Fair Wear Foundation, que garantit cet organisme pour nos vêtements ?
Rédigé par Aude Penouty
Le 18 avr. 2021
Minutesde lecture
Alors que la #fashionrevolutionweek est lancée du 19 au 25 avril, et que l’union européenne se positionne face à l’atteinte aux droits de l’homme en Chine [1], Florence Bacin, de la Fair Wear Foundation / Fondation Fair Wear Internationale, nous parle de commerce équitable, du rôle de la Fair Wear et tente d’ouvrir le débat sur les scandales de l’industrie textile, tout en apportant des références qui devraient vous permettre d’y voir plus clair.
Florence Bacin est membre fondatrice de Fashion Revolution Vietnam et employée de la Fondation Fair Wear / Fair Wear Foundation, engagée à défendre des conditions de travail des ouvrier·ère·s* du textile dans le monde.
Qu’est-ce que la Fair Wear Foundation ?
Fair Wear Foundation est un organisme de vérification, spécialisé dans le contrôle et l’enseignement des bonnes pratiques du droit du travail. Ce n’est pas un label ni une certification.
Il s’agit d’une initiative multi-parties prenantes qui concerne une ONG, des marques de mode et syndicats. Cette approche intégrée engage tous les acteurs, pour faire avancer ensemble l’industrie textile dans son entièreté. Pour Fair Wear, les leviers du changement passent aussi par le business. Ainsi nous accompagnons les marques dans un rôle d’expert indépendant.
Quelles sont les conditions pour une marque qui souhaite bénéficier d’un accompagnement par la Fair Wear Foundation ?
Le processus pour une marque
Tout d’abord, chaque marque est signataire d’un code de conduite les engageant à vérifier que les standards de l’organisation international du travail soient appliqués sur toute leur chaîne de production. Ce code concerne les conditions de travail, l’accès au syndicat, les violences physiques ou morales, l’âge légal d’employabilité, la rémunération des heures supplémentaires, la discrimination et l’équilibre salaire | coût de la vie locale.
Ces marques sont soumises à des audits dans lesquels elles s’engagent à progresser. Ces audits permettent de mettre en lumière les insuffisances en terme de respect des bonnes conditions de travail des salarié·es. Par la suite, les marques sont responsables des améliorations de terrain et des vérifications de leur maintien dans le temps. Nous avons un rôle d’innovation, d’accompagnement et de partage de connaissances. Fair Wear est un outil de progrès qui modifie positivement les pratiques d’achat dans les groupes textile, toujours en cohésion avec les recommandations de l’OCDE et des Nations Unies.
Les marques concernées
Leur membres de la Fair Wear Foundation sont par exemple les marques Picture Organic, Filipa K, Acné Studio, Kings of indigo… soient plus de 80 entreprises représentant 137 marques.
Grâce aux audits, Fair Wear veille à ce que ces conditions soient bien respectées par les marques abonnées.
Par qui est financée la Fair Wear Foundation ?
La fondation est financée par le Ministère des Affaires Étrangères hollandais et par la cotisation annuelle versée par les marques membres.
Fair Wear est présent dans 11 pays (Roumanie, Tunisie, Turquie, Chine, Vietnam, Birmanie, Inde…).
Un exemple d’actions concrètes de Fair Wear sur le terrain pour les ouvrier·es du textile ?
Fair Wear utilise le dialogue social entre les salarié·es, les marques, les États et les usines, en mettant à disposition des outils pédagogiques.
A titre d’exemples :
- En Asie, il existe désormais un système de plainte anonyme, disponible pour les salarié·es dans toutes les usines auditées, où un poster indique le numéro gratuit pour signaler des abus. Un interlocuteur répond dans la langue locale et fait remonter les informations. Nous travaillons ensuite avec les marques pour remédier aux différents problèmes constatés;
- Au Bangladesh, beaucoup de plaintes portaient sur le harcèlement sexuel. En 2017, nous avons lancé le réseau «Gender Platform», qui poursuit ses efforts pour promulguer une loi sur la prévention du harcèlement sur le lieu de travail;
- Au Vietnam les revendications soulignent souvent les conditions administratives des contrats ;
- En Chine, rectification des heures supplémentaires non payées et en Birmanie blâmes éventuels des employé·es syndiqué·es.
