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Les matières les plus surprenantes dans nos vêtements et cosmétiques

Nourriture, mode, cosmétiques, déplacements… Il semblerait que l’humanité ait toujours tiré profit de la Nature sans lui rendre la monnaie. Loin d’être en symbiose avec le Vivant, nous sortons progressivement de l’anthropocentrisme et réalisons – pénurie oblige – que les ressources illimitées sont un leurre. Pourtant, nous n’avons jusqu’ici pas manqué d’imagination pour les exploiter ! Queue d’écureuil pour nos pinceaux, cochenille pour nos rouges à lèvres ou bave d’escargot pour nos crèmes. Petit tour d’horizon des matières les plus surprenantes et les moins ragoûtantes dégotées par l’industrie de la mode et des cosmétiques.

Les matières animales dans la mode

La soie 

La soie est une matière qui a fait la réputation du savoir-faire chinois dans le textile depuis des siècles. Selon la légende, c’est en -2070 que la femme de l’Empereur fondateur de la dynastie Xia aurait eu la surprise de voir tomber un cocon dans sa tasse de thé. La production de soie constitue l’une des premières relations commerciales majeures entre l’Orient et l’Occident, au point de donner ensuite son nom à la route éponyme bien qu’utile au transport de nombreuses autres marchandises. Le géographe allemand Ferdinand von Richthofen, en 1900 « La route de la soie ». La soie est issue des cocons des larves de Morio ou bombyx mûrier, que nous appelons plus communément “ver à soie”.

La soie brute que nous retrouvons sur nos stands est encore aujourd’hui produite en grande majorité en Asie, avec pour leader d’exportation, la Chine. Naturelle peut-être, la production de soie pose quelques interrogations d’ordre éthique. En particulier par la pratique de “l’étouffage”, consistant à plonger les cocons dans des cuves à haute température (80°c), pour ensuite les ébouillanter, afin de pouvoir en tirer le fil à tisser. De plus, la serriculture est une activité qui est menacée par le dérèglement climatique et la déforestation. S’ajoute à cela l’usage des pesticides et d’engrais qui menace les colonies de larves… Bien. souvent la soie employée n’est pas exemplaire.

Des alternatives existent : on peut citer la scalpe de soie, matière fabriquée à base de filaments, la peace silk qui pratique la serriculture sauvage et ne tue pas les vers, ou encore la soie d’araignée.

Le cachemire 

Le cachemire tire son origine d’une race de chèvre présente dans les plaines Mongoles et Chinoises dénommée chèvres de Cachemire ou du Tibet, ce tissage a surtout été développé dans la région du Kashmir.

On fait remonter son usage aux environs du XVe siècle, mais ce n’est qu’à partir du XVIIIe qu’on attribue l’introduction de cette matière en Europe par l’influence de l’épouse de Napoléon Ier, séduite par des châles, en revenant d’Égypte.

Le cachemire fait partie de ces matières “exotiques” très prisées pour sa qualité et ses facultés thermorégulatrices. Il s’agit d’une matière noble, dont le prix varie en fonction du nombre de fils et de la méthode de production. Comme la plupart des matières nobles, le cachemire se collecte au compte-goutte, il faut compter la toison de 6 chèvres pour la fabrication d’un seul pull. Par ailleurs, toutes les exploitations ne sont pas responsables. Qu’est-ce qu’un cachemire durable ? Existe-t-il des labels pour en attester ? On en parle en détails ici avec une experte.

Pour en savoir plus sur le cachemire, consultez notre annuaire des matières ici

L’alpaga

L’alpaga est la fameuse laine, produite à 80% au Pérou, dont l’élevage et le tissage remontent au temps des Incas. Avant le 16ème siècle, cet animal représentait une part importante dans le système économique, alimentaire mais aussi religieux des populations des Andes péruviennes.

C’est au XIXème que les matières considérées comme « exotiques » deviennent prisées par les marchés occidentaux, notamment dans le luxe. Enfin, par la diversité des pelages des Alpagas, cette laine est rarement teintée (plus de 20 nuances de laines naturelles). Malgré tout, cette matière naturelle liée à un système d’offre, de demande et de marge de prix, pousse de nombreux éleveurs à passer à un mode intensif, en dépit de la santé des êtres sensibles. Une fois encore, notre consumérisme l’emporte sur le bien-être animal.

De plus, du fait du dérèglement climatique, la verdure des hautes montagnes se modifie et n’est plus à même de satisfaire les animaux, en proie également aux réductions des cours d’eau et aux grands écarts de températures, notamment en hiver, les alpagas étant très sensibles au froid.

