Le guide complet pour rendre sa cuisine (presque) zéro déchet
Rédigé par Camille Serrada
Le 04 oct. 2022
Minutesde lecture
La cuisine est le lieu par excellence où s’accumulent emballages individuels, paquets, pots et bouteilles en plastique… Diminuer leur (omni-)présence est une action réalisée en faveur de la planète mais aussi de notre santé. En effet, dans le plastique se cachent notamment des perturbateurs endocriniens [1], néfastes pour nos organismes. Afin d’entamer une transition zéro déchet, nous vous proposons des solutions étape par étape pour réduire les déchets dans votre cuisine.
Qu’est-ce que le zéro déchet ?
L’objectif zéro déchet est très ambitieux, il nécessite du temps, de l’organisation, de l’adaptation et des ratés. Tendre vers le zéro déchet est un processus, qu’il vaut mieux réaliser progressivement. Tout changer en même temps peut rapidement mener au découragement et à l’abandon.
Le zéro déchet nous rend plus imaginatif·ve·s et astucieux·euses : il encourage à récupérer, à détourner un objet pour lui trouver de nouvelles fonctions, à se lancer dans de nouvelles recettes, à se fabriquer de nouveaux accessoires façon DIY… Finalement, la transition zéro déchet c’est changer de mindset. D’ailleurs, il n’est pas question de se ruiner ou d’encourager l’achat, au contraire, il s’agit de s’orienter vers la récup’, la seconde main, l’upcycling, la revalorisation, le troc et le don.
L’une des notions à retenir lorsqu’on se lance dans le zéro déchet, c’est d’être indulgent·e avec soi-même malgré les oublis, les loupés d’organisation…
Les courses, façon zéro déchet
Le zéro déchet, c’est consommer sans plastique, ou presque. L’étape des courses est primordiale, nous y avons consacré un article avec nos conseils notamment liés aux contenants utiles pour les courses.
De plus en plus de boutiques en vrac voient le jour, ce qui démocratise la pratique. Cependant, en fonction de votre localisation géographique, vous ne pouvez peut-être pas vous y rendre, sachez que certains supermarchés commencent à proposer plusieurs produits en vrac.
Quelques tips expérimentés et validés lors des courses :
– Les contenants pour les fruits et légumes, les condiments secs et le pain : vous pouvez réutiliser les sacs en papier kraft jusqu’à l’usure, ils sont souvent très résistants. Vous pouvez aussi coudre, acheter en seconde main, ou neufs, des sacs en tissu (en coton de préférence). Pour les fruits et légumes, rapporter ses papiers kraft ou tissus se démocratise que ce soit au marché ou dans les magasins bio. En revanche, c’est un peu plus rare pour les supermarchés, pourtant ils sont acceptés, il ne faut donc pas hésiter.
– La boîte d’œufs à garder : de nombreux commerçant·e·s proposent des œufs en vrac, le petit + : choisir le nombre exact d’œufs dont on aura besoin.
– Le sac spécial baguette : vous pouvez upcycler vos anciens torchons et T-shirts pour coudre un sac dans la longueur, idéal pour mettre une baguette.
– Le tote bag pour des courses inopinées : plié, le tote bag ne prend pas de place et il peut vous éviter de monter les 4 étages de votre immeuble les bras chargés.
– Les consignes à valoriser : certaines marques proposent des consignes, c’est-à-dire qu’en échange d’une somme d’argent avancée (souvent quelques centimes voire 1 €), un emballage en verre est, après son utilisation, ramené à la boutique. Puis, l’utilisateur·rice récupère la somme d’argent avancée. Les récipients en verre ne sont donc pas cassés mais réutilisés, souvent cela est une preuve du circuit-court (signifie qu’un intermédiaire au plus a été nécessaire pour qu’un produit arrive jusqu’à la boutique).
Réduire les emballages en étapes
Certaines habitudes sont plus simples que d’autres à mettre en place, c’est pourquoi nous vous proposons de se lancer par étapes.
Étape 1 : faire un bilan de conscience
Il est assez complexe de se rendre compte du plastique ou des emballages utilisés jusqu’à ce que l’on fasse un bilan de conscience. Afin de faire preuve d’honnêteté, le mieux reste de tout sortir de ses placards et de vider son frigo pour avoir une vision d’ensemble et mieux comprendre quels sont les aliments et produits gourmands en plastique.
En fonction de votre alimentation et de votre mode de vie, les emballages ne sont pas les mêmes. Cependant, on les retrouve le plus souvent pour emballer les gâteaux et confiseries (qui, la plupart du temps, contiennent des emballages individuels), les condiments en conserve ou en verre (thon, maïs, pois chiche, haricots, etc.).
Étape 2 : repenser l’organisation des condiments secs
Voici une liste (non exhaustive) des condiments secs :
- Les haricots rouges et blancs
- Les pâtes
- Le riz
- Le sel
- Le poivre
- Les épices
- La farine
- Les graines
- Les flocons d’avoine
- Le sucre
- Le miel
- Les céréales
- Les fruits à coques
- Thé
- Café
Vous pouvez retrouver ces condiments dans les boutiques en vrac ou magasins bio pour la plupart, des balances y sont disponibles pour peser les contenants. Cependant, s’ils sont en verre, ils peuvent être lourds donc les emballages en papier kraft ou en tissu sont idéaux pour faire les courses puis, à la maison, il suffit de les transvaser dans les bocaux