Déperdition d’information, manque de réactivité, absence de visibilité, perte de compétitivité… Alors que la plupart des entreprises sont devenues data-centric, les chaînes de valeurs sont encore trop souvent pénalisées par une organisation en silos qui intègre les données de façon compartimentée et incomplète. Pour y remédier, les marques de mode peuvent opter pour des solutions qui unifient la data, et en retirer de nombreux bénéfices au regard de la gouvernance, de la gestion quotidienne interne et de l’interopérabilité entre les acteurs.
Selon l’étude “The High Cost of Bad Data in Supply Chain Management“ réalisée par Trax Technologies en janvier 2022, les entreprises ont perdu 600 milliards de dollars au niveau mondial en 2021 à cause de données erronées ou manquantes dans leurs chaînes de valeur. Ce chiffre n’a guère évolué depuis.
L’absence de circulation fluide de l’information et l’incapacité à produire des insights cohérents entre eux freinent la collaboration entre les services, compliquent les prises de décisions, brident l’innovation, ralentit les délais de commercialisation. Par ailleurs, sans unification des données, garantir l’origine des produits et répondre aux exigences de mise en conformité devient mécaniquement plus difficile.
Pour les marques de mode, cet enjeux est encore un peu plus saillant car les chaînes de valeur du secteur sont depuis toujours complexes, fragmentées et opaques, constituées de nombreux fournisseurs répartis à travers le monde, alors même que la traçabilité est devenue un impératif pour répondre aux réglementations sociales et environnementales.
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Collecter, traiter et unifier la donnée
L’objectif aujourd’hui est de faire évoluer le modèle traditionnel organisé en silos pour aboutir à une chaîne de valeur optimisée de bout en bout par la data, qui sera dès lors plus agile et plus efficace.
Grâce à l’automatisation, les données brutes peuvent être recueillies de manière sécurisée auprès de chaque intermédiaire, de chaque fournisseur, de chaque partie prenante pour être nettoyées, corrigées, formatées et enrichies. Elles peuvent ensuite être exploitées par les métiers grâce à des tableaux de bord interactifs, des outils d’analyse prédictive, ou des applications d’aide à la décision, en offrant une vision complète et immédiate de l’ensemble des processus opérationnels. Cette transparence en temps réel permet de garantir la fiabilité et la conformité de chaque maillon des chaînes de valeur face aux exigences réglementaires.
Pour autant, ce type de transformation ne relève déjà plus uniquement du choix pour les acteurs du textile. « Les nouvelles réglementations obligent les marques à vérifier leurs chaînes de valeur et à calculer leur impact carbone. En Europe, ce sera encore plus le cas avec le Digital Product Passport à partir de 2027, qui prévoit la mise en place d’un QR code pour, entre autres, indiquer l’origine des matières utilisées, son empreinte carbone, ou encore donner des informations pour le recyclage du produit en fin de vie » explique Matthieu Griziaux, Business Development Director Fashion chez Lectra.
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Un arsenal de solutions innovantes
“C’est un modèle de jumeau numérique qui traque, contrôle et authentifie les volumes de matières certifiées en circulation en alliant technologie et expertise humaine.” Matthieu Griziaux, Business Development Director Fashion chez Lectra
Conçu sur mesure pour l’industrie de la mode et proposé par Lectra, TextileGenesis est un outil de traçabilité qui rend les chaînes de valeur entièrement transparentes afin de prouver l’authenticité et la provenance des textiles durables. Les différentes parties prenantes, depuis les fabricants de fibres jusqu’au fournisseurs de produits finis en passant par les filatures, les teintureries, les ateliers de découpe ou les usines de tissus, enregistrent sur la plateforme chaque transaction effectuée, en indiquant le volume en kilos et l’origine des matières. « Ces déclarations sont d’abord vérifiées grâce à l’IA, puis par un réseau international d’experts présents sur le terrain qui échangent au quotidien avec les fournisseurs. C’est un modèle de jumeau numérique qui traque, contrôle et authentifie les volumes de matières certifiées en circulation en alliant technologie et expertise humaine. » précise Matthieu Griziaux.
Autre exemple avec Kubix Link, une solution disponible dans le Cloud Lectra. Pensée spécialement pour les acteurs de la mode et du textile, cette plateforme PLM (Product Lifecycle Management) permet de centraliser, de consolider et de gérer en temps réel la totalité des données relatives à un produit, design, développement de patronage, type de composants, origine des matières. Cet outil facilite ainsi la mise en conformité avec les exigences réglementaires, tout en améliorant la collaboration entre les services.
Dans un monde où l’innovation numérique progresse très rapidement et où la permacrise fragilise l’économie, cette digitalisation à marche forcée des chaînes de valeur représente une véritable opportunité. Elle permet de gagner en résilience en apportant un gain d’efficacité plus que conséquent, en améliorant la gestion des risques et en renforçant la capacité à répondre aux aléas.
Pour en tirer pleinement partie, les marques de mode devront investir dans la mise à niveau de leurs parcs d’outils, ainsi que dans la formation et le recrutement. C’est une condition sine qua none pour intégrer correctement ce new deal de la gestion des données.
