fourrure

La fausse-fourrure, est-elle plus éthique que la vraie ?

 La fashion, avec ou sans les poils ? #societe Crédits @THECUADRO

Vraie ou fausse fourrure ? L’achat le plus éthique est toujours celui que l’on ne fait pas ! Pour vous aider à y voir plus claire sur la fourrure, on vous parle de l’industrie de la vraie, on se penche sur ce qui compose la fausse et on vous indique comment différencier les deux.

Un bref historique de mon rapport à la fourrure

Ascenseur émotionnel vestimentaire. Mon rapport à la fourrure est celui qui a le plus varié de toutes mes styles.

  • à 5 ans : chaque hiver, fascinée par l’imposant vison grand-maternel aux épaules extra-larges, retiré de sa housse pour le grand-froid ou les grandes occasions. Je jubile à l’idée que la passation m’octroie un jour cette opulence-à-porter.
  • à 15 ans : le lapin est sur toutes les capuches des doudounes au lycée, hype banalisée même chez les apprenti·es végétarien·nes. L’adolescence a ses contradictions que les adultes font semblant d’ignorer.
  • à 25 ans : accrocs aux fripes, je fais l’acquisition d’une veste sans manche Chloé en renard, dont je me sépare après 3 ans, n’ayant jamais pu outrepasser le dégoût de la sensation d’animal mort sur le dos.
  • à 30 ans : mon végétarisme convaincu est construit sur un raisonnement écologique plus que par empathie pour la cause animale, bien que j’ai vu assez de docus sur le sujet pour avoir adopté aussi ces arguments. Je dois pourtant l’avouer : je vois davantage un baril de pétrole dans la fausse-fourrure qu’une hermine écorchée dans un accessoire de sac.
    Guère plus avancée, donc. Soyons factuels.

Acte 1 : la fourrure

Jean paul Gaultier, Mickael Kors, Versace, J.Crew, Yoox-Net-À-Porter, Lacoste, Gorgio Armani, Calvin Klein, Gucci, Gap, Furla, H&M, Zara…. La liste des marques renonçant définitivement à l’emploi de fourrure s’allonge, épargnant peu à peu le milliard de lapins et les 50 millions d’animaux d’autres espèces chaque année. Arrêter d’en consommer, donc d’en produire, présente sans conteste un impact direct sur la souffrance animale, c’est le premier argument d’une longue liste.

L’industrie de la fourrure est cruelle

Je vous laisse partir de cette vidéo PETA x Stella Mac Cartney au sujet des matières animales cuir et fourrures, où sont présentés en échantillons suffisant des conditions d’élevage, des assommoirs, du dépeçage, du démembrage à vif des animaux pelés.
Son corollaire : l’exploitation physique et morale des employés de ce secteur. Élevage misérable, maltraitance animale, abattage non réglementé, surmenage ouvrier dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité des infrastructures. Winner combo.

La fourrure n’est pas liée à l’industrie de la viande

Contrairement au cuir, ce n’est pas un produit dérivé. La viande animale du vison, renard, ou coyotte (découvrez d’autres sympathisants ci-après), n’est pas vouée à l’alimentation. En cas de non usage, cette matière est perdue. Les animaux sont donc élevés et tués à des fins esthétiques.

L’origine de la fourrure est opaque

Ce d’autant plus que son usage cheap est banalisé aujourd’hui : accessoires de sac, chaussures fourrées, cols de capuches, porte-clefs… Elle reste néanmoins assortie d’une impression de luxe et donc attractive chez jeunes consommateurs à haut pouvoir d’achat : la Chine, pour la citer. La traçabilité n’existe pas. La fourrure n’est à ce jour pas labellisée. Il est ainsi impossible d’en connaître la provenance, le type, la qualité, les teintures. Les marques l’ignorent et se contente de renseigner la mention “Imported”.Les animaux rares sont braconnés, les fourrures utilisées en masses sont d’origine animale variées : renard, vision, blaireau, hermine mais aussi et pas si rarement du chat ou du raton-laveur.

