Des microparticules de plastique se détachent de nos vêtements
Rédigé par Victoire Satto
Le 13 nov. 2020
Minutesde lecture
Depuis 2011, on mesure l’impact des microfibres : des constituants textiles millimétriques issus de plastiques transformés et composites tels que le nylon, l’acrylique, le polyester. Ils se détachent des vêtements à chaque lavage et s’éliminent dans les eaux d’usages vers les océans, plus volontiers quand les pièces sont de mauvaise facture. Ô surprise, selon les travaux de la team de l’écotoxicologiste Mark Browne & Al, le relarguage est massif depuis ces deux dernières décennies et directement corrélé à la consommation de vêtements de basse qualité dans les pays occidentaux ou aux nouveaux consommateurs émergeants.
Les microfibres plastiques dans nos océans
Les microparticules s’accumulent dans l’océan à des niveaux insensés.
Mission Blue – Microplastics causing macro-danger, 2015
Le relarguage est massif depuis ces deux dernières décennies évolue en parallèle de la production et de la consommation de vêtements de basse qualité dans les pays occidentaux ou aux nouveaux consommateurs émergeants, c’est à dire de fast-fashion.
Pourquoi ? Parce que les pièces distribuées par la fast-fashion sont mal conçues pour être :
- Vite produites : assemblage de fibres courtes issues de matières plastiques (Dame Pétrole), moins complexe et moins cher que les fibres longues comme le coton biologique (Dame Nature) ;
- Vite assemblées : l’obsolescence programmée pousse à l’achat. Le système a donc tout intérêt à décolorer nos slips ou trouer l’entre-jambe de nos jeans après quelques lavages ;
- Vite propres : les fibres plastiques sont moins absorbantes, notamment des tâches ;
- Vite jetées CQFD.
Consumer – Consommer
Noir Désir – I’m lost
Les microfibres plastiques, un problème invisible
On ne les voit pas. À la différence d’une vilaine paille qui dérive dans la mousse ou un sac plastique échoué à côté de notre fouta, on est moins conscient de leur omniprésence. Pourtant on cohabite, on les boit, on les mange. Un quart des poissons et crustacés sont remplis de débris fabriqués par l’Humain. Sur deux échantillons d’espèces testées en Indonésie et en Californie, les fragments les plus représentés sont respectivement le plastique et les fibres textiles. Les premiers plutôt dans la chair, les seconds plutôt dans le tube digestif (1) des poissons mangés entiers (sardines, crevettes, anchois… & enjoy your meal).
Macro Trillions of Plastic Bits, Swept Up by Current, Are Littering Arctic Waters – NYTimes
Le microfibres plastiques, un phénomène difficilement quantifiable
On ne connaît pas leur impact ni les meilleures pratiques pour limiter leur diffusion. On cherche encore à savoir s’il est plus judicieux de dépenser des litres d’eau dans la culture du coton biologique, d’exploiter des enfants Ouzbeks retirés de l’école sur décret d’État pour le ramasser, ou de recycler les matières synthétiques à l’infini.
Ce qui est certain, c’est qu’on peut d’ores et déjà agir à toutes les échelles :
Guppy Friend, les sacs de lavage, ci-dessous dans ta fiche Bristol
Comment lutter contre les microparticules de plastiques ?
À l’échelle industrielle
- Investir dans la recherche pour trouver des solutions à long terme : sur les matériaux de construction, l’assemblage, l’entretien.
- Éduquer les consommateur·rices à laver moins, avec des lessives écologiques, et entretenir les vêtements pour les faire durer longtemps.
À l’échelle industrielle citoyenne
Implémenter ces notions dès la conception, dans les écoles de Mode…(2)
– Les polyesters « vierges » se délitent moins que les recyclés, et moins dans les matières polaires et le jersey
– Si les microfibres sont éliminées dès la conception de la matière, elles se perdent moins par la suite
– Les nouvelles technologies de coupes, 3D, ultrasons, sont moins délétères pour la matière…
Voici 8 conseils pour limiter les microplastiques :
- N’acheter que ce dont on a besoin. Se poser les bonnes questions avant l’achat, est-ce que j’ai déjà un vêtement similaire? Est-ce que j’aurais envie de le porter de plus de 30 fois?
- Acheter toujours la meilleure qualité qui soit, même si cela signifie attendre un peu pour le faire, la gratification n’en sera que plus grande.
- Prendre grand soin de ce que l’on possède (En triant son dressing régulièrement, par exemple)
- Laver moins souvent : On lave deux à trois fois trop ces vêtements, alors que pour certaines pièces, comme les jeans, les lavages peuvent être écartés drastiquement.
- Privilégier un lave-linge à ouverture frontale : La rotation du tambour est moins violente, l’usure des fibres est moindre.
- Utiliser Guppy Friend (3) : Ce sac de lavage en machine limite la diffusion des fibres!
- Investir dans un filtre (4) pour les eaux de lavages usées
- Mettre une cora ball (5) dans la machine. Cette petite balle choppe les pelures de vêtements sur son passage
Les filtres machine Filtrol 160
On connait peu de choses au sujet des micro particules de plastique. Tant qu’on ne fera pas face à la réalité du problème, on ne consacrera pas de temps et d’argent à sa résolution.
Côté citoyen·ne, rengaine habituelle : si l’on choisit d’investir dans des vêtements bien fabriqués en privilégiant les matériaux naturels, on réduit leur impact environnemental et on transmet aux marques et aux autorités légiférantes notre désir de consommer durablement, consciencieusement et en transparence. Éternel message : faire durer un vêtement est la manière la plus éco-consciente de procéder, c’est imbattable.
Aucun matériau ne présente un impact environmental nul, il n’y a que des compromis.
Notre but est de trouver la meilleure façon de faire qui soit, la moins délétère, et vous donner les outils pour garder facilement vos vêtements longtemps.
Patagonia – Manifeste.
Et pour finir en joie et en animation, une petite explication de texte par la brillante team The Story of Stuff
Références
- Études croisées de l’Université de Davis en Californie et Hasanuddin en Indonésie
- Microplastics shedding from polyester fabrics
- Guppy Friend
- Filtrol 160
- Cora Ball
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