L'édito mensuel de la Fédération de la Mode Circulaire, par Clara Cherblanc
La révision du cahier des charges de la filière REP textile, prévue pour 2026, marque une étape décisive pour l’avenir du secteur. Entre ambitions environnementales, enjeux de compétitivité et nécessité de soutenir le réemploi et l’upcycling, cette réforme pourrait transformer une logique de gestion des déchets en véritable stratégie industrielle et circulaire.
La filière textile, linge de maison et chaussures (TLC) est soumise depuis 2007 en France au principe de Responsabilité Élargie du Producteur (REP). Ce dispositif impose aux metteurs en marché de financer la gestion de la fin de vie des produits qu’ils commercialisent. L’éco-organisme Refashion, agréé par l’État, en assure la mise en œuvre.
En 2026, un nouveau cahier des charges devrait entrer en vigueur. Ce document définira les missions de l’éco-organisme, ses objectifs environnementaux et ses modalités de financement. La révision, initiée sous l’impulsion de la Ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, est intervenu cet été dans un contexte de crise pour la filière. Les acteurs peinent à rentabiliser leurs modèles, alors même que les volumes de textiles usagés ne cessent de croître et que les débouchés traditionnels s’essoufflent.
Les discussions ont été riches et de nombreux acteurs se sont mobilisés afin d’émettre des recommandations à même de répondre aux enjeux de la crise textile. Dans ce cadre, la Fédération de la Mode Circulaire (FMC) s’est engagée à représenter les acteurs de la mode circulaire afin que cette réforme devienne une opportunité de transformation réelle et partagée.
Un cadre juridique en mutation
En quelques années, le cadre réglementaire a profondément évolué. La loi AGEC de 2020 et la loi Climat et Résilience de 2021 ont introduit de nouvelles obligations structurantes par la modulation des éco-contributions selon des critères environnementaux, la création d’un fonds réparation pour prolonger la durée de vie des produits et dès le 1er octobre 2025, la mise en oeuvre de l’affichage environnemental, symbole d’une nouvelle ère de transparence.
À l’échelle européenne, la révision de la directive cadre déchets et le futur Règlement sur l’écoconception (ESPR) imposent une convergence des pratiques. La révision du cahier des charges de Refashion doit donc être l’occasion de mettre en cohérence ces différents cadres et de doter la France d’un dispositif robuste, transparent et aligné sur les ambitions européennes.
De la gestion des déchets à une logique industrielle
Les limites du système actuel sont connues. Les capacités de collecte et de tri ne suffisent pas à absorber les volumes mis sur le marché, le recyclage industriel reste embryonnaire et une part importante des flux continue de partir à l’export. Ces constats appellent une réponse qui dépasse la simple logique de gestion des déchets pour s’inscrire dans une véritable stratégie industrielle.
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