La cause du réchauffement climatique que tout le monde ignore dans la mode
“L’arbre qui cache la forêt”, si cette métaphore est idéale pour illustrer notre problème, sa dimension poétique en dessert la gravité. Matières, packagings, transports, chimie, seconde vie : depuis deux ans la mode intensifie ses efforts pour réduire les émissions carbone de ses produits. La recette paraît simple : un design minimal, des matériaux low impact, des circuits courts et une solidité suffisante pour amortir le coût environnemental d’un vêtement sur des années. Si chacun·e fait sa part, la planète fera le reste ? Malheureusement non, elle risque même fort de nous être servie trop cuite, car on oublie ici l’ingrédient commun à chacune de ces étapes : l’énergie. La production d’électricité et de chaleur via les centrales à charbon, gaz et pétrole est la première cause d’émissions de Gaz à Effet de Serre (G.E.S) dans le monde. Elle représente environ 65% de l’électricité totale générée. En résumé ? Tant qu’on dépend de ces énergies, les actions des marques pour réduire l’impact de la mode sont presque vaines. En détails et avec des solutions à la clef ? Déroulez !
Au royaume des aveugles, le CO2 est roi.
Avant de commencer, on déplie les acronymes :
- Les G.E.S ou Gaz à Effet de Serre sont représentés en quantité par l’unité « kg CO2 eq » ou « équivalent CO2 », qui les regroupe tous. Le principal et le plus connu étant le CO2, le CH4 (méthane), et le N₂O (Protoxyde d’azote)
- ACV : Analyse du Cycle de Vie ;
- REP : Responsabilité Elargie du Producteur ;
- Loi AGEC : Loi Anti-Gaspillage pour l’Économie Circulaire ;
- Mix énergétique : sources d’énergie utilisées par un pays pour produire de l’électricité, mais aussi (et surtout) pour produire de la chaleur (gaz naturel par exemple) et pour le transport (pétrole).
Cet article s’appuie sur des ressources bibliographiques disponibles en bas de page. Merci à Florian Palluel pour le partage de ses connaissances et à Picture pour l’initiative de ce sujet.
Merci à Pierre Dienot de l’équipe de Fairly Made pour son éclairage sur l’ACV.
Comment mesure-t-on l’empreinte carbone d’un produit de mode ?
DISCLOSURE : c’est la partie un peu “scolaire” de ce dossier. Accrochez-vous quelques instants, ces lignes techniques vous donneront les clefs pour comprendre la suite. Promis, on va à l’essentiel (et vous allez briller dans les dîners).
Qu’est-ce L’ACV, Analyse du Cycle de Vie d’un produit ?
L’ACV est la mesure de l’impact environnemental d’un produit de mode. Il en existe deux types :
- From Cradle to Gate / “Du berceau à la porte” : c’est-à-dire du dessin du produit à sa mise en vente
- From Cradle to Cradle / “Du berceau au berceau” : c’est-à-dire du dessin du produit à sa fin de vie ou seconde vie, incluant donc la distribution, le transport, et l’usage
Cet impact est calculé à partir des informations délivrées par les différents acteurs de la chaîne de production : éleveurs ou agriculteurs, fabricants de matières premières, filateurs, tisserands, tricoteurs, usines de chimie (teintures, imperméabilisants…etc), ateliers de confection, etc. L’ACV prend également en compte le CO2 mais aussi d’autres critères, 16 en tout (dont la pollution des eaux, de l’atmosphère, des sols, l’utilisation de ressources naturelles etc). Le résultat est exprimé en équivalent CO2 et pondéré par le poids des vêtements et leur origine géographique.
Cette notion d’origine géographique est absolument cruciale, nous allons voir pourquoi, selon la façon dont ils sont calculés, les bilans carbone nous détournent de la cause réelle de la pollution dans la mode.
Cartographie du mix énergétique des états.
Qu’est-ce que le mix énergétique d’un pays ?
Le mix énergétique d’un pays, c’est la répartition des différentes sources d’énergie primaire utilisées pour répondre à ses besoins en matière de production d’électricité, de transport ou de production de chaleur ou de froid, à l’échelle industrielle ou des particulier·e·s. Dans le mix énergétique, on trouve des énergies fossiles – pétrole, gaz naturel, charbon – et renouvelables – bois, hydraulique, éolien, solaire, biomasse, géothermie – et l’énergie nucléaire. La part de chaque source d’énergie primaire est généralement exprimée en pourcentage (%). Tous les pays n’ont pas la même répartition de pourcentage. Sur des sites comme Electricity Map ou celui de l’IEA International Energy Agency, vous pouvez voir les variations (colossales) des mix d’un pays à l’autre : la Norvège, qui repose majoritairement sur les énergies renouvelables, émet environ 28g d’équivalent C02 par Kilowatt-heure d’énergie produite (gCO₂eq/kWh – Instant madeleine de Proust, on vous propulse sur le banc du cours de physique du lycée). L’Allemagne en revanche, très dépendante du charbon, est à 407g gCO₂eq/kWh. La France est une bonne élève, présentant un mix estimé entre 80 et 102 gCO₂eq/kWh, la Pologne est à 695g, l’Inde est à 706g… etc.
