Ces 3 tendances estivales qui sont des exemples d’appropriation culturelle
Rédigé par Louna Scherrer
Le 22 juil. 2022
Minutesde lecture
L’appropriation culturelle est un phénomène dangereux, dont les exemples sont nombreux dans l’industrie de la mode. Cet été, tissu en wax, baya et tresses collées sont au cœur des tendances. Peut-on adopter ces styles librement sans que cela ne soit problématique ? On fait le point dans cet article.
Qu’est-ce que l’appropriation culturelle ?
L’appropriation culturelle est l’usage d’éléments culturels, matériaux ou immatériaux, d’une culture dominée par une culture dominante. Racisme originaire, appauvrissement de la culture dominée, effacement identitaire, renforcement de la suprématie blanche…Cette appropriation à des fins de profits est problématique à différents niveaux.
Peut-on suivre les tendances estivales sans être accusé·e d’appropriation culturelle ?
Conscientiser son dressing pour s’écarter des tendances
Notre premier conseil restera toujours de ne pas suivre les tendances qui défilent sur Instagram, leadées par les séries ou certain·e·s influenceur·euse·s, mais plutôt de porter des vêtements intemporels dans lesquels vous vous sentez bien. Faites de vos achats des événements exceptionnels et chérissez vos dressing déjà bien remplis, customisables à l’infini !
Fabriquer soi-même le produit
Un des problèmes majeurs de l’appropriation culturelle est l’argent illégitime que certaines marques se font sur le dos de cultures dominées. Si vous souhaitez absolument succomber à une tendance issue de l’appropriation culturelle, vous pouvez vous en servir comme inspiration et réaliser vous même la pièce en question, afin de ne pas donner votre argent aux marques problématiques (à condition de ne pas générer de profit à partir de votre propre création). Pour réaliser un baya, par exemple, privilégiez les perles de seconde main qui se vendent par lots sur les plateformes circulaires ou sur les brocantes.
Acheter le produit chez une marque légitime
Si vous souhaitez acquérir le produit neuf, renseignez-vous sur les différentes offres afin de donner votre argent à des marque légitimes et éthiques. Pour le wax, par exemple, optez pour une marque qui produit de manière éco-responsable, dans un atelier artisanat africain, comme Panafrica.
Connaître l’histoire du produit
Si vous choisissez consciemment de porter un produit qui émane d’une autre culture, faites le en ayant conscience de ce qu’il représente. Renseignez-vous en amont sur l’histoire de la pièce que vous portez et son origine. Dans cet article, on fait le point sur trois tendances :
3 exemples d’appropriations culturelles que vous allez croiser cet été
Le baya
Le baya, qu’est-ce que c’est ?
Le baya est un bijoux en perles qui se porte au niveau des hanches, autour du bassin. Les perles qui le composent peuvent être de différentes matières : coquillage, métal, diamant, or, ivoire…
D’où vient le baya ?
Aussi appelé bin bin ou affléma dans certains pays, le baya est un héritage culturel et ancestral de l’Afrique. Cet ornement est un symbole de protection, que les mères transmettent à leurs filles dès la naissance. On confère aux perles des vertus médicinales, comme la guérison des maux de reins, ou même des pouvoirs de protection contre les mauvais esprits. Pour les jeunes femmes, il est aussi un symbole de féminité, de fertilité et sensualité, qui sublime tous les types de morphologie et attire l’oeil du partenaire dans un objectif de séduction.
©PanafricaShoes
Le wax
Qu’est ce que le wax ?
Vous avez surement déjà croisé ce tissu africain, sur les marchés ou en boutique. Composé de coton, il arbore généralement des motifs géométriques de différentes couleurs majoritairement vives, notamment le rouge et le jaune.
D’où vient le wax ?
Contrairement aux idées reçues, le wax n’est pas originaire d’Afrique [1] : Il est apparu au 19ème siècle, importé par des colons néerlandais installés en Indonésie. Littéralement, wax signifie “cire” en anglais. L’imprimé coloré est inspiré d’une technique d’impression javanaise : le batik, qui consiste à tremper un tissu dans un bain de teinture, en recouvrant certaines parties de cirage hydrophobe afin qu’elles ne se colorent pas, créant ainsi des motifs [2].
C’est seulement au 20ème siècle que le wax s’est démocratisé en Afrique, jusqu’à devenir un symbole identitaire. Grâce à la révolution industrielle en Europe, il a été produit plus rapidement. Les motifs, créés par les Européens, sont inspirés de la culture africaine. En raison de l’usage du pagne par les femmes africaines, les motifs sont imprimés dans le sens de la largeur du tissu.
© 1. La Dame de Brassempouy
La tresse africaine
Qu’est-ce qu’une tresse africaine ?
La tresse africaine, ou natte africaine est une coiffure collée au crâne, dont l’entremêlement est plus complexe que la tresse classique à trois brins. Celle-ci peut être réalisée de différentes façons selon la nature et la longueur du cheveux. Elle est généralement plaquée et part du sommet du crâne puis se prolonge tout au long de la tête.
D’où vient la tresse africaine ?
La tresse africaine est profondément liée à la communauté africaine, dont la nature des cheveux, crépue, est propice à ce type de coiffure. On retrouve des traces de cette coiffure dés la préhistoire, avec la Dame de Brassempouy, figurine en ivoire découverte en 1894. Née au sein des premières civilisations, la tresse s’est propagée à travers le continent.
Durant la période de l’esclavage, les africaines cachaient dans leurs tresses du riz et des graines afin de s’alimenter, transformant cette coiffure en symbole de résistance. Une fois l’esclavage aboli, cette coiffure a laisser place aux cheveux lissés, avant de revenir à la mode avec les mouvements de réappropriation de la culture noire durant la ségrégation. Au début des années 2000, la coiffure connaît à nouveau un fort succès, notamment grâce à la culture hip-hop et au RnB afro-américain.
Certains artistes la mettent en valeur, comme Alicia Keys, Beyonce ou Amel Bent. [4] Aujourd’hui, cette coiffure est un véritable art ancestral, un symbole identitaire ethnique [5] qui se transmet de mère et filles et qui est même la spécialité de certains salons de coiffure.
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