28 morts dans un atelier de textile clandestin à Tanger au Maroc
Rédigé par Victoire Satto
Le 13 févr. 2021
Minutesde lecture
Une inondation survenue lundi 8 février dans un atelier clandestin de textile, au sous-sol d’une résidence privée de Tanger, a fait 28 morts. Plus de la moitié (54%) de la production du secteur « textile et cuir » du Maroc provient d’unités «informelles», incluant des unités de production «ne répondant pas aux normes légales», selon une étude publiée en 2018 par la Confédération patronale marocaine (CGEM).
Une inondation piège à la mort 28 ouvrier·es du vêtement
Ce lundi 8 février, les secours ont repêché 28 corps morts et secouru dix survivant·es dans le sous-sol d’une résidence privée, transformé en atelier de confection textile clandestin. Les récentes pluies torrentielles ont causé une inondation dans un lieu dépourvu d’issues de secours et de voies d’évacuation des eaux aux normes pour assurer la sécurité des personnes sur place. La plupart des victimes, majoritairement des femmes, étaient âgées de 20 à 40 ans. «Les eaux ont subitement submergé l’espace confiné, les victimes se sont retrouvées coincées sans aucune issue de secours» et sont «mortes noyées», a déclaré Abderrahim Kabajj, le commandant régional de la protection civile dans un reportage de 2M (télévision publique marocaine).
Activité clandestine et exploitation humaine au profit de la mode
Les vraies fashion victims sont les travailleur·es du vêtement. Dans un quartier résidentiel du sud de la ville portuaire de Tanger, bassin textile du Maroc, cet atelier clandestin employait plusieurs dizaines de personnes dans l’illégalité la plus totale. Ils sont plus d’une centaine à exister. Cette tragédie révèle une réalité du quotidien : plus de la moitié (54%) de la production du secteur «textile et cuir» du Maroc proviendrait d’unités «informelles» de production «ne répondant pas aux normes légales», selon une étude publiée en 2018 par la Confédération patronale marocaine (CGEM). L’économie informelle représentait au total plus de 20 % du Produit intérieur brut hors secteur primaire en 2014, soit environ 170 milliards de dirhams (environ 15 millions d’euros), le textile générant 11 % de ce volume. [1].
Début 2000, une étude du Bureau international du Travail parlait de «précarité des emplois» dans un système de sous-traitance, de «protection sociale insuffisante», des «conditions de travail défaillantes», des salaires «souvent inférieurs au salaire minimum légal» – environ 250 euros.
En 2012, l’ONG espagnole Setem avait lancé une campagne «Habits propres» contre les marques espagnoles qui sous-traitaient à l’époque à Tanger, comme Mango, Cortefiel, El Corte Inglés ou les nombreuses filiales du groupe Inditex.
La télévision nationale marocaine y consacré un reportage diffusé en 2019 : «90% de ces usines travaillent dans l’illégalité, louant des caves dans des quartiers résidentiels où travaillent des ouvrier·es non déclarés, sans protection incendie, ni assurance», y assurait un opérateur du secteur textile.
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