Globalement, au niveau mondial, le mix énergétique reste dominé par les énergies fossiles : le charbon, gaz et pétrole représentent environ 65% de l’électricité produite dans le monde. En prenant en compte l’ensemble du mix énergétique (électricité + chaleur/froid + transport), la part d’énergie fossile passe à 85%.
Et c’est là que le bât blesse :
- La production d’électricité (via les centrales à charbon, gaz et pétrole) est la première cause d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES, dont le CO2) dans le monde.
- Nous sommes dépendant·e·s de l’électricité, en tout temps et partout, et la mode n’est pas épargnée. Le moindre T-shirt requiert l’usage de machines aux étapes agricoles, de filature, de tissage ou tricotage, teinture, découpe, assemblage, emballage, transport, stockage…etc. Quelle que soit la matière naturelle, artificielle, synthétique ou recyclée, la majorité de nos vêtements est fabriquée grâce au charbon et au gaz. Sans électricité, le t-shirt ne pourrait pas être industrialisé, l’hyperproduction (et la fast-fashion) n’existeraient pas.
Les émissions de Gaz à Effet de Serre selon les secteurs industriels.
Le problème : tous les bilans carbone ne tiennent pas compte du mix énergétique
Mais alors, que penser des actions mises en place par les marques qui réalisent des bilans carbone à tour de bras ? Tout dépend de la façon dont celui-ci est réalisé. Un bilan carbone peut rendre compte des émissions G.E.S directes d’une marque (la scope 1 : par exemple le chauffage des bureaux), indirectes et liées à l’énergie (la scope 2 : les entrepôts, le transport des produits), et enfin toutes les autres indirectes (la scope 3 : achat de marchandise, transformation et … énergies utilisées lors de ces étapes).
Plusieurs problèmes se posent :
- Le bilan n’est pas souvent poussé jusqu’au scope 3 ;
- Les informations qui concernent l’alimentation en énergie des partenaires ne sont pas forcément connues par les partenaires eux-mêmes ;
- Ces informations sont … déclaratives.
Que penser alors des solutions actuelles proposées par les marques responsables ?
La mode éthique, des solutions à dose homéopathique ?
Matières naturelles, artificielles, recyclées, packaging low impact, énergies renouvelables dans les bureaux et les boutiques. A en croire la presse (dans laquelle on s’inclut !), l’industrie de la mode a une notice bien fournie pour opérer une vraie transition écologique. Entendons-nous, ce n’est pas faux et heureusement. L’éco-conception, l’amélioration des matières, les solutions en faveur de la circularité sont réelles et à encourager. Mais elles ne sont pas suffisantes. La vraie transition doit être énergétique.
Autre problème sous-jacent : le détournement d’attention. Même si ces marques tendent à faire au mieux, la communication à outrance au sujet de leurs actions vertueuses détournent l’attention des consommateur·ice·s qui se reposent sur ces acquis pour consommer … parfois davantage ! Loom l’explique très bien ici.
Les marques doivent s’intéresser au type d’énergie qui alimentent les usines dans lesquelles sont produits leurs vêtements, connaître la liste de tous les intervenant·e·s sur la chaîne et le mix énergétique de leur pays. Ensuite, le plus écologique des vêtements pollue dès lors qu’il est conçu. Autrement dit : le critère numéro un d’une marque responsable, c’est de limiter sa production.
Produire moins mais suffisamment pour faire le poids face aux géants
Nous avons donc la clef de résolution pour résoudre l’équation carbone : produire moins, amortir nos vêtements longtemps, créer de la valeur grâce à des solutions d’économie circulaire et de revalorisation qui permettent de générer des richesses sans extraire ou transformer de matières (premières ou recyclées, car le recyclage lui aussi peut s’avérer très énergivore. Mais là on digresse et vous étiez concentré·e. C’est le moment de vous faire un café : on arrive aux bonnes nouvelles, sortez les Bristol® !).
