Si Paris reste le système nerveux central, le cœur et le cerveau de la mode tricolore, un nombre croissant de marques et de fabricants choisissent de s'installer en province. Entre réseaux locaux et circuits de proximité, ce retour au cœur des territoires est en train de devenir un levier de réinvention pour la filière textile, notamment en matière de durabilité et d'économie circulaire. Ce phénomène de réancrage n'est pas tout à fait nouveau. Depuis toujours, certains fleurons de la mode tricolore ont voulu garder une présence hors de la capitale, que ce soit Lacoste et Petit Bateau à Troyes,  ou Saint-James en Normandie, le plus souvent dans des territoires qui ont une longue tradition textile. Pour autant, aujourd'hui, le choix de ne pas s'installer à Paris s’explique aussi bien par une volonté de reconquête industrielle que par la souhait d'envisager la mode autrement. Après des décennies de délocalisations, la reconstitution d’un savoir-faire français au cœur des régions participe à la réindustrialisation de la filière et favorise les pratiques écologiques.  À Roanne, 1083, inventeur du jean fabriqué à moins de 1083 kilomètres du domicile du client, a démontré qu’un modèle industriel responsable et économiquement compétitif pouvait naître loin de Paris. À Nevers, Losanje, spécialiste de la revalorisation et de l'upcycling, donne une seconde vie aux textiles dormants en mettant à profit les ressources locales. À Pessan, petit village du Gers, Pétrone conçoit des sous-vêtements durables, de qualité et à un prix accessible.  La proximité avec les artisan·es,  la valorisation du Made in France, la capacité à trouver plus facilement des tissus à recycler représentent autant d'atouts pour concevoir des vêtements et des accessoires qui ont un moindre impact environnemental. La province va-t-elle devenir le nouvel Eldorado de la Green Fashion ?

De nouvelles dynamiques territoriales