L’angora

On est loin des images mignonnes de nos dessins animés de l’enfance… L’Angora peut désigner plusieurs animaux : la chèvre, le mouton, mais il est principalement question de lapin. L’angora présent dans nos magasins est en majorité originaire de Chine, composant à elle seule 90 % de la quantité mondiale. Ce pourcentage ne peut s’obtenir sans un gain de temps et donc d’argent. La pratique la plus répandue dans la production de cette laine est tout simplement… le dépeçage, vivant, des lapins. De nombreuses marques ont, de fait arrêté son exploitation. Découvrez en plus sur laine angora juste ici.

Le crin de cheval

Le crin de cheval est utilisé depuis les premières domestications du cheval. Néanmoins c’est surtout au XIXe, sous le régime du second empire que son utilisation gagne en noblesse. Ces poils ont été principalement introduits dans la confection de linge, de mobilier, de pinceaux, de brosses, mais aussi de nombreux instruments de musique à cordes. À l’origine du mot crinoline, le crin est extrait grâce au peignage ou par la taille des poils de la queue. Cette matière est réputée pour sa durabilité et sa forte capacité d’évacuation de l’humidité, qui l’ont rendue très convoitée.

Composants controversés cosmétiques et parfumerie

Pour rendre notre teint plus éclatant, nos rides moins visibles ou tout simplement notre rouge à lèvres plus rouge, des sources animales quelque peu étonnantes se sont immiscées dans nos produits du quotidien. Avec la découverte des nouveaux mondes (pourtant déjà habités), la soif d’exotisme nous a poussés à rechercher des substances toujours plus saugrenues.

Le musc

On date l’extraction dès le Ier siècle de notre ère, avec le porte-musc de Sibérie, petit chevron habitant les hauteurs d’Asie. La « récolte » de musc animal oblige la mort de l’animal. Le musc d’origine animale est en fait extrait de glandes nichées dans l’abdomen des civettes, castors, daims, cerfs ou cachalots, qui tous émettent des sécrétions odoriférantes.

Avec la sensibilisation au bien-être animal du grand public, le musc animal est progressivement retiré de la majorité des composants de nombreux fabricants. Parmi les innovations :  le musc macrocycliques ou alicyclique, les parfums de synthèse plus respectueux ont vu le jour dans la parfumerie moderne. Néanmoins le musc animal reste encore convoité, notamment dans la médecine traditionnelle chinoise, pour ses propriétés aphrodisiaques.

Les parfums ont majoritairement un étiquetage opaque. Le mieux est de se tourner vers des marques de parfums plus transparentes pour s’assurer de leur composition.

 L’Allantoïne

Les cosmétiques à base de substance animale ont eu le vent en poupe. On les retrouve particulièrement sur le marché asiatique, les premiers consommateurs et producteurs étant la Chine et la Corée. Sous son air savant, ce composant n’est rien d’autre que le résultat de l’extraction du très apprécié mucus d’escargot. Aujourd’hui produit à grande échelle, le traitement des petits gastéropodes pour l’obtenir n’est pas tendre.

En effet, dans la plupart des pays producteurs la souffrance animale n’est pas légiférée. Dès lors, les producteurs qui courent après la rentabilité pratiquent des processus d’extraction brutaux, par décharge électrique, centrifugeuse, voir le broyage de l’animal. Heureusement, des producteurs s’investissent dans une héliciculture responsable, voire certifiée bio.

Dans l’hexagone, des marques telles que Mademoiselle Agatha entretiennent des partenariats durables avec des héliciculteurs qui prennent soin de respecter le cycle de reproduction des petites bêtes et d’instituer une extraction à la main. Cela permet non seulement de préserver le bien-être du petit être à coquille, mais également d’avoir un mucus de meilleure qualité, car extrait suite à la saison de ponte.

Son petit nom entre les lignes : Appellation INCI : allantoine, tout ce qui contient « snail».

Le miel

Les petites butineuses jaunes participent à plus de 90% de la pollinisation de notre flore. Les abeilles régissent le maillage de la biodiversité avec d’autres insectes. La sonnette d’alarme retentit régulièrement à leur sujet, mais malgré cela, les apiculteurs continuent de voir leurs colonies en déclin dû à l’augmentation de l’usage de pesticides depuis ces 30 dernières années.

Les différentes substances produites sont reconnues pour leurs vertus hydratantes et antibactériennes qui sont insérés dans de nombreux cosmétiques… Pourtant, on est en droit de se demander s’il n’est pas étrange de se mettre en beauté avec un produit exploité auprès d’êtres dont la survie des autres espèces dépend.