Cette collecte d’information permet aussi d’améliorer des problèmes structurels dans les usines. Selon la culture du pays cependant, les ouvriers sont plus au moins en confiance avec la dénonciation même anonyme, c’est le cas des pays ou anciens pays communistes notamment.
Les marques doivent également collaborer avec leurs fournisseurs afin de résoudre les plaintes et nous mettons à leur disposition des formations sur le code de travail et les droits des travailleurs. Fair Wear développe actuellement des projets pilotes qui permettent à certaines usines de travailler sur des problématiques spécifiques, par ex la transparence des coûts de production pour calculer un prix juste à payer aux usines afin de progresser vers un salaire vital pour les travailleurs. »
Made in ou made how, qu’est-ce qui garantit le bon traitement des employé·es de la chaîne ?
Les conditions de travail varient d’un pays ou d’une région à l’autre. Cela dépend du contexte politique et économique, et aussi des spécificités de l’industrie textile dans toutes ces régions. La taille des usines peut également être très variable : des ateliers de plusieurs dizaines jusqu’à plusieurs milliers d’employés.
Au Bangladesh les produits sont simples : t-shirts, pantalons, sweatshirts, alors que le Vietnam produit beaucoup d’articles de sports plus techniques, les marques sont en général plus engagées sur la responsabilité sociale.
Le made in Europe n’est pas nécessairement synonyme de meilleures conditions de travail, car la complexité du nombre d’acteurs impliqués dans les chaînes d’approvisionnement et la sous traitance sont des obstacles. On a vu très récemment des scandales impliquant des usines à Leicester en Angleterre ou en Italie, ne respectant pas les droits des travailleurs : qu’il s’agisse de salaire minimum ou de sécurité des ateliers. En Europe centrale et de l’Est, l’industrie textile est assez vieille et les usines sont souvent vétustes. Les salaires en Macédoine du Nord, Bulgarie ou Roumanie sont parfois bien en dessous des salaires payés en Chine.
Rien n’est binaire, c’est pourquoi il est fondamental de s’informer.
A quels standards se référer en tant que consommateur·ice citoyen·ne ?
Fair Wear défend ici l’idée que les standards de transparence servent à dissiper les malentendus et à inviter les consommateurs à s’intéresser aux conditions de fabrication.
Voici (selon Florence Bacin), les standards et initiatives les plus intéressants et fiables sur les conditions de fabrication de nos vêtements :
- Le label Fair Trade de commerce équitable qui depuis 2016, en plus d’authentifier les matières, certifie les usines textiles afin que les ouvrier.e.s soient justement rémunéré.es.
- Le Higgs Index est une initiative d’entreprise développée par la « sustainable apparel coalition » aux USA, qui dispose d’un outil de vérification des pratiques environnementales et d’un autre qui favorise un environnement de travail sûr et équitable.
- Better Work, programme de l’organisation international de travail, filiale des nations unies, qui comme FW est un organisme de vérification, visant à améliorer la gestion et les conditions de travail dans les usines via des audits auto-évaluations et des sessions de conseils.
Références et sources pour aller plus loin
Références de l’article
- Dans l’industrie textile, environ 80% des ouvriers sont des femmes. Selon ILO ( International Labor organisation)
- L’union européenne sanctionne Pekin sur les Ouighours
- Payup campain by support garment workers ou Clean clothes campaign
- Podcast Le Monde, le peuple contre l’armée. Envoyé spécial Bruno Philip
Sources
- Le livre noir de la mode, de Audrey Millet
- A good book, Fashionopolis de Dana Thomas
- Podcast Vlan : La Chine un modèle pour la France ?
- Podcast On ward Fashion : Made in Bangladesh, ça veut dire quoi en 2020 ?
- La révolution du Longyi, femmes militantes Birmanes s’opposent au totalitarisme
Ça peut aussi vous intéresser
Espace commentaire
(0)