Au-delà du fait de devoir faire avaler la pilule de la décroissance aux actionnaires-as-usual et aux grands patrons, il existe un problème de taille : les entreprises qui produisent des quantités astronomiques de vêtements dans des pays gourmands en énergies fossiles sont celles qui ont le pouvoir d’imposer des changements.
Illustrons à l’aide d’un exemple concret : imaginons que Picture fabrique des sac à dos dans une usine au Vietnam et que cette activité représente 1% du travail de l’usine, tandis que 99% de l’activité restante est assurée par un géant du sport comme Nike, il y a peu de chance pour que la voix de Picture, militant pour la conversion énergétique de l’usine, pèse dans la balance. En revanche, si les parts de marché de Picture augmentent, elle aura plus de chance de gagner le bras de fer contre Nike, si elle menace de changer d’usine partenaire en cas de refus de conversion.
Au-delà du bras de fer : il est indispensable pour les marques de collaborer. « S’associer avec les méchants » comme dit Picture, avec un sens pragmatique des réalités. “Les entreprises font à la fois partie du problème et de la solution”.
… On peut aussi envisager l’hypothèse (long termiste) selon laquelle la régulation par les Etats intervient.
… On peut pourquoi pas envisager l’hypothèse (candide) selon laquelle le CEO de Nike se réveille avec le centième du cerveau de Greta Thunberg.
…On vous propose des solutions (tangibles) dans la dernière partie de l’article.
La responsabilité des citoyen·ne·s n’est pas à négliger
Si l’offre vestimentaire ne cesse d’augmenter chaque année (la production de vêtements a plus que doublé de 2000 à 2018), c’est aussi parce que les consommateur·ice·s suivent la cadence. Que celleux d’entre nous qui n’a jamais craqué pour une promo aussi alléchante qu’inutile jette la pierre à son prochain, les statistiques de Fashion Revolution parlent : le nombre de vêtements achetés par habitant entre 2000 et 2020 a quasiment doublé.
Il s’agit majoritairement de vêtements issus de la fast fashion, fabriqués dans des pays en voie de développement, massivement dépendants des énergies fossiles.. Les pays décarbonés ET dans lesquels on produit de la mode ne sont pas nombreux… En vous informant, vous pouvez donc prendre connaissance du rôle concret à exercer en tant que citoyen·ne, en boycottant ouvertement la surconsommation et les marques de fast voire d’ultra fast-fashion.
Il faut questionner notre besoin de produire autant et de consommer autant. Tendre vers plus de sobriété est indispensable.
Florian Palluel, Responsable du Développement Durable chez Picture. Jean-Paul Raillard, fondateur du mouvement Green Friday, en parle très bien au micro de notre podcast ON(WARD) FASHION.
Comment expliquer que la question de l’énergie soit passée sous silence ?
D’après Florian Palluel, Responsable RSE de Picture, “Il y a une méconnaissance du sujet climatique / énergétique au sein de l’industrie. Il est relativement absent des débats. En parallèle, il y a probablement une prise de conscience tardive de certaines marques et beaucoup d’inertie face à un sujet complexe. Les marques sont généralement réticentes à parler des sujets sur lesquels elles ne sont pas exemplaires. Enfin, le curseur carbone (changement climatique) n’est pas forcément le cheval de bataille de toutes les marques. Il peut y avoir d’autres engagements (biodiversité, relocalisation, économie circulaire, aspect social, etc.) qui entraînent d’autres mises en actions.” On l’a reçu dans notre podcast, pour l’écouter, c’est par ici (et c’est passionnant !).
Quelles solutions proposer face à ces constats ?
Le sujet est commun à tout le monde : citoyen·ne·s, marques, autres secteurs industriels, Etats, Institutions… La mise en action doit être globale et intersectorielle pour que la transition énergétique soit significative. Côté marque, nous nous sommes appuyés sur le cas de Picture qui travaille sur le sujet et apporte un éclairage précieux grâce à sa connaissance de terrain. Picture est une marque très engagée mais dont la production est encore en grande partie située dans des pays au mix énergétique médiocre.
Si la relocalisation est une solution, elle ne doit pas nous détourner du but commun : réduire au maximum la dépendance aux énergies fossiles, à une échelle mondiale. Parce que, scoop ! On respire le même air, dépend des mêmes sols, partageons la même biodiversité et le quand bien même les pays riches souffriront moins rapidement du réchauffement climatique, ils devront partager leurs terres, leurs richesses et leurs solutions aux milliards de migrant·e·s des pays en voie de développement qui en pâtiront les premiers. Pour une petite illustration du lien entre écologie et justice sociale, ça se passe en vidéo avec Camille Etienne. Pour une petite illustration du lien entre condition féminine et fast fashion, on vous renvoie ici.
