Lucile Viaud : des verres, des assiettes et des bols en déchets issus de la mer
Rédigé par Renaud Petit
Le 04 juil. 2022
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Jonglant entre art et ingénierie, la designer Lucile Viaud produit un art de la table entièrement naturel et responsable. Dans son atelier Rennais et pour sa marque Ostraco, elle conçoit de la vaisselle et des objets décoratifs à base de déchets naturels et de matériaux issus de la mer. On vous présente le travail de cette designer innovante et responsable.
Entre science et artisanat
Lucile Viaud se présente elle-même comme une “artiste-chercheure”. Designer touche-à-tout, son travail créatif commence par une démarche scientifique. Avant de dessiner ses objets puis d’enfiler sa casquette de souffleuse de verre ou de céramiste, la designer travaille en laboratoire pour inventer ses nouveaux matériaux à partir de matières premières naturelles, et souvent considérés comme des déchets, qu’elle récolte directement autour d’elle.
Un art de la table en déchets marins upcyclés
Plusieurs matériaux, tous responsables, ont émergé des recherches de Lucile Viaud : de nouveaux genres de verre (le verre marin Glaz et le verre de Rouergue) et un plâtre (plate de mer) utilisé comme de la terre pour sculpter des objets ou des contenants.
D’un vert bleuté qui rappelle la couleur de l’océan (d’où son nom), le verre marin Glaz est conçu à partir de déchets coquilliers et de microalgues, des matières premières disponibles en abondance, et souvent même encombrantes sur les littoraux. Les déchets coquilliers sont même abondants dans les poubelles des conchyliculteurs et conchycultrices. Bien que la recette soit différente de celle du verre traditionnel, il peut être travaillé exactement de la même façon et produire les mêmes objets. Avec son verre marin Glaz, Lucile Viaud fabrique donc des verres, des vases…
On peut d’ailleurs trouver les verres de Lucile Viaud au restaurant étoilé Rennais Racines. Un autre type de verre, le verre de Rouergue, est lui conçu à partir de sable et de coquilles d’escargots.
Le verre marin Glaz de Lucile Viaud, sur la table de Racines
Lucile Viaud a également conçu un “plâtre de mer”, une pâte qu’elle peut sculpter à l’infini, constituée uniquement de mollusques marins broyées. La couleur du matériau et ses nuances dépendent des coquilles utilisées.
Bols en plâtre de mer dont la couleur varie en fonction des coquilles
Des matériaux produits à partir de matériaux naturels et renouvelables recyclés, mais également totalement biodégradables et recyclables qui, on l’espère, rempliront bientôt les placards de nos cuisines.
La mer : une source de matériaux renouvelables qu’on commence à peine à découvrir
Algues envahissantes, coquillages, cuir de poisson, déchets… La mer regorge de matériaux ultra-disponibles et surtout renouvelables qui peuvent être exploités pour fabriquer des produits du quotidien sans générer de pollution persistante. Tout récemment, un autre designer français, Samuel Tomatis, a conçu un matériau alternatif à base d’algues pour remplacer le plastique.
Leurs initiatives permettent de se passer petit à petit de matériaux dont l’exploitation ou l’utilisation est dangereuse pour l’environnement, comme le plastique ou le sable. Bien qu’il soit naturel, le sable n’est pas une ressource considérée comme renouvelable étant donné le temps nécessaire pour qu’il se reconstitue naturellement.
D’après l’ONU en 2022, 50 milliards de tonnes de sable sont récoltées par an, ce qui en fait le matériau solide le plus utilisé au monde. L’extraction du sable présente de nombreux dangers pour l’environnement, comme l’accélération de l’érosion des côtes. Mais elle pose d’autres problèmes parfois moins évidents ou moins visibles à l’œil nu. Le sable fournit, par exemple, un habitat important pour la biodiversité côtière, notamment pour de nombreux végétaux qui participent au nettoyage de l’eau et au captage de CO2.
Évidemment, le sable ne sert pas qu’à la fabrication du verre. Le sable est aussi largement utilisé dans le bâtiment pour la fabrication de béton. Néanmoins, face aux enjeux, toute alternative qui puisse permettre d’extraire moins de sable de l’océan est salvatrice !
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