Nous n’avons pas besoin de fourrure

Argument ultime des fourreurs : le grand froid. À moins de vivre aux confins de la Sibérie Orientale – où la peau d’un ursidé tué en 1860 s’est passée de génération en génération, auquel cas tu peux pas beaucoup plus écolo-durable – on propose aux rageux·se·s de rester tranquilles. On prend tout Instagram à témoin en revenant sur le dilemme du vison de grand-mère, importable sans se risquer à un swag-Castafiore hasardeux, sans pouvoir le donner pour raisons sentimentales.
On admet sans sourciller que l’humanité a tendance à fuir les conditions extrêmes de survie, ou bien à y étendre sa zone de confort en réchauffant le climat… Pas BESOIN de fourrure. D’ailleurs Patagonia, Picture Organics, champions du vêtement technique pour grimpeurs d’Everest n’en utilisent pas.

L’industrie de la fourrure n’est pas écologique.

BOOM, encore un argument qui vole en éclat. Il est difficile de trouver des faits et des chiffres actualisés sur l’impact écologique de l’industrie de la fourrure, mais un rapport de 2011 commandé par trois ONG néerlandaises et réalisé par l’organisme de recherche indépendant CE Delft, a démontré que l’impact environnemental de l’élevage de visons était 17 fois supérieur en termes d’émission de gaz à effet de serre et de réchauffement climatique comparé aux textiles courants (coton, acrylique, polyester et laine). Certaines fourrures d’élevage ne sont donc pas plus durables que les textiles fabriqués à partir de pétrole.
Ceci étant posé, les seuls points qu’on lui attribue sont ceux de la durée de vie (entre 6 et 30 ans) et de la biodégradation relativement rapide, dépendant cependant des additifs et des teintures.

La fausse fourrure

Certes, pas cool. On pensait avoir trouvé la parade pour pavaner endimanché(e) à poils sans avoir à verser une larme pour nos amis les animaux, mais l’impact de la Fausse Fourrure sur la planète les concerne également, indirectement.

La fausse fourrure est (encore majoritairement) dérivée du pétrole

L’acrylique est un dérivé des hydrocarbures : le pétrole. Sa fabrication plastique requiert l’extraction d’énergies fossiles, ce qui signifie donc déforestation pour l’exploitation de gisements, forage à la boue, trépanation des sols. Un manteau en fausse fourrure peut nécessiter jusqu’à plusieurs barils.

La fausse-fourrure n’est pas (encore) biodégradable

Enfin techniquement, si, mais il lui faut entre 500 et 1000 années pour ce faire. Sa fabrication et son entretien relarguent à loisir des microfibres plastiques dans les algues et les estomacs des poissons. Par ailleurs on ne sait encore quelles fibres sont les plus dommageables pour l’environnement.

La fausse-fourrure est moins durable

Un manteau est en moyenne conservé entre 6 mois et 6 ans et perd très rapidement de son attractivité après quelques usages, il est peu reconditionné dans les réseaux de seconde-main, notamment parce qu’un achat neuf est très peu cher… Cercle vicieux, peine maximale.

La fausse-fourrure est potentiellement toxique

L’acrylique, matière plastique utilisée pour la fabrication textile, est elle même issue de cyanure vinylique, un puissant cancérigène et mutagène neurotoxique. Ces composants sont absorbés par l’organisme via la peau, l’inhalation ou l’ingestion.

L’industrie de la fausse-fourrure est très liée à la fast-fashion

Soyons honnêtes. Un manteau en poils arc-en-ciel peut coûter un bras chez Burberry, il sera plagié deux semaines après pour 24,99£ chez Primark : il s’agit bien de FAST FASHION. Les employé·es sont exposé·es toute la journée aux émanations toxiques de cyanure vinylique, dans des conditions d’exploitation dramatiques. C’est la même chanson que pour n’importe quel vêtement vendu à ces prix.

La fausse fourrure n’est pas (encore) recyclable

On ne sait pas quoi faire des fibres plastiques, trop peu résistantes, qui finissent de fait souvent dans la nature. Dr Emma Rigby a démontré que c’était par essence l’exploitation la moins efficace et la moins durable des ressources.

