#GoForGood Des Galeries Lafayette
Rédigé par Victoire Satto
Le 14 sept. 2020
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Crédits @GaleriesLafayette
Le Mouvement Mode Durable Des Galeries Lafayette
Conquis ou dubitatifs ? Vous aussi, vous vous êtes demandés si une campagne clamant du vert en violet n’était pas une énième tentative de lavage de cerveaux et de l’image de l’entreprise concernée ? Quand les promesses de transition écologique sont des pirouettes industrielles, on est en devoir de douter. Nous étions séduits par l’idée des Galeries réinventées, mais non moins attentifs à la sincérité des actes. Voilà nos (bons) sentiments :
#GoForGood n’est pas un épiphénomène
C’est une transition. L’initiative se semble pas être celle d’une campagne ponctuelle, surfant sur la tendance en combi Stella Mac Cartney, c’est un point d’entrée vers une politique d’offre affranchie. Le groupe est conscient de son poids dans le commerce urbain et donne l’impulsion du changement vers une quête de sens, d’une valorisation des produits et d’une transparence croissante. En prenant frontalement le consommateur à témoin, un retour en arrière semble difficile.
#GoForGood est un accélérateur
Pour les marques : ce mouvement pourrait-être un retour vers le futur du rôle originel des Galeries Lafayette, initialement prescripteur de tendances et tremplin de celles sélectionnées sur le volet. L’association de la mondialisation et des réseaux sociaux a conduit à une triste uniformisation de l’offre, et les a amenées ces dernières années à se ranger du côté sombre du marketing de masse, proposant majoritairement des enseignes internationalement distribuées. En choisissant une offre Mode plus rationnelle, elles guident le mouvement, engageant la conversation avec le prêt-à-porter, suffisamment pour mobiliser les marques sans les montrer du doigt. Ainsi, des Maisons telles que Claudie Pierlot, Bash, Zadig & Voltaire se retrouvent challengées dans la bonne direction, sous les feux des projecteurs verts du géant national.
Pour le grand public : la sensibilisation passe par des étiquettes assez détaillées, une signalétique plutôt claire bien qu’éparse en boutique, et des conférences, organisées chaque jeudi soir durant le lancement, invitant des acteurs variés ayant démontré un changement tangible : JEM pour le sourcing fair mined de l’or, Ecoalf pour l’innovation technologique dans la conception de tissus techniques issus de matériaux recyclés etc.
#GoForGood tend à démontrer
Vérifier la traçabilité ou le caractère « responsable » d’une conception, d’une confection, d’un transport n’est pas une chose aisée. La « mode éthique » est un terme galvaudé qui – très personnellement, nous sort par les yeux tant il est rebattu à tord.
La réalité est que personne de détient de standards car les traumatismes écologiques que nous sommes en train de vivre n’ont pas été anticipés. Personne n’a établit pour nous les remèdes de nos bêtises : il n’y a pas de label « intégral », clef en main qui prendrait en compte toute la chaîne de création, la durée de vie et le reconditionnement d’un produit. Pas un bon ou un mauvais label « bio », pas un vêtement non bio fabriqué à proximité meilleur qu’un certifié bio mais produit au Pakistan. Nos nouveaux standards sont expérimentaux, et c’est pour cette raison qu’il faut emboiter le pas de toute initiative qui vise le bien environnemental et humain.
À cet effet, les Galeries proposent trois solutions intéressantes :
- La première est classique : sélectionner les marques les plus labellisées dans les domaines de l’environnement (matières premières organiques GOTS, Oekotex, upcycling, tannages végétaux, reconditionnement maîtrisé), du social (lutte contre l’exclusion par l’insertion, développement vertueux via le commerce équitable, soutien à des associations), et relocalisant leurs production (fabrication française, label EPV etc). L’ensemble répondant à un cahier des charges public.
- La seconde : proposer des produits répondants à des critères non certifiants mais raisonnés : tannages végétaux, upcycling, méthodes de délavage des jeans non toxiques, cosmétiques naturelles… etc.
- La troisième : donner le choix au consommateur, en l’informant consciencieusement. Et cette approche est aussi évidente que novatrice pour un groupe d’une telle envergure. Car si l’acheteur éclairé s’habitue à être concerné, il l’exigera dans chacune de ces acquisitions.
#GoForGood n’est pas né d’hier
« Pas un faire-valoir mais une politique d’entreprise » selon Guillaume Houzé, directeur de l’image et de la communication des Galeries Lafayette. L’ADN des galeries est depuis leur fondation la démocratisation du Beau et du Bon, le Bien s’y ajoute désormais. Les Galeries rappellent également les actions menées à bien jusqu’ici, modestes mais concrètes, sociales : emploi paritaire, solidaire du handicap et de la précarité, et environnementales : 3500m2 de potagers sur toits, management énergétique des bâtiments, recyclage des déchets, livraisons au biogaz…etc.
#GoForGood challenge ses standards
En proposant de nouveaux modes de consommation via la mise en place d’un service de location, de réparation et une filière de recyclage des vêtements. Un corner de vêtements de seconde-main est également présentant Galeries Lafayette Haussman. C’est aussi l’occasion pour le groupe de renforcer leur association à Emmaus défi qui emploie des femmes à la conception de vêtements upcyclés à partir de dons de vêtements invendus.
#GoForGood n’est pas exemplaire
Les Galeries sont les premières à le savoir. Chaque marque éligible au mouvement est retenue sur un seul des critères : responsabilité écologique ou sociale ou de relocalisation des productions. On peut y voir un effort partiel ou l’indulgence nécessaire à une réforme profonde qui doit se construire dans le temps, à nous de suivre et d’en exiger l’amélioration constante des pratiques et l’accroissement de transparence.
Par ailleurs, certaines marques participent à hauteur d’une collection capsule voire d’un seul vêtement, ce qui ne signifie en aucun cas une modification durable de ses processus de fabrication. On touche la limite du green washing du fait de la confusion possible.
Le client reste pour nous l’acteur principal, décisionnaire de première ligne. On insiste donc sur l’importance pour lui de mesurer son achat, de s’informer lui-même des les caractéristiques du produit, renseignées sur son étiquette, et avant toute chose de s’interroger sur la nécessité de son acquisition. Trois pièces de Mode « responsable » seront toujours plus déletères qu’une en polyester made in fastfashion conservée 10 ans.
Voilà nos constats. Le chemin est long mais l’attitude est la bonne. Peut-être que ce qu’il y a de plus remarquable dans la démarche des Galeries, c’est ce dernier aveu d’humilité. La logique de progrès est enclenchée et le groupe endosse plutôt bien le rôle d’accélérateur de commerce responsable, à construire dans le temps long.
La transparence n’est pas une fin en soi, c’est le début du premier chapitre du reste de l’histoire de la Mode.
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