blocs de textiles usagés

Recyclage textile : une réforme gouvernementale de fond pour une filière REP en crise

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Le constat est désormais largement partagé par les professionnel·les comme les citoyen·nes sur les réseaux : la filière française de collecte, tri et de recyclage des textiles, linge de maison et chaussures (TLC) est en grande difficulté. Face à une croissance exponentielle des volumes de déchets textiles, un modèle économique fragilisé et des débouchés à l’export en voie de fermeture, le gouvernement entend reprendre la main. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, a annoncé ce 17 mai l’ouverture d’un chantier de révision en profondeur du cahier des charges de la filière REP TLC. Objectif : reconstruire une chaîne de valeur circulaire, solide et locale, capable de répondre aux défis sociaux, économiques et environnementaux de l’industrie textile. En parallèle à l'affichage du coût environnemental des vêtements désormais validé par la Commission européenne, cet engagement gouvernemental paraît de bonne augure pour l’adoption le 10 juin de la loi dite “anti-fast fashion”, visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile.

Une filière REP asphyxiée par l’ultra fast fashion

Instaurée en 2009, la filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur) impose aux marques de financer la fin de vie des produits qu’elles mettent sur le marché, via une éco-contribution versée à un éco-organisme, aujourd’hui Refashion. Si ce système a permis de structurer la collecte et le tri avec l’appui de l’économie sociale et solidaire, il montre aujourd’hui ses limites.

Selon les données du ministère, seuls 33 % des textiles usagés sont collectés, et moins de 10 % trouvent une seconde vie par le réemploi sur le territoire national. La majorité est exportée vers des pays tiers, où leur traitement échappe à toute traçabilité fiable, de la revente sur des marchés locaux de seconde main à la décharge à ciel ouverte. Dans le tiers collecté, seulement autour de 30 % sont recyclés, principalement hors d’Europe,  faute de filières adaptées sur le continent et de moyens alloués à leur industrialisation.

En toile de fond, la croissance effrénée de l’ultra fast fashion aggrave la situation. En quinze ans, les volumes mondiaux de déchets textiles ont bondi de 40 %. A raison d’un camion benne de déchets déposé par seconde dans les zones à ciel ouvert, la surproduction de vêtements à bas prix, de faible qualité, conçus pour être consommés puis jetés, a rendu le modèle de gestion des déchets textile obsolète. De plus, les débouchés à l’export, longtemps une variable d’ajustement, se ferment peu à peu, notamment en Afrique, mettant en péril le modèle économique des acteur·ices du tri et du réemploi.

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