Distinguer le vrai du faux

Fake faux-fur, vous-êtes assis·e ?

La vraie fourrure coûte aujourd’hui moins cher à produire que la fausse. Ainsi, depuis que la fourrure court les étals sur tous les accessoires, il n’est pas rare que ce qu’on trouve étiqueté “Faux” soit en réalité…d’origine animale. (1) Forever21, Missguided ou House of Frayser ont été pris en flagrant délit de mensonge, affirmant avoir été eux-mêmes dupés par leurs fournisseurs… Traçabilité et crédibilité nulles.
Crédits @CAMPAGNE LUSH/HSI

Voici nos conseils pour distinguer la vraie et la fausse fourrure :

  • Les extrémités des poils en plastique sont émoussées, moins pointues, car moins résistances, notamment lors de leur taille.
  • Les bases : écarter les fibres de la fourrure, si elles sont cousues elles sont fausses, les vraies sont insérées à même la peau comme une implantation de cheveu.
  • Faire (en sécurité) un test de brûlage : à l’extrême, après avoir acheté le produit, chez soi dans un évier, brûler au briquet quelques poils arrachés : le poil animal à l’odeur du cheveu brûlé, le synthétique celle du plastique.

Bon alors, on choisit quoi ?

Real fur is deplorable but faux fur-is not the answer.

Orsola de Castro

Côté consommateur·ice

Tout dépend du monde dans lequel on veut vivre.
En tant que média, on ne peut pas (et on aurait très tort) d’effectuer un choix à la place du lecteur. Informer, sourcer les infos, mâcher le travail de renseignements pour que chacun fasse sa part consciemment, en tenant compte de sa propre échelle de valeurs. Ce qui est certain pour nous, c’est qu’il faut ré-interroger entièrement nos habitudes d’achats et de consommation dans le temps :
  • Ne pas acheter neuf, vraie ou fausse fourrure
  • Entretenir : brosser, mettre sous blister en hiver, faire nettoyer par des professionnels ;
  • Passer son chemin sur tous les accessoires, vrais ou fausse fourrure, type pompons, bijoux de sacs, de bracelets ou mules fourrées ;
  • Ne pas considérer que la fourrure cheap est systématiquement fausse. Soyez-vigilants notamment les vegans militants.
  • Refuser les fausses-fourrures des grandes enseignes de fast-fashion, privilégiez les belles marques comme La Seine et Moi qui sont fabriquées à Paris, certifiées PETA et éco-conçues. OUI, tout ça a un coût… Petit exercice : fais la somme des manteaux H&M achetés ces 10 dernières années, puis calcule l’étalement dans le temps du coût d’un manteau bien fait et aimé sur les 10 prochaines. Le compte y est ?

Côté marque

  •  Investir dans la recherche +++ L’avenir de l’homme n’est pas fait pour rebrousser chemin. Production, consommation, croissance mais aussi matière grise : tout ceci doit aller dans le sens de l’amélioration. La conception de textiles durables, biodégradables, indépendants des énergies fossiles et inclus dans une logique de Cradle to Cradle, démentelables et réulilisables à l’infini. Oui c’est énorme, et on n’en demande pas moins.
  • Rendez TRAÇABLES vos production. Blockchain à tous les étages, personne n’est parfait mais ça va mieux quand on l’admet.
  • Ralentissez vos productions pour créer des belles pièces de qualité. Personne n’a besoin d’un manteau en fausse-fourrure arc-en-ciel chaque hiver. (Tout court, en fait).
Voilà, 33 ans et un article plus tard, c’est toujours aussi compliqué mais j’ai un peu avancé. L’avantage maintenant, c’est que j’ai des lecteur·rices comme témoins de mes dissonances cérébrales. Je vous laisse donc trancher pour mes 50 prochaines années.

Crédits @CAMPAGNE LUSH/HSI

Réferences 

(1) : huffingtonpost

 

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Commentaires 1
  1. Bonjour, c’est un avis que je partage, et le recours est en effet pour beaucoup la traçabilité.Je fais des écharpes en fourrure pour ma marque Priam

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