En ouvrant ses portes à Shein, la Société des Grands Magasins s’est attiré les foudres d’un secteur déjà fragilisé. Le partenariat, inédit pour le géant chinois jusqu’ici réservé à la vente en ligne, ravive les doutes sur la stratégie du groupe familial Merlin, propriétaire du BHV Marais depuis 2023. Pointée du doigt pour plusieurs mois d’impayés envers ses marques partenaires, la SGM voit ce 8 octobre la Banque des Territoires lui retirer son soutien financier convenu pour le rachat des murs du grand magasin parisien. Entretien avec deux marques ayant décidé de quitter les lieux suite à l’annonce de l’arrivée de Shein, après des mois d’impayés.
L’annonce est tombée comme un couperet. Le 1er octobre, le BHV Marais à Paris ainsi que cinq franchises Galeries Lafayette de l’Hexagone ont annoncé un partenariat avec Shein, symbole honni de l’ultra fast fashion. En quelques heures, la nouvelle a provoqué un véritable tsunami de protestations dans la filière française, notamment chez les marques partenaires.
Certaines enseignes n’ont pas attendu de voir les premiers vêtements du géant chinois arriver en rayon pour quitter le navire. Odaje, Maison Pechavy, Culture Vintage ou encore les cosmétiques Aime et Talm ont annoncé leur départ du BHV sur LinkedIn ou Instagram. Une liste qui pourrait bientôt s’allonger, selon les retours de l’intersyndicale CFDT, CFTC, CGT, Sud Solidaires et CGC.
Des retards de paiement accumulés
Bloc citation « Nous avons touché notre dernier paiement le 7 août : cela correspondait aux ventes du mois de mars », Guillaume Alcan, co-fondateur d’Odaje
Au-delà du rejet de Shein, la décision de la Société des Grands Magasins (SGM, famille Merlin) – qui a racheté le BHV auprès du groupe Galeries Lafayette en 2023 – a ravivé un malaise latent. Depuis le début de l’année, les témoignages s’accumulent pour dénoncer une communication déplorable de la part de la direction et surtout « des retards de paiement de plusieurs mois » du grand magasin, qui encaisse pour le compte des marques.
Co-fondateur d’Odaje, Guillaume Alcan situe le début des difficultés à il y a environ un an.
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