Un point en plus pour le minimalisme ? S’il vous fallait un argument supplémentaire pour calmer la frénésie de production d’objets matériels, c’est à nouveau scientifiquement prouvé [1,2] : les achats expérientiels génèrent plus de bonheur que les achats matériels, tant dans l’anticipation que sur l’instant et fabriquent des souvenirs qui rendent davantage heureux à long terme. On vous présente les résultats de l’étude publiée en 2020 dans Journal of Experimental Social Psychology par l’équipe du chercheur Amit Kumar.
On obtient plus de bonheur des expériences que des biens matériels
Amit Kumar est Professeur adjoint de marketing McCombs School of Business de l’Université du Texas à Austin. Il étudie la responsabilité des activités de consommation marchande (bien et services) dans le bonheur et sa maximisation. Dans une revue publiée en mars 2020, deux études ont été menées pour déterminer lesquels des achats matériels (objets) ou dématérialisés (expériences) apportent davantage de bonheur aux consommateur·ice·s. 2 635 adultes ont été inclus dans la 1ère partie de l’étude, vivant aux Etats-Unis; toutes et tous ont été assigné·e·s au hasard à un groupe matériel ou expérientiel. Puis, les participant·e·s ont reçu des SMS aléatoires au cours de la journée pour surveiller leurs émotions et leur comportement d’achat. Les biens matériels concernaient des objets tels que des bijoux, des vêtements ou des meubles ; les expériences incluaient la participation à des événements sportifs, dîners au restaurant, concerts, voyages cariés, expositions, etc… Les résultats montrent unanimement que le bonheur (déclaratif) était plus élevé pour les participant·e·s du groupe expérientiel que pour les achats matériels dans chaque catégorie, quel que soit le coût de l’article.
Les expériences provoquent également plus de satisfaction à long terme, à travers leurs souvenirs, bien que paradoxalement nous passons plus de temps avec les objets. Une explication possible, d’après les chercheurs, est la capacité des expériences à inscrire des souvenirs dans nos mémoires, dont la valeur grandit avec le temps, tandis que la valeur perçue des biens matériels s’affaiblit progressivement.
Une étude valide dans les sociétés occidentales aisées
Pour évincer les biais liés aux différents types possibles de consommateurs, les chercheurs ont mené une deuxième étude dans laquelle 5 254 autres adultes, de 31 ans d’âge moyen, devaient d’abord évaluer leur bonheur, puis signaler s’ils avaient effectué, apprécié ou utilisé un achat matériel ou expérientiel au cours de la dernière heure. S’ils répondaient « oui », ils étaient soumis à une série de questions et de détails sur leur achat. Les résultats étaient similaires : quand la même personne consommait une expérience, elle se déclarait plus heureuse, quel que soit le moment où le bonheur était mesuré : avant, pendant ou après l’acte de consommation. Il est difficile de comparer une chemise à un voyage, mais même en tenant compte du prix, les résultats sont semblables.
Tous les participants à l’étude étaient occidentaux, éduqués, issus de sociétés industrialisées, riches et démocratiques (principalement des États-Unis). De fait, ces résultats ne peuvent pas être extrapolés à l’humanité. Mais il montrent clairement qu’à minima, au sein des sociétés les plus concernées par la consommation de bien marchands, les expériences procurent plus de bonheur instantané et à long terme que les biens matériels.
Conclusion : collectionnez les souvenirs, pas les objets
“Si vous voulez être plus heureux·se, il serait peut-être sage de détourner une partie de votre consommation des biens matériels au profit des expériences“. “une leçon facile que les gens peuvent appliquer pour améliorer leur vie”, écrivent les chercheurs.
Références
[1] Buying happiness: Differential consumption experiences for material and experiential purchases – January 2013 Advances in Psychology Research 98:57-69
[2] Amit Kumar, Matthew A. Killingsworth, Thomas Gilovich. Spending on doing promotes more moment-to-moment happiness than spending on having. Journal of Experimental Social Psychology, 2020; 88:103971