Microfibres plastiques liées aux vêtements, où en est-on en 2021 ?
Rédigé par Renaud Petit
Le 14 avr. 2021
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À chaque lavage en machine, des milliers de microparticules de matière se détachent de nos vêtements, en particuliers ceux composés de matières issues de la pétrochimie, et sont évacuées dans les eaux usées puis dans l’environnement. Malheureusement, cela concerne en particulier ceux qui sont composés de matières issues de la pétrochimie. Quand nous lavons des vêtements synthétiques (polyester, polyamide, élasthanne, etc.) nous inondons littéralement les océans de plastique. Les gouvernements et les citoyen·nes commencent à prendre la mesure du problème et la question est désormais officiellement posée. Puisqu’il ne suffit pas d’y penser, mais qu’il faut aussi agir, quelles sont les solutions actuellement sur la table en 2021 ?
Rappel des faits au sujet des microparticules de plastiques qui se détachent de nos vêtements
Le problème est sérieux : les microparticules de plastique relâchées par le lavage domestique des vêtements constituent la 3e source de pollution au plastique dans les océans. D’après la branche allemande de WWF [1], l’Europe relâche à elle seule 30 000 tonnes de ces particules chaque année.
En France, la législation au secours des océans ?
La France est le premier pays à légiférer sur cette source de pollution.
Dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, le pays imposera d’ici 2025 que tous les lave-linges neufs vendus sur son territoire soient équipés de dispositifs capables de filtrer ces microparticules afin qu’elles ne finissent pas leur course dans l’océan.
Petit bémol néanmoins : la loi est en avance sur la technologie. Les industriels ne sont pas encore décidés sur une méthode commune et 100 % efficace pour répondre à ce problème. Les ingénieur·es sont donc en ébullition pour trouver une solution parfaite et applicable à grande échelle avant la date butoir.
Quelles pistes sont déjà sur la table ?
Quels dispositifs pourrons-nous intégrer demain pour permettre à toutes les machines de filtrer elles-mêmes les microparticules ? La question reste pour l’instant posée. Néanmoins, l’échéance de 2025 imposée par la loi arrive à grand pas et le temps presse. Les contraintes sont multiples. Il s’agit pour les ingénieur·es missionné·es sur ce sujet de créer une technologie qui soit à la fois durable dans le temps, applicable à grande échelle, peu coûteuse pour ne pas faire exploser le prix des machines et qui permette aux citoyen·nes de ramasser les fibres emmagasinées par la machine et d’en disposer sainement.
Les scientifiques de toute l’Europe s’y mettent
En France, les études menées jusqu’ici semblent conduire vers des technologies naturelles : les filtres à charbon et les traitements par décantation qui permettent de séparer naturellement les microfibres de l’eau.
Les études allemandes suggèrent, elles, un dispositif de filtrage classique, à l’aide d’un matériau textile extrêmement fin en plusieurs couches. D’autres études françaises viendront compléter ces résultats au cours du printemps 2021.
En attendant 2025, il existe déjà des solutions partielles à mettre en oeuvre soi-même
La solution parfaite n’est pas encore trouvée, mais il existe quelques dispositifs partiels qui permettent néanmoins d’agir à une échelle restreinte.
Jetées directement dans le tambour du lave-linge avec les vêtements, les balles de lessives (dont la Cora Ball) peuvent emprisonner au mieux, 25 % des fibres relâchées au cours du cycle de lavage avant qu’elles ne soient évacuées avec les eaux usées. Les sacs de lavage (comme le Guppy Friend) peuvent emprisonner jusqu’à 75 % des fibres relâchées par les vêtements, selon la finesse de leurs mailles. Si ces deux solutions ont pour elles d’être apparues très tôt au moment de la prise de conscience, leurs résultats très partiels ne peuvent pas nous conduire à les considérer aujourd’hui comme satisfaisantes.
Plus grave encore : que fait-on des microparticules polluantes qu’elles emprisonnent ? Nettoyés à l’eau claire, ces deux dispositifs n’ont plus aucun intérêt. Extraites à la main puis jetées dans la poubelle, les microfibres s’envoleront et se disperseront dans l’environnement. Il est donc impératif de les placer dans un conteneur de textiles usagés, au même titre que les vêtements, chaussures et le linge de maison.
Plus récemment, l’industrie a vu apparaître des filtres à intégrer soi-même à sa machine, conçus pour intercepter les fibres polluantes au moment où les eaux usées sont évacuées par le lave-linge. En terme de masse de microfibres filtrées, ces solutions s’avèrent plus efficaces que les dispositifs mentionnés plus tôt. Certains concepteurs permettent même de répondre à la question du placement des déchets au moment du nettoyage du filtre. La société Planetcare propose notamment de récupérer les filtres usagés et de rediriger les fibres ainsi emprisonnées vers une filière de recyclage textile.
Même après l’application de la loi, il restera utile de regarder du côté de ces filtres à intégrer soi-même à sa machine, et qui permettront de ne pas avoir à racheter un lave-linge neuf pour pouvoir combattre la pollution aux microfibres de plastique.
Référence
[1] WWF Deutschland 2017. Puis utilisé comme base dans les études dirigées par Prof. Dr Alexandre Büsgen de l’université de sciences appliquées Hochschule Niederrhein, Mönchengladbach
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