Des vêtements de sports, joggings, baskets, shorts etc. Derriere eux, des bandes de tissus.

Pour un sportswear durable, quelles sont les alternatives aux matières synthétiques ?

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Polyester, elasthanne… Malgré leur impact environnemental, les matières synthétiques continuent de dominer très largement le marché du sportswear. Une question cruciale persiste : comment conjuguer performance et éco-responsabilité dans le domaine des vêtements de sport ? Les marques sont en quête de matériaux capables de concilier performances techniques et respect de la planète. Quelles innovations redéfinissent le paysage du sportswear durable ? Du ricin aux algues marines, des polymères au polyester recyclé, que nous réserve l’avenir des matériaux sportifs respectueux de l’environnement.

En partenariat avec Première Vision Paris.

Les vêtements de sport sont soumis à des contraintes différentes de celles que subissent nos vêtements du quotidien. Contraintes physiques, d’abord, liées aux torsions car les vêtements de sport sont bien plus en mouvement que les vêtements de tous les jours, mais aussi liée à l’état du corps à l’intérieur qui chauffe et transpire. Contraintes météorologiques, ensuite, si on parle de sport de plein air. Il faut alors protéger du froid, de la chaleur, du soleil, de la pluie. Le vêtement de sport doit donc être tout à la fois respirant, léger, élastique, thermo-régulant, solide et stylé ! S’il peut aussi être antibactérien et anti-odeur, c’est encore mieux. Les marques et leurs designers perçoivent eux-mêmes l’incompatibilité, à priori, de ces contraintes techniques face aux enjeux esthétiques et environnementaux. Le sportif espagnol Kilian Jornet, plusieurs fois champion du monde de ski-alpinisme mais aussi médaillé d’alpinisme, d’ultra-trail et de course en montagne, s’est récemment associé à Camper pour produire ses propres vêtements de sport. Avec sa marque NNormal, il propose des chaussures de course à pied adaptées à la montagne et aux conditions les plus rudes. Interrogé, il affirme lui même “Tout l’enjeu de nos designs est de lier des demandes paradoxales, à la fois le style et la performance.”

 

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 Pour un sportswear durable, les solutions sont souvent dans la nature !

Le ricin, le lin et les algues marines, des alternatives surprenantes

Parmi les matériaux innovants, les tissus en huile de ricin étonnent. Popularisés par la marque Nosc, ils offrent des propriétés exceptionnelles : anti-odeur, la thermorégulation, séchage rapide, résistance à l’abrasion. Ce bioplastique  est 25 % plus léger que le polyester. Le lin, qu’on connaît bien comme une alternative plus responsable et locale au coton, émerge aussi comme une matière idéale pour la confection de vêtements de sport. Reconnu pour sa solidité et sa respirabilité, il a surtout pour lui une vraie plasticité : dans le sport, il peut aussi bien servir à la production de pièces de maintien près du corps (leggings, brassières…) que sur des pièces plus fluides comme les t-shirts ou les shorts. Ces deux matériaux sont aussi locaux. Le nord de la France concentre la plus grande part du lin mondial, et une partie de la fabrication des tissus en ricin.

Tenue de sport de la marque Nosc, faite en graines de ricin.
Tenue de sport en ricin par Nosc. Crédit : Nosc

Parmi les innovations récentes, il faut également citer les tissus Seacell qu’on trouve chez le fournisseur portugais A.Sampaio & Filhos, un matériau nouveau et biodégradable conçu à partir de cellulose (issue du bois) et d’algues marines. Ses capacités anti-bactériennes et élastiques en font un produit très demandé par les marques de sportswear qui souhaitent utiliser des matériaux durables. 

Le coton ciré : le retour d’une matière technique ancienne

L’héritage séculaire du coton ciré prend une nouvelle dimension en tant que matière technique polyvalente et intemporelle. Les efforts d’entreprises pionnières, notamment British Millerain au Royaume-Uni, font ré-émerger cette technique ancienne. On cire en effet les imperméables en coton depuis le XVIIIe siècle pour les rendre plus isolants et résistants à l’eau. Son imperméabilité le rend idéal pour les sports de plein air. British Millerain a perfectionné cette technique au fil du temps, avec une gamme de tissus basés sur la même technologie, mais avec chacun des caractéristiques spécifiques. Pour les vêtements de sport, ils proposent deux tissus innovants, Tekwax et Staywax. Réalisés à partir d’un mélange de cires, ils sont à la fois légers, lavables en machine, fluides et plus secs au toucher. Les tissus Staywax offrent même une imperméabilité totale.