Picture fait ses comptes
Picture a réalisé un bilan carbone scope 1, 2, 3 pour l’année 2019, avec une ACV en “Cradle to Cradle” (les résultats du Bilan Carbone tiennent compte de l’usage des produits par les clients, lavage, repassage. Mais vous étiez déjà incollables !). Résultat : 84% de l’impact carbone des produits est localisé au niveau des chaînes d’approvisionnement, avec une prédominance sur les étapes suivantes de tissage et teinture. Un pourcentage relativement similaire à celui de Patagonia, son grand frère (86%). Leur point commun : la majorité des vêtements produits par ces deux marques le sont dans des pays similaires, au mix énergétique élevé en faveur du charbon.
En ordre de grandeur, Picture en 2019 représente environ 15 700 tonnes de CO2e (une moyenne d’environ 20kg CO2e par produit), soit l’équivalent de l’impact carbone annuel de 2100 européen·ne·s.
Que peuvent faire les marques ?
- Pratiquer une relocalisation énergétique : en cas de création de marque, choisir des pays partenaires de production en tenant compte du mix énergétique. En cas de marque établie, relocaliser progressivement la production vers des pays où l’électricité est peu (voire très peu) carbonée. France, Portugal, Vietnam (dans une moindre mesure), certains pays d’Europe de l’Est sont des exemples ou des productions textiles bas carbone existent. Cela ne va pas sans contraintes de restructuration et de coûts, cela doit s’effectuer dans le temps long.
- L’autoproduction d’électricité bas-carbone par les usines : comme cité précédemment dans l’exemple du bras de fer avec Nike, il s’agit d’inciter voire contraindre ses partenaires (les filateurs, tisseurs, teinturiers, etc.) à investir dans des panneaux solaires pour auto produire de l’électricité et réduire la dépendance à une production nationale basée sur le charbon et le gaz. À date (Novembre 2021), deux installations solaires existent au sein de des chaînes d’approvisionnement de Picture, à Taiwan (usine de lamination) et en Turquie (usine de filature et tricotage, couvrant environ 35% de leur besoin en électricité).
- Convertir les parcs industriels aux énergies vertes : afin de faire tourner les machines avec des énergies plus “propres” : des éoliennes, des panneaux solaires… Malheureusement, l’efficacité de cette solution connue depuis 30 ans reste hypothétique, car si les énergies vertes se développent, la proportion d’énergies fossiles consommée pour produire de l’électricité n’a presque pas bougé, car la consommation globale d’électricité augmente. Les modes « bas-carbone » : nucléaire, hydro-électricité, éolien, solaire, biomasse, géothermie, etc… ne représentent qu’environ 35% de l’électricité produite dans le monde.
- Faire un bilan comptable carbone : comme le bilan annuel financier : intégrer les comptes environnementaux dans les comptes de l’entreprise, considérer les externalités négatives comme des dettes. Rien de ce qui n’appartient à la planète est gratuit pour nos écosystèmes ou l’humanité. Les matières premières semblent mises à disposition par la terre, mais les ressources fossiles mettent des millions d’années à se régénérer et nous détruisons le potentiel régénératif d’autres dont le cycle plus rapide dépend de l’eau, des sols, de la température, d’un équilibre entre les espèces. Nous payons à crédit le temps qui reste à vivre.
Que peuvent faire les marques et les citoyen·ne·s ?
- Produire et acheter moins : côté citoyen·ne, se demander avant chaque achat “En avez-vous vraiment besoin ?” , boycotter les promotions outrancières, le Black Friday, les bonnes affaires quand bien même (et surtout) elles sont décrites comme éco-responsables. Côté marque, sortir de la spirale de l’enfer qui consiste à produire en masse, vendre en masse et stocker voire détruire ou exporter au bout du monde des pièces cheap jamais portées sur des continents poubelles. On vous remet un docu là. Soyons réalistes : la croissance verte n’existe pas. L’efficacité énergétique n’a d’intérêt environnemental que si le volume de production / d’usage reste constant. Il est indispensable de passer à la sobriété. Dans le textile, cela veut dire une chose : produire moins et consommer moins.
- S’habituer aux productions à la demande, à la commande, en précommande
- Entrer dans la circularité avec authenticité :
– En mettant en place une plateforme offrant cette option sur son e-shop, en ayant le réflexe en tant que client·e de choisir la seconde main, l’invendu, avant le neuf
– En prenant l’habitude d’acheter de la qualité dans l’hypothèse de donner une 2e vie qui re-créera de la valeur marchande sans produire à nouveau
– En mettant à disposition une garantie de réparabilité à vie, comme le fait Picture. Et en prenant l’habitude de réparer nos vêtements.
