L’impact des défilés de mode sur l’environnement

Le défilé, une institution

Le défilé est généralement la première chose que l’on voit d’une collection et ainsi le premier élément de communication d’une saison donnée. Le designer pense la collection et met en place les boards d’inspiration. Vient ensuite une réflexion sur l’environnement idéal pour mettre en valeur la collection et l’histoire de la marque. Le défilé est créé pour la salle, pour les médias qui le filment et le photographient, la télé-live, internet-live, le social media-live. L’évènement doit être bien esthétique pour tout le monde et sous tous les angles. Les marques de créateurs misent sur le défilé comme élément de communication là où les grands Maisons peuvent se permettre de communiquer avec du contenu digital jusqu’à la mise en boutique de la collection.

© Chanel Automne/Hiver 2017/18 Patrick Kovarik AFP

Le bilan carbone des Fashion Weeks physiques

Si le vêtement est passé au peigne fin au travers de ses méthodes de production et de l’origine des matières, l’impact d’un défilé semble passer à la trappe environnementale et ses coulisses demeurent opaques. Les chiffres sont tombés. The Carbon Trust estime les émissions de carbone des Fashion Weeks : chaque année, 241 000 tonnes de CO2 seraient émises notamment par les déplacements des acheteurs et des designers durant les Fashion Weeks de New York, Londres, Milan, Paris. Ce qui équivaut à éclairer Times Square pendant 58 ans. Les principales sources d’émissions carbone sont les suivantes : 

• Trajets en avion : 147,000 tCO2 
• Logement et hotel : 78,000 tCO2e 
• Voyage entre les villes : 11,000 tCO2e 
• Transport des collections : 5,000 tCO2e

Ces données existent grâce à la collaboration de grandes institutions du secteur de la mode et du luxe telles que la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, Vogue Runway, The British Fashion Council… Les Maisons et marques de mode décident des tendances, du rythme et ainsi de la consommation. Elles ont entre les mains le pouvoir de faire changer les choses.
Alors que Ordre.com préconise le défilé digital parmi les alternatives éco-responsables aux défilés physiques, la pandémie tranche net. Désormais, on “press play” pour assister à un défilé. Les Tik Tokeurs lancent le #Frontrowchallenge laissant voir des vidéos d’eux assis sur une chaise, applaudissant le show fictif vêtus des tenues qu’ils auraient portées aux défilés Miu Miu, Prada, Gucci…
Du fait d’une diminution (forcée) de déplacements, l’empreinte environnementale peut sembler moins importante. Pour autant nous n’avons que très peu de données quant à la pollution numérique engendrée par le téléchargement des vidéos des shows en ligne. Ils sont souvent de très haute qualité et visionnables à l’infini.

Un défilé en mode green ?

La norme ISO 20121

La norme ISO 20121 promeut le développement durable dans l’évènementiel et s’applique aux festivals comme aux défilés. Elle donne des lignes directrices et marches à suivre pour gérer un évènement en maîtrisant son impact social, économique, environnemental. Bureau Betak, entreprise spécialisée dans la production et le design de défilés de mode, a reçu la certification ISO 20121. 

© Bureau Betak, défilé Kenzo SS21

De la théorie à la pratique 

Bureau Betak s’engage à respecter 10 commandements green de l’approvisionnement à la production du défilé : design éco-responsable, réutilisation ou upcycling de matières existantes, tolérance zéro plastique, recyclage de 100% des déchets des évènements…Il faut inventer une manière éco-responsable de penser le défilé tout en tenant la promesse de créer un moment et un environnement qui s’inscrivent dans l’histoire de la marque. Le set d’un défilé est créé un mois à deux mois avant le Jour J. L’éclairage, les restaurants, les voyages, l’eau, les prestataires, les matières, les invitations, le décor, les fleurs…Rien n’est à négliger afin de réduire l’impact carbone. Il faut être rigoureux, le moindre détail compte. Une approche locale permet de réduire drastiquement l’impact environnemental aussi bien pour les vêtements que pour un défilé. Des mannequins casté·es localement, des matières sourcées à proximité, un lieu en nature ou une architecture aux alentours…