Permaculture et hydroponie en plein Brooklyn, les villes deviennent terres agricoles
Rédigé par Victoire Satto
Le 17 avr. 2022
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Partons pour une escapade champêtre : New York City, destination idéale. Entre deux sirènes d’alarme et course-poursuites avec le temps, immergées dans la fast life de la ville lumière, les salades poussent à quelques encablures du métro. Nous sommes chez Nashay et Cyrille, au coeur de Brooklyn à Bed-Stuy. Une grande baraque aux briques rouges mitoyennes de ses consœurs, rien de plus urbain jusqu’alors. Pourtant cette bâtisse renferme une prouesse agricole : une culture verticale de salades et de plantes comestibles, ainsi qu’une installation d’hydroponie en sous-sol. On vous emmène dans le futur urbain désirable, où le Vivant à ses Droits sous notre toit.

Un couple franco-américain converti à la slowlife
Lui est un businessman d’origine bordelaise. Elle, californienne, a pérégriné avec succès dans des domaines variés : la Mode en tant que modèle puis styliste, le fitness puis la cuisine raw vegan en tant que chef, additionnant les expériences de vie plus saine sans en déterminer le liant. Il s’agissait alors de concilier l’amour d’un quotidien résolument urbain et une appétence pour la simplicité dans une approche holistique. Commencer par l’assiette faisait sens. Ou recommencer plutôt.

La permaculture est en effet une science millénaire dans laquelle les installations pour la production, notamment alimentaire, sont interdépendantes et perpétuelles : elles travaillent en écosystème. De fait, elles fonctionnent de paire avec les saisons et sont à même de fournir des denrées toutes l’année. L’harmonie entre les différents composants rend l’ensemble autonome, résiliant, économe en travail et en énergie fossiles.

Une maison new-yorkaise transformée en laboratoire agricole urbain
Dans leur cour-jardin, on trouve des rigoles pour l’eau des pluie alimentant des bacs de légumes et les arbres fruitiers, une serre avec les herbes fraîches et les salades, des gouttes à gouttes suspendus enrubannés de guirlandes de lumignons de déco. Petite surface optimisée où chaque être -humain ou cucurbitacée – a sa place et respecte son prochain.
Permaculture et hydroponie
Dans leur grand sous-sol, insoupçonné, s’organise un véritable « laboratoire » sous les néons violets, une vielle baignoire chinée surmontée de larges réceptacles accueille des racines en suspension dans une eau qui attend sa livraison de tilapia. L’aquaponie est en route : une forme d’aquaculture intégrée. Elle associe la symbiose entre des végétaux et un élevage de poissons dont les déjections servent d’engrais, l’ensemble au sein d’une eau enrichie en matières minérales et en bactéries filtrantes.
En pratique, ils possède une table à marée avec des billes d’argiles (aussi utiles qu’esthétiques) pour support de culture où reposent les herbes fraîches, un système de pompe hydroponique pompant l’eau de l’aquarium, filtrée avant d’hydrater les plantes puis retourner vers les poissons.

Le Concrete Farm Lab
Au premier étage, une grande pièce parquetée est baignée dans une lumière douce. On y trouve des cours de pilates occasionnels, et en permanence un éclairage mural de jeunes pousses de laitues par un système de LED muraux, le rendement est actuellement de 120 par an.
Tels qu’ils l’envisagent, le Concrete Farm Lab est voué à se démultiplier dans les jardins et sur les toits de New-York. Une aventure de copains ayant trait à devenir un business durable, reproductible, tel un modèle d’agroécologie vertueux pour les voisins du bitume.


Les avantages de l’agriculture urbaine
Les avantages sont bien sûr alimentaires mais aussi environnementaux : les pluies sont mieux drainées et les chaleurs moins lourdes. La dimension sociale et humaine est incontestable : les grands se délectent au calme dans la douceur du soir, préparant des carottes violettes déglacées au rosé, les enfants du quartiers redécouvrent le goût et la couleur des légumes du jardin, ainsi qu’une faune d’insectes réapparus avec les cultures.
Cette enclave urbaine libère ainsi peu à peu ses concepteurs des systèmes industriels de production, et compte bien coloniser la ville dont la greenification est un virage en cours bien plus qu’une méga tendance, à New York, à Paris, dans chaque mégalopole où la folie des grandeurs finit par nous faire revenir à soi.
Si les skylines ont des ailes, la concrete jungle fait désormais se sent désormais pousser des racines.


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