Etiquette d'une veste en coton ciré de chez British Milerain.

 

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La laine mérinos augmentée 

La laine mérinos est sans doute la plus grande star du sportswear responsable, réputée pour ses capacités thermorégulantes. Les pièces en laine mérinos maintiennent le corps à une température agréable par temps froid ou chaud. Elles sont adaptées à diverses activités sportives, de l’épais pull de ski au léger t-shirt de running, absorbent la transpiration et sèchent rapidement. La laine mérinos se prête encore à l’expérimentation et à l’innovation technique. A. Sampaio & Filhos propose, par exemple, de revisiter la fibre mérinos avec son tissu Spacer, un tissu léger et doux, constitué à 91 % de laine Mérinos fine et qui pèse seulement 240 grammes, offrant un rapport exceptionnel entre chaleur et poids. Grâce à sa construction unique. La haute teneur en laine Mérinos assure une gestion optimale de la température : le tissu génère de la chaleur même lorsque la fibre est humide.

Des matières artificielles techniques existent pour remplacer les matières synthétiques

La demande en innovation est réelle. Les marques ne demandent qu’à découvrir de nouvelles matières qui leur permettront de répondre à toutes leurs contraintes techniques. “Nous recherchons constamment des partenaires matériels adaptés pour atteindre nos objectifs en matière de durabilité et de performance.” confirme Kilian Jornet. Les marques cherchent aussi des productions locales, au plus près de leurs usines de confection. L’opportunité est mondiale. “Pour nous, c’est important de pouvoir trouver des matériaux sourcés au plus près de nos usines pour réduire notre impact environnemental.”

Les contraintes techniques sont telles, notamment pour les chaussures et les vestes outdoor, qu’il est très difficile d’éviter le polyester, à la fois isolant et imperméable. Il reste alors l’option des matériaux synthétiques recyclés qui, sans être parfaits, présentent des atouts indéniables : solidité, imperméabilité, et surtout leur prix. Ils offrent une solution rapide et durable à la montagne de déchets plastiques qui nous entoure. Des alternatives émergent pour rendre un peu plus durable ces matériaux. Basé en Corée du Sud, Daewoong Fnt propose, par exemple, des tissus en polyester et spandex non teints et dont la production consomme et pollue des quantités bien moindres d’eau, par rapport à une production traditionnelle. Mieux encore, Daewoong Fnt offre toute une gamme de matériaux conçus à base de biopolymères. Ils imitent le polyester, sans plastique et sans produits toxiques, ni phtalates, ni métaux lourds.

Optimiser les méthodes de production : un impératif pour le sportswear durable

Si l’utilisation de certains matériaux polluants est difficile à éviter, les marques peuvent toutefois adapter leurs méthodes de conception de manière à réduire leur consommation et le gaspillage. “Nous essayons d’éviter de multiplier les composants pour éviter les collages excessifs est l’utilisation de colle.”, explique Kilian Jornet. “Nous cherchons à utiliser la quantité juste de matériaux, à maximiser l’efficacité matérielle par produit.

Une basket de la marque Nnormal, blanche avec une semelle bleue.
Les baskets Nnormal sont conçues de manière à limiter l’utilisation de matériaux pétrochimiques. Crédit : Nnormal

La laine mérinos se prête bien au tricotage 3D, une méthode de tricotage zéro déchet. La confection est sans couture donc plus confortable, et sans découpe donc sans gaspillage de matière.

Les marques d’outdoor sont de plus en plus nombreuses à voir un paradoxe dans le fait de détruire la nature alors même qu’on cherche à pouvoir l’explorer. Ces marques produisent des équipements destinés à explorer la nature, mais leur production génère des quantités importantes de CO2, font appel à des matériaux polluants issus du pétrole. Ce paradoxe s’exprime parfaitement dans le concept Leave no Trace développé par Kilian Jornet et sa marque NNormal : “Your path, no trace. Cela signifie que nous prenons toujours en compte notre impact environnemental et que nous essayons de le réduire au maximum.”

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Commentaires 1
  1. Merci de mettre en avant le lin dans votre article 🙂
    Le lin n’est cependant pas si souple en comparaison avec d’autres fibres naturelles comme le coton ou encore la laine. Il est donc assez complexe de transformer cette fibre vertueuse en legging et brassière…mais avec patience et persévérance on y arrive 😉

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