Que sont les « stocks dormants » ou « dead stocks » et où s’en procurer ?
Rédigé par Victoire Satto
Le 31 mars 2021
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Moins glam que la princesse aux bois du même nom, aujourd’hui on vous parle des fameux “stocks dormants”. D’où viennent-ils, où sont-ils entreposés et quelles sont les solutions disponibles pour y accéder quand on veut créer des vêtements ? Si même les grandes marques s’y mettent, c’est que cela présente un double intérêt écologique et économique.
Que sont les dead stocks ou stocks dormants ?
Les dead stocks ou stocks dormants sont des quantités astronomiques (il s’agit de milliers de kilomètres !) de tissus entreposés dans des espaces logistiques… éclairés, chauffés, depuis des années, tandis que la planète mode continue de marcher sur la tête et de produire toujours plus de nouvelles matières.
Pourquoi sont-ils abandonnés ? Il peut s’agir d’un défaut mineur de qualité, d’une couleur qui n’est pas la bonne pour la saison, d’un motif déposé par une marque qui veut en garder la propriété pour plusieurs années afin de ne pas être copiée. Ces tissus sont designés, tissés, imprimés ou teintés et développés en grandes quantités afin de permettre aux marques de faire des économies d’échelles : plus on produit (du tissu, des vêtements), moins le coût de revient unitaire est cher.
… Pour cette raison, les petites marques ont des difficultés à trouver des fournisseurs qui acceptent de petits volumes de commandes et ces volumes sont – paradoxalement – facturés bien plus cher.
… Pour cette raison, on produit des quantités phénoménales de vêtements secondairement bradés à l’extrême afin d’être écoulés.
Un trésor à exploiter
Chaque année, le tissu inutilisé coûte environ 120 milliards de dollars à l’industrie de la mode [1]. Pour certaines grandes entreprises, cela peut représenter un impact de 15% sur le résultat net annuel. Depuis la loi contre la destruction des invendus, les marques n’ont plus le droit de les brûler ou de les enfouir. Si plusieurs marques font déjà don de gros volumes de tissus aux écoles de mode, comme Burberry avec le programme ReBurberry Fabric, d’autres réalisent le potentiel économique représenté par le réemploi de leurs anciennes matières ou leur revente.
Il existe différents volumes de stocks disponibles et méthodes de sourcing de ces précieuses ressources. Petit tour d’horizon des initiatives de revalorisation à toutes les échelles, grâce à des acteur·ices du changement qui développent des solutions centralisées pour rendre accessibles ces stocks.
Les bureaux d’achats spécialisés
UpTrade
UpTrade propose une alternative durable à l’inutilisation, l’incinération ou l’enfouissement des matières textiles. Cette plateforme créé un lien entre les entreprises textiles et les marques qui pratiquent l’upcycling et du recyclage afin de lutter contre le gaspillage du textile et promouvoir une économie circulaire.
Adapta
Adapta déniche pour les créateurs, les cuirs haut de gamme qui dorment dans les stocks inutilisés dans des entrepôts de maisons de luxe, fabricants ou tanneurs et des fournisseurs associés. Les créateurs ont ainsi accès à des peaux haut-de-gamme, tout en maîtrisant leur budget.
Upcybom
Upcybom est une plateforme qui permet aux fournisseurs textiles et aux marques de mettre en ligne leurs stocks à la disposition des acheteurs aux vendeurs.
The Fabrics Sales
The Fabric Sales est une plateforme qui propose un accès privilégié à des tissus de grandes marques de créateurs, grands volumes ou coupons et articles de mercerie.
Les espaces de récupération, associatifs et d’insertion
La Réserve des Arts
La Réserve des Arts est une association loi 1901 à but non lucratif créée en 2008 qui accompagne le secteur de la culture et de la création dans le développement de l’économie circulaire et solidaire. Son quotidien se structure autour de quatre activités : sensibiliser les professionnels à s’approprier durablement les pratiques du réemploi, collecter auprès des entreprises et des institutions culturelles les déchets réutilisables, revaloriser ces déchets et les redistribuer à ses adhérent·e·s.
Emmaüs
Des espaces qu’on ne présente plus ! Parmi les vêtements et les objets peuvent se cacher des coupons et des chutes de rouleaux de textile ou encore du linge de maison.
Le Relais
Comme la marque Second Sew, on peut aller chiner des textiles de type linge de maison ou des coupons de tissus pour fabriquer, par exemple des vêtements pour enfants.
Les marques
LVMH a lancé Nona Source, une plateforme de vente de ses dead stocks à des marques et créateurs sélectionnés sur le volet. Balenciaga, Dries Van Noten et Stella McCartney ont mis à disposition à la vente les tissus d’anciennes collections pour The Real Real, plateforme de location qui produit désormais des lignes de vêtements.
Les fournisseurs eux-mêmes
En tant que marque, il est possible de contacter directement ses fournisseurs habituels afin d’explorer leurs greniers ! Le cas d’Ecclo est un bon exemple : la marque a valorisé plus de 3000 mètres de toile de denim considérée inadéquate par son premier client, du fait d’un défaut mineur. En co-création avec sa communauté, Ecclo a fabriqué un jean idéal masculin et féminin en pré-commande.
Références
[1] Via BOF – Selon une analyse de la marketplace en ligne Queen of Raw.
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