Son petit nom entre les étiquettes : appellation INCI : MEL, Honey, Honig, Miele

La glycérine 

La glycérine est une des substances les plus répandues dans nos cosmétiques. Déjà présente aux prémices de la cosmétique moderne, on attribue néanmoins sa découverte chimique au pharmacien suédois Carl Whilhelm Sahel qui aurait accidentellement fait chauffer de l’huile d’olive avec de l’oxyde de plomb.

La glycérine est assez rapidement industrialisée au cours du XIXe siècle. On la retrouve dans nos dentifrices, crèmes et soins en tout genre pour ses propriétés aqueuses. La glycérine peut être d’origine animale, végétale, ou bien issue de la pétrochimie.

Son petit nom INCI ?  Glycerin, Glycerol. Il est à noter que cette appellation est utilisée qu’importe la provenance. Il est donc important de plutôt se tourner plutôt des produits certifiés biologiques et ou végans pour éviter toute surprise.

La kératine

La kératine est la matière qui compose une grande partie de nos cheveux, à 95%. Cette protéine participe à la santé nos cheveux, ongles, os et peau, mais au fil des années notre corps en produit moins. C’est pour cela qu’elle est grandement appréciée par les laboratoires de cosmétique pour les soins de nos cheveux.

Quand elle est de source animale, elle est principalement le résultat de l’extraction de corne, sabots, plumes et bec d’animaux d’abattoir. Ils sont ensuite ébouillantés dans du sulfite de soude, de l’alcool et de l’eau. Ce processus pose non seulement une question de bien-être animal, mais également présente des risques potentiels pour la santé. D’autres méthodes sont aussi développées, comme la kératine synthétique, issue de substances de la pétrochimie ou bien la kératine de laine de mouton. Heureusement, au fil du temps l’utilisation de kératine végétale se développe, majoritairement extraite de la protéine de soja.

Son petit nom INCI : Keratin, Hydrolyzed kératin

Le carmin 

Quel est le lien entre rouge à lèvres et les Fraises Tagada ? Depuis l’Antiquité, le carmin est un colorant utilisé dans la teinture des vêtements. De nos jours, ce composant est le seul colorant d’origine animale à être autorisé par les législations de l’industrie agroalimentaire. Pourtant son origine pourrait en rebuter plus d’un·e.

En effet, le carmin est obtenu en broyant ou en ébouillantant les femelles et œufs de la Cochenille. Bien que le Pérou constitue à lui seul 80% de la production mondiale, cette petite puce avait déjà une cousine européenne, la Kermess vermillo, qui a notamment permis de développer les industries du textile, comme dans la ville de Montpellier. Avec l’importation de la variété sud-américaine par les conquistadores espagnols du XVI, l’espèce exotique prend le monopole dans la production de ce pigment très prisé, autant dans la peinture, la teinture et les cosmétiques.

Son petit nom INCI : carmin, carmine, CI 75470

Le collagène

C’est la protéine la plus répandue dans le monde animal, représentant 30 à 35% de notre organisme. Essentielle à l’élasticité de nos tissus, elle est un argument marketing fort dans la cosmétique, notamment pour les soins anti-âge ou en complément alimentaire.

On fait remonter sa première utilisation dans la médecine traditionnelle chinoise, par la consommation de cartilage pour soigner les problèmes articulaires. Mais il faut attendre 1870 et les travaux du chercheur Richard Leach Maddox pour que la production de collagène s’industrialise. La majorité des collagènes présents dans nos produits sont soit extraits d’arêtes, d’écailles ou de peau de poisson, ou bien issus des os ou de la peau de bovin.

Pour nos cosmétiques, notamment pour limiter les risques d’allergie, on peut se diriger vers l’acide hyaluronique qui est un sucre. Pour les compléments alimentaires, la glycine est un acide aminé souvent recommandé en substitution.

Son petit nom INCI : Appellation INCI : Glycerin, Glycerol

Une terre à nous toutes et tous, Vivant inclus

Tant que nous vivrons pour consommer sans nous questionner la quantité, la qualité, la provenance de nos produits, rien ne pourra changer dans les effets collatéraux de notre mode de vie sur le climat. Si on s’intéresse aux matières prisées et reconnues mondialement, dans la cosmétique comme dans la mode, on remarque certains points communs : les matières viennent de loin, sont généralement issues de savoir-faire étrangers qui ne nous appartiennent pas et leurs exploitations permettaient au départ le maintien d’une économie locale, pour des populations initialement indépendantes de notre système occidental. Bien souvent, faire le choix de produits respectueux pour l’Environnement présente donc aussi des co-bénéfices sociaux et animals.

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