Les marques de mode qui manient l’upcycling avec style
Rédigé par Victoire Satto
Le 23 sept. 2021
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Valoriser des rouleaux, des chutes, des stocks de tissu dormants…Si ces dernières années, l’upcycling semble être un concept nouveau il est en réalité une pratique ancienne. Comment une marque de mode génère-t-elle des vêtements à partir de supposés « déchets » ? Est-ce réellement portable ? Pourquoi choisir la mode upcycling ? On vous dit tout ici avec en supplément une sélection de marques de mode qui manient l’upcycling avec style !
Qu’est-ce que l’upcycling ?
L’upcycling signifie littéralement « recycler par le haut ». Il s’agit de valoriser en les reconditionnant des textiles et vêtements existants en de nouvelles pièces dont la valeur est supérieure. C’est Martin Margiela qui, en 1989, s’était intéressé à la transformation des matières, à la fois pour dénoncer la société consumériste du tout jetable (à l’époque, elle ne concernait pas autant les vêtements, il avait fait défiler des tops en sacs plastiques Franprix) et pour démontrer le potentiel esthétique des objets qui nous entourent, devenus œuvres de Haute Couture par simple détournement.
Récupérer de la matière textile
L’upcycling se démocratise aujourd’hui dans la mode. Il s’applique aux vêtement et aussi à ce que l’on appelle les récupérables de l’industrie : les tissus (invendus ou non utilisés par des maisons de mode), les chutes textiles, les rideaux, le linge de maison… Ces derniers peuvent être neufs ou usagés, issus de dons de particuliers ou de filières de tri. Il sont lavés, contrôlés pour connaitre leur état d’usure et trois options s’offrent alors :
- les revendre ou les donner via des circuits de seconde main/des œuvres caritatives,
- les recycler s’ils sont trop abîmés,
- les déstructurer afin de servir de base de travail à des designers upcyclers spécialisés. On défait les coutures, on retire les boutons et les fermetures éclaires, on classe les matières et les couleurs et on obtient un vivier de matières finies qui constitue une ressource textile immense pour une marque d’upcycling.
L’upcycling comme remède écologique
Usage de stocks dormants, réemploi de matières, valorisation d’un travail fini… Faut-il vraiment vous faire un topo pour cet argument ? L’upcycling, c’est propre, c’est mode, c’est bon pour la santé et l’environnement. Il n’est ni une tendance ni un épiphénomène mais cela doit devenir une méthode de production vestimentaire normée, enseignée au même titre qu’un autre savoir-faire dans les écoles de mode.
Raviver la créativité par la contrainte
Contrairement à ce qu’on peut penser, l’upcycling est une contrainte pour le designer. Il lui est impossible d’anticiper la quantité, la couleur et la nature du textile avec lequel il va pouvoir composer. Ainsi, il ne peut penser ni au patron ni même au type de vêtement qu’il va concevoir. Entre un crop top et un trench, il y a quelques variables à ajuster. À contrario, il n’a pas à choisir deux ans à l’avance le ton de ses prochaines collections ou gérer/brûler/enterres un stock en surproduction, ce qui ne va pas sans enlever une certaine pression… C’est à la fois un gain de temps – les ressources sont immédiatement disponibles – et une perte car le design n’est pas anticipable. C’est enfin un avantage économique, qui se répercute chez les consommateur·ices.
Pourquoi choisir l’upcycling ?
Côté consommateur, c’est un total win.
- Pour le style : l’upcycling est la garantie d’avoir un vêtement unique au monde, original et porteur d’histoire ;
- Pour l’environnement : reconditionner une matière existante, c’est faire une double épargne énergétique : celle de l’exploitation d’une ressource naturelle pour fabriquer un textile (coton ou pétrole) et celle de la destruction d’un produit fini ou semi-fini inutilisé ;
- Pour la qualité : cette vérité n’est pas générale, mais bien souvent les vêtements ou tissus reconditionnés sont anciens, ils ont résisté au temps, au stockage, à la lumière et aux lavages. Il sont plus volontiers conçus à partir de fibres naturelles, et tissés pour être robustes, protéger, et perdurer dans le temps (= le principe d’un vêtement avant la fast-fashion). Par ailleurs, pour être retravaillés, ils doivent être de qualité afin de ne pas boulocher, s’effilocher, bailler en étirant les mailles… On vous le donne en mille : on ne fera pas grand chose d’un top à 3.99€ en Lycra;
- Pour la santé : on ne connaît encore les effets secondaires des pesticides contenus par les fibres naturelles ou les composants chimiques qui donnent leurs propriétés aux matières. Trois choses sont factuelles : on porte nos vêtements à même la peau, quasi 100% du temps + la peau est le plus grand des organes + plus un vêtement est lavé, moins il contient de substances potentiellement toxiques. On vous laisse calculer l’intérêt de porter de la seconde main ou du reconditionné (jusqu’à ce qu’on change nos manières de produire);
- Pour le portefeuille : le coût du textile étant moindre, si la marque joue le jeu et ne pratique pas de marges aberrantes, cela se ressent sur le prix ! Une nuance : les upcyclers sont souvent des personnes concernées par l’écologie et la justice sociale. Les manufactures sont souvent françaises ou localisées dans des pays aisés, dont la main d’œuvre justement rémunérée est également plus chère. Pour vous donner une idée, il s’agit de milieux de gammes compris entre 50 et 200€.
Notre sélection de marques de mode manient l’upcycling avec style
RESAP PARIS
De la chemise dos nu au short patchwork en passant par le sweat à manches denim bouffantes… Chaque pièce a sa propre singularité. RESAP PARIS répare, retouche, revalorise des vêtements de seconde main. Pour apprendre à coudre ses accessoires upcyclés, la marque propose des box DIY (banane et bob).
PICKLOZ
Des pièces fortes aussi bien par leur style que par l’ingéniosité de leur transformation. Chez PICKLOZ, les sneakers prennent la forme de sacs, les pantalons deviennent des moitiés de vestes et les bandeaux servent d’empiècements. Il ne s’agit pas de réutiliser les vieux chiffons mais bien de créer des habits esthétiques à partir de vêtements inutilisés.
Paris REMade
Paris REMade célèbre la déconstruction et la superposition avec subtilité. Jean fendu le long de la cuisse, blazer serré à la taille par un lacet, jean ceinturé avec deux tailles… La créatrice joue adroitement avec les vêtements vintage, les stocks de tissus dormants de grandes Maisons et des modèles de luxe sans oublier d’y apposer sa patte avec des vêtements criblés de détails.
Demassa Studio
Demassa studio est une jeune marque qui fabrique des pièces uniques à partir de vêtements post-consommateurs, inspirée largement du streetwear. Maillots de foot, bonnets, hoodies trouvent une seconde vie après déconstruction du vêtement. Un parti pris stylistique fort où les griffe des géants du sports et les clubs de foots ennemis se côtoient grâce au design. Hype pour tout·e·s !
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