Mariage, la robe blanche est-elle obligatoire ?
Rédigé par Victoire Satto
Le 14 sept. 2020
5
Minutesde lecture
D’où vient la robe blanche que l’on s’impose aux mariages ? A-t-elle toujours été la norme dans les mariages occidentaux ? Dans quelles tenue se marie-t-on, ailleurs ? On enquête et on vous suggère des alternatives !
Nous sommes conditionnées à choisir une robe de mariée standardisée
À l’approche d’un mariage, le réflexe Pinterest est universel. On distingue grossièrement trois teams de personnes :
- Celle des frénétiques qui parlent de « cailloux au doigt » et de dentelle depuis l’âge tendre (70%)
- Celle des rebutées de l’engagement prises au dépourvu par un(e) amoureux(se) à cheval sur les actes notariés (20%)
- Celles des indifférentes (10%)
La robe varie selon la team :
- #TEAM1 : la concernée a tellement d’idées qu’elle ne sait plus comment éviter de ressembler à la mariée voisine / la 27e #brideoftheday de son feed Instagram
- #TEAM2 : elle ignore par où commencer. Le fait de googler Robe de mariée bohème l’amenant inévitablement au compte Pinterest de la première
- #TEAM3 : elle s’en remet aux conseils avisés des deux précédentes…
TEAMS 1+2+3 : 99,9% des filles = une robe bohème déclinée avec plus ou moins de bustier/dos-nu ou jupon de dentelle (synthétique #sickemoji). Mesdames, nous voilà faites.Si ce jour est celui de votre vie, votre robe ne peut pas être celle de toutes les autres. Il s’agit ici de vous réaliser… On râle un peu mais on ne sera pas avares en conseils.
Réfléchissions différemment à la robe de mariée idéale
Tenue de mariée : qu’est-ce qui fait sens pour vous ?
Cet événement individuel si personnel se fait souvent déposséder par les campagnes masse-marketées de l’industrie du mariage. À l’heure où le monde est à la portée d’un colis DHL, la question n’est pas Où est la robe de mariée idéale ? mais plutôt Qu’est ce qui fait sens pour moi ? Soi. Vous. Dancer all night ? Porter le voile de mariée de sa maman ? Être une duchesse de Cambridge bis ? Ou au contraire, mettre de la thune ailleurs dans la vie ? C’est un choix et quel qu’il soit il est OK tant qu’il est vôtre.
NDLR : vous remarquerez que nous n’en sommes pas encore à la question de l’écologie. Vous allez voir que ce qui fait sens crée aussi moins de dépenses, financières ou carbonées.
D’où viennent les dogmes liés à la robe de mariée en occident ?
Celle-là, vous ne l’attendiez pas. Pourtant la robe blanche n’est de rigueur que depuis quelques siècles, et présentée depuis le 20e comme le (must) have to do. Petite synthèse historique :

Dans l’Histoire, les robes de marié en voit de toutes les couleurs
- À l’époque de la Rome Antique, les femmes portaient une robe drapée blanche, des sandales, un manteau long et une couronne de fleurs d’orangers (on passe sur la ceinture de chasteté).
- À l’âge médiéval, pas de robe spécifique, simplement la plus jolie robe que l’on possédait, peu importe sa couleur. En France, les femmes portaient souvent leur costume régional qui était également l’habit du dimanche pour aller à la messe.À la Renaissance (XIII-XVIe), intimement liée à la religion catholique, la robe de mariage s’impose en blanc comme symbole de pureté et de chasteté pour les classes aisées et les familles princières. Les communautés paysannes – très majoritaires – se marient en noir, teinture économique et facile à porter en de multiples occasions.
- Sous l’Empire en France, la robe de rigueur est la taille … Empire. Toujours documentée dans les classes aisées. Coupe droite, ornements d’or, manches ballons, diadème.

