Le voilier-cargo : transport décarboné du futur
Rédigé par Renaud Petit
Le 10 janv. 2022
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Dans nos économies mondialisées, l’essentiel des marchandises transitent par la mer. Nos océans portent pas moins de 50 000 porte-conteneurs qui perturbent la vie sous-marine, laissent échapper des tonnes de CO2 dans l’atmosphère et déversent des milliers de litres de carburant dans l’eau. Une solution toute simple pourrait permettre de résoudre tous ces problèmes à la fois : des bateaux propulsés non pas à l’aide de bio-carburant, ni de moteur électrique, mais tout simplement par la force du vent.
Dans le monde, environ 80 % des marchandises qui voyagent à l’international transitent, sur tout ou partie de leur trajet, par porte-conteneurs. Contrairement aux idées reçues, le fret aérien ne concerne qu’environ 30 % des biens qui voyagent d’un continent à un autre. Le bateau est donc un mode de transport extrêmement commun, qui, même s’il est moins polluant que l’avion à distance égale parcourue, n’est pas anodin pour l’environnement. Le transport maritime représente d’ailleurs 3 % des émissions de CO2 mondiales. Ces émissions pourraient bien doubler voire tripler au cours de la prochaine décennie. Si on veut réduire nos émissions, il est donc urgent d’imaginer un transport maritime plus doux.
Le transport maritime traditionnel est plus toxique qu’on ne le pense
On ignore parfois l’impact environnemental du transport maritime tant celui du transport aérien paraît immense. Une situation dont se sont longtemps accommodés les décideurs. À l’échelle mondiale, les premiers engagements écologiques liés au transport maritime datent seulement de 2019, bien après les accords de Paris de 2016 qui prévoyaient déjà la neutralité carbone de plusieurs branches du secteur des transports.
L’objectif est désormais de baisser de 40 % les émissions de CO2 du transport maritime d’ici 2030. Un souhait ambitieux qui pousse tout le secteur à l’action. Pour faire de cet objectif une réalité, les solutions sont peut-être, comme bien souvent, dans la nature.
Un cargo grain de sail.
Le Cargo à voile fait souffler un vent d’espoir pour un futur zéro-carbone
Quand l’être humain a découvert la navigation, il s’est d’abord aidé du vent. Aujourd’hui, les ingénieurs redécouvrent cette énergie, aussi efficace et plus responsable que n’importe quel bio-carburant.
Des expériences menées récemment en France démontrent qu’il est tout à fait possible de transporter des tonnes de marchandise d’un bout à l’autre de la planète avec le vent comme principal carburant. En février 2021, le cargo à voile français Grain de Sail a réussi l’exploit de transporter plusieurs dizaines de tonnes de cacao de New-York jusqu’à Saint-Malo avec seulement 40 litres de gasoil.
Bilan : un impact carbone divisé par 10 par rapport à une traversée de l’Atlantique classique à bord d’un porte-conteneur.
Une solution low-tech, performante et déployable à grande échelle
Le cargo à voile demeure moins rapide que les modes de transports traditionnels et qui sont plus polluants. Il n’est donc, pour le moment, pas tout à fait adapté au transport de produits périssables mais il dispose néanmoins d’autres atouts qui lui présagent un bel avenir. À ce stade de développement, les cargos à voile sont déjà en mesure de transporter autant de marchandises qu’un avion cargo classique. Le Frenchie Grain de Sail peut, par exemple, embarquer jusqu’à 50 tonnes de produits soit environ 50 000 jeans !
De quoi réduire drastiquement les émissions carbone d’un jean qui peuvent aujourd’hui atteindre 40 kg, notamment à cause du transport aérien. Un argument qui pourrait, on l’espère, convaincre l’industrie super-mondialisée de la mode qui fait encore majoritairement appel aux énergies fossiles pour le transport de ses marchandises , notamment via le transport aérien !
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