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Quelles sont les grandes familles de matières alternatives au cuir ?

Vers un monde sans plastique ? Quand on cherche des alternatives au cuir, il existe beaucoup de matériaux sur le marché, disponibles pour certains depuis les années 50. Malheureusement, pas de secret : le moins cher et le plus polluant est aussi le plus disponible. Le PVC et le polyuréthane dominent largement le reste, sous les noms bien connus de “simili” qui ont bercé nos années Spice Girls (#millenialassumée). Quelles alternatives responsables existent et pourquoi peinent-elles à émerger ? Nous avons tenté de classer ces infos, à la lumière des propos d’une experte, Marina Coutelan au micro de notre podcast sur les alternatives végétales au cuir.

Les grandes familles de matières alternatives au cuir

1) Le plastique pas fantastique, les matières dites “simili cuir”, skaï etc

Issues de la pétrochimie, ces matières plastiques ne sont pas intéressantes écologiquement, ce sont pourtant les plus répandues.

  • Le PVC ou poly(chlorure de vinyle) connaît un essor important dans les années 50. Cette matière est peu chère, présente une très forte résistance et de fait bénéficie de nombreux débouchés d’application. Elle pollue massivement car les composés chlorés libèrent des dioxine dangereuse quand ils sont brûlés lors de leur transformation ou de leur destruction, l’écrasante majorité n’étant pas recyclée. Les plastifiants du PVC contiennent des phlatales toxiques, diverses familles de COV (Composés Organiques Volatiles) qui sont des catastrophes environnementales. Aujourd’hui le PVC en Union Européen et au travers de la norme REACH à des composants et des applications très encadrées.
  • En relais du PVC, le polyuréthane (PU) : une forme de résine solide, un caoutchouc de synthèse à bases de polymères issus de ressources fossiles (toujours du pétrole). Sa fabrication est dangereuse. Le PU complexe requiert des solvants pour l’appliquer à l’état liquide sur une base textile. Ces solvants contaminent l’air, le sol et l’eau.

A ce jour, PVC et PU dominent le marché et posent de gros problèmes environnementaux. Leur recyclage et/ou revaliorisation n’est pas ou peu développé·e. Elle est pratiquée en Chine, qui en est aussi l’un des plus gros producteurs et n’a pas les mêmes normes qu’en Europe où le cadre légal est drastique. Ces alternatives sont certes sans souffrance directe de l’animal cuir mais sans intérêt pour l’environnement. Tout cela nous semble relatif si on considère que les animaux souffrent également du réchauffement climatique.

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2) La chimie raisonnée

Des matières développées dans les années 70 lors de la crise pétrolière, mais pas massivement disponibles car alors trop chères. Il s’agit d’incorporer des ressources renouvelables végétales en complément ou en substitution du pétrole. Des grandes familles de produits se développent, de nouvelles générations de polyuréthane à partir de variétés de ressources renouvelables qui constituent une basse, comme l’amidon de maïs par exemple. Cette biomasse pour avoir un intérêt doit venir de résidus de culture (feuilles, racines, pailles) ou de l’industrie agro-alimentaire qui auraient été brûlés autrement.
Aujourd’hui on sait développer :

  • Des PU à 100% issus de ressources végétales, part mineure de l’offre actuelle
  • Des matériaux mélangés, un mix de polyuréthane et fibre végétale de pomme ou encore de maïs. Un grand pourcentage reste cependant d’origine fossile (Frumat déchets de pomme; Vegea déchets de raisin; CWL déchets de maïs)
  • Les polyuréthane améliorés type l’Alter Nappa® développé par Stella McCartney dont les solvants sont à base d’eau
  • Les suédés à base de synthétiques recyclés, polyester recyclé dont certains sont désormais partiellement biosourcés

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3) La chimie verte

Dans la chimie verte, la base est la même : il s’agit de composants issus de la biomasse, comme les fibres extraites des feuilles de l’ananas chez Pinatex, dont les déchets restants sont revalorisés comme engrais ou biocarburants. Dès l’extraction, rien ne se perd. On y ajoute alors des nouveaux naturels enduits chimiquement transformés (Pinatex®, Bananatex®, Beleaf®) voire dans certains cas 100% issus de la biomasse (comme chez Mirum® qui transforme des résidus de plante, huile de soja ou pelures d’orange ou encore Desserto® qui travaille la pulpe de cactus, contenant une protéine à composants adhésifs qui fait le lien avec les additifs naturels).

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4) La biofabrication

La biofabrication s’appuie sur le biomimétisme : il s’agit de reproduire les méthodes de Dame-Nature à partir d’ingrédients naturels.
Par exemple:

  • La culture micro-organismes comme les champignons (dite “cultures mycelienne” chez Mylo® ayant récemment sorti une Stan Smith vegan en collab avec Adidas, mais aussi Leqara®, Mycoworks®…). Ici la mode s’inspire du vivant des recherches d’autres secteurs comme celui de l’agro-alimentaire. Les filaments ramifiés des champignons mis en cultures font un tapis de micelles qui, une fois tanné, produit tanné, teint sans chrome et embossé revêt un aspect cuir.
  • Les “cultures” de collagène soient des protéines, chez Modern Meadows® ou VitroLabs. Ici on recrée une peau à partir d’une protéine de collagène, sans base animale en faisant fermenter les MO (levures) qui deviennent les usines de production de collagène en fermentant, puis on procède à un tannage pour rendre cette matière imputrescible.
    A date, ces matières bio fabriquées ne sont pas encore commercialisables à grand échelle.

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