030. [11]
Le travail reste cependant à accomplir : la filière doit encore se renforcer, nécessitant des investissements conséquents. En 2021, seuls 34% des textiles mis sur le marché en France étaient collectés [8]. Seuls 0-5% des vêtements recyclables en France sont traités chimiquement, malgré un gisement composé à 64% de fibres synthétiques. La Banque européenne estime qu’il faudrait investir entre 6,7 et 8,6 milliards d’euros pour atteindre les objectifs européens de recyclage des plastiques fixés pour 2025 (10 Mt).
La collecte doit être renforcée, les technologies de tri et préparation matière doivent être développées (comme les puces RFID permettant d’identifier rapidement la composition, la spectroscopie infrarouge pour trier efficacement par matières et couleurs), et les processus automatisés et structurés afin de traiter une plus grande partie des textiles mis sur le marché et d’améliorer la qualité des intrants qui seront adressés en recyclage. L’amélioration de la filière de recyclage passe donc aussi par l’écoconception. Par ailleurs, la fast fashion et l’ultra fast fashion doivent être restreintes, afin d’améliorer la qualité des vêtements mis sur le marché et donc de la matière vouée à être recyclée.
L’upcycling post-consommateurs
L’upcycling se traduit en français par surcyclage ou encore upcyclage, “recycler par le haut”. L’enjeu est de récupérer des vêtements et chaussures utilisés pour les transformer en produits de qualité supérieure. Plusieurs écueils à son développement, bien que prometteur, principalement représentés par le sourcing complexe de gisements de vêtements finis de qualité, de typologies et de matières variés, transformés en patron quasi-unique demandant ainsi du temps, un savoir-faire et une technicité dédiés et difficilement scalable.
La particularité des stocks dormants
Selon la start-up Queen of Raw, c’est en 2023 et dans le monde plus de 265 milliards d’euros de stocks excédentaires qui dorment dans des entrepôts. Les transformer via “l’upcycling pre-consumers” requiert de la main d’œuvre, du temps et une flexibilité de production étant donné la quantité limitée de matières disponibles. Ainsi, ce marché présente pour l’instant des difficultés de rentabilité. Il est par ailleurs encore peu reconnu par les consommateur·ice·s et peu valorisé par les aides gouvernementales.
La taille du marché français de l’upcycling (pré et post consommateurs) devrait doubler d’ici 2030, pour atteindre plus de 500M€.
Conclusions & ouvertures de l’étude
- La durabilité des articles est indispensable à la massification des modèles d’affaires circulaires
- La transparence et la traçabilité sont des accélérateur de la mode et du luxe circulaire
- La rentabilité de ces modèles doit trouver son équilibre pour passer à l’échelle
- La pédagogie est essentielle pour engager clients & collaborateurs dans cette transformation
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Références citées
[1] Etude Accenture
[2] The RoundUp
[3] ADEME, 2022
[4] EMF, 2021
[5] Fondation Ellen MacArthur
[6] BPI France 2022
[7] Les Echos 2022
[8] Rapport annuel Refashion 2021
[9] Taux de croissance estimé par Global Data sur la base d’analyse et de questionnaire consommateurs)
[10] Agrément 22-28 de 56 l’éco-organisme Refashion
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