– En comprenant que la location, particulièrement en ce qui concerne les vêtements saisonniers, les vêtements pour enfants ou de grandes occasions, fait désormais partie de nos comportements réflexes. - Améliorer la qualité des vêtements / acheter des vêtements de qualité.
Que peuvent faire les marques, l’État, les institutions, les éco-organismes ?
- Mettre en place une taxation efficace et significative sur les produits dont l’ACV dépasse un certain seuil, en particuliers ceux fabriqués dans des pays lointains, lors de l’importation
- Innover et injecter de l’argent dans l’innovation, à la manière du Challenge Innovation Refashion, qu’une partie de son chiffre d’affaires en tant que marque soit systématiquement allouée à la Recherche & Développement en faveur de machines moins gourmandes en consommation d’eau ou d’énergie. C’est déjà concrètement le cas pour les teintures, c’est aussi le cas pour la production à la demande. Booster la recherche entre les secteurs, par exemple pour développer des puits de carbone ou transformer les méthodes de cultures partagées entre l’agroalimentaire et le textile (le lin en Europe, l’agriculture régénératrice partout ailleurs).
- Industrialiser massivement et significativement le recyclage, en boucle ouverte et fermée
Que peuvent faire les Etats ?
C’est tout à fait fascinant de voir des politiques / délégués tourner autour du pot, alors que ce qu’il faut faire, un enfant de 10 ans le comprend très bien : une sortie rapide et progressive des énergies fossiles.
Post de Bon Pote sur Linkedin, à propos sur la COP 26.
- Imposer un moindre rythme de renouvellement des collections
- Limiter la fréquence des soldes et promotions, interdire le Black Friday, Cyber Monday ou équivalent
- Réguler la publicité massive et le targetting sur le web
- Réguler les importations des produits polluants, la taxe carbone aux frontières est prévue dans le paquet climat de la Commission Européenne pour permettre à l’UE de réduire d’au moins 55 % les émissions nettes de Gaz à Effet de Serre d’ici à 2030, mais le textile n’est pas concerné…
- La loi Anti-Gaspillage pour l’Économie Circulaire est en passe d’application à l’horizon 2022, interdisant aux marques de détruire leurs invendus et c’est une excellent nouvelle
- De même, une ACV dont le calcul est standardisé à l’échelle européenne (le PEF pour Product Environmental Footprint) sera obligatoire pour tous les produits mis sur le marché à partir de 2025, et chaque allégation concernant ses performances environnementales devra être mesurée et scientifiquement appuyée. On en parle dans cet épisode d’ON(WARD) FASHION avec Petit Bateau.
Le collectif En mode climat dont nous faisons partie tout comme Picture, initié par Loom, propose également des solutions, comme “Modifier la taxe d’éco-contribution sur les vêtements ; Pénaliser le greenwashing ; Orienter les outils de financement public pour ne le verser qu’aux entreprises qui respectent certains critères comme la qualité des vêtements ou la fabrication européenne…).” On vous en parle bientôt dans un article dédié.
Que devons nous toutes et tous faire ?
- S’éduquer et répandre le message, éduquer les plus jeunes générations militer, manifester, pratiquer un lobbying pro climat dès que l’occasion se présente
- Picture lance un Appel à la collaboration : aux expert·e·s de l’énergie, aux marques qui rencontrent les mêmes problématiques de production dans les pays carbonés, aux entreprises du textile intéressées par ces sujets… Écrivez-leur ici : florian.palluel@picture-organic-clothing.com
De notre côté, on vous félicite d’être arrivé·e au bout de ce dossier conséquent qui on l’espère vous aidera à comprendre la sévérité et la complexité du problème. Les solutions proposées à la lumière de nos recherches et de notre expérience ne sont pas exhaustives. Nous sommes à l’écoute de vos suggestions dans les commentaires ou des contacts d’expert·es / volontaires pour aider l’industrie au global à avancer dans la bonne direction sur ces sujets. Nous avons besoin de collaborer pour cela !
Références
- L’évolution du mix énergétique en Europe. © Ember/Agora Energiewende, CC by-4.0
- IEA Datas
- Electricity Map
- Our World in Datas
- Research Gate, Recycling vs Trashing
- Carbon Brief
- Measuringfashion_globalimpactstudy_full-report_quantis_cwf_2018a
- ACV- Outil pour Le Changement (.pdf)
- Fashion On Climate – Full Report
- Du charbon dans le coton – Loom
- L’article de Picture au sujet du mix énergétique
- The Shift Project
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