Les (dé)-raisons du mariage en blanc
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les raisons du retour du blanc sont aussi évidentes qu’inattendues :
En France, l’Église réagit à l’ancrage des valeurs républicaines après la révolution : les femmes pratiquantes affirment leur virginité en revenant au blanc originel.
En Angleterre, la reine Victoria se marie en blanc en 1840 pour :
…ne pas faire de l’ombre à son mari le prince Albert en uniforme écarlate,
…relancer l’industrie du satin londonien de Spitalfields et de la dentelle de Honiton.
…ne pas faire de l’ombre à son mari le prince Albert en uniforme écarlate,
…relancer l’industrie du satin londonien de Spitalfields et de la dentelle de Honiton.
La coupe longue et « princesse »
Une fois passée la pénurie de tissus de la Seconde Guerre mondiale, les couturiers comme Christian Dior reviennent aux longueurs, à la robe ample évasée jusqu’aux pieds.
Mai 68 offre une parenthèse, un certain anti-conformisme et des mariages civils en costume de tous les jours, en pantalon, mais ça reste un épiphénomène et les mariages princiers successifs continuent de faire les choux gras des grands distributeurs. Le combo tulle/sequins/perles en plastique nacré rempli bien le contrat de « Princesse d’un jour », notamment dans les classes populaires, et notre vison Euro-centrée fait peu la place aux alternatives. Pourtant en Chine, la mariée traditionnelle est en hanfu rouge, en Roumanie elle est tricolore, en Afrique de l’Ouest, le boubou en wax est de rigueur…
Étonnant de constater que nous n’avons jamais été aussi libres dans nos choix vestimentaires et pourtant aussi conformément soumises à ses codes. Alors, la robe de ce jour unique, est-elle nécessairement celle que la convention sociale attend : une coupe droite ou princesse, empiecée de dentelle ?
Ça fait pas « mariage ».

Crédits @AWKWARDFAMILYPHOTO
Le mariage est un jour chéri et égoïste où le couple concerné a l’intégralité des pouvoirs et désirs : invités, décoration, cérémonie, repas… C’est à vous Mesdames qu’appartient le choix de la tenue pour vous livrer à l’autre dans une hypothétique éternité. On conçoit donc difficilement qu’elle déclinée en 10 000 exemplaires par une chaine de robes de mariées qui, au mieux, ajustera la taille et vous laissera le choix du nombre de cerceaux.
Everytime you get dressed, remember : if you die that’s your forever ghost outfit.
Quelles alternatives choisir, notamment plus écologiques ?
Choisir SA tenue, est par essence plus responsable et écologique, à plusieurs égards :
- En tournant le dos aux enseignes de grandes distributions, dont les matières sont principalement synthétiques issues de la pétrochimie
- En choisissant éventuellement une tenue qu’on peut reporter (la meringue hors contexte, c’est plus compliqué)
- En valorisant ce qui existe déjà, à travers le vintage, la seconde main ou des pièces à soi auxquelles on donne du potentiel
- En louant
Faire son propre choix
Ne pas se marier dans une robe du prêt-à-porter, c’est aussi l’assurance de trouver la coupe et la forme adaptées à sa morphologie. Ça permet d’ornementer avec des morceaux de dentelles, des broderies, des broches, des lacets glanés en brocante ou dans la boite à couture de ses grand-mères. C’est prendre le temps long qui mène à son idéal, et ne pas céder à l’immédiateté d’un reflet dans la cabine d’essayage aux néons orientés pour flatter. Comme quand on prépare Noël, la beauté de la fête et les émotions sont dans la préparation.

Des conseils pour une tenue de mariée responsable
- Louer sa robe, manière la plus écologique de consommer une pièce dédiée à un jour unique. Pour la faire sienne, agrémenter d’accessoires très personnels : lingerie française, bijoux de cheveux, pochette, gants, rubans, broche, chapeau ou bibi etc
- Faire faire une robe, un tailleur, un ensemble haut/bas par un couturier de quartier.
– Choisir un patron, des exemples de modèles qui vous plaisent, voire un vêtement à vous ou à vos pair(e)s, à faire copier à vos dimensions.
– Prenez conseil auprès d’un couturier pour définir le modèle et choisir un type de tissu adapté
– Achetez un tissu, si possible des chutes de grandes maisons de coutures (les fameux « Coupons »)
– Chiner des morceaux de dentelle ancienne au fuseau, les brocanteurs en regorgent et sont riches en histoire - Acheter une robe de seconde main, à faire adapter par un tailleur/couturier de quartier
- Acheter une robe vintage, occasion rêvée de porter de la HAUTE COUTURE !
- Décomposer sa tenue : porter un haut que vous adorez et faites faire une grande jupe ou un pantalon cigarette en soie sauvage pour l’agrémenter…
- En cas d’achat prêt-porter : favoriser des tissus naturels (lin, coton, soie) et une confection française

Que faire de sa robe de mariée après le mariage ?
- Porter à nouveau : une tenue décomposée trouve plus facilement une seconde vie en étant dépareillée
- Faire teindre une robe pour la porter à une soirée habillée
- Revendre !
Voilà nos conseils, bien évidemment là pour amener à réfléchir sans diriger. Dites-vous que, comme le rose et le bleu pour la layette, le culte de la robe blanche longue est récent, issu d’une construction sociale dogmatique, des principes religieux, politiques et économiques. Prenez le temps, soyez créatives et faites vous aider ! Ne pas sceller sa destinée dans une meringue prête-à-porter pour la santé du cours du polyester. S’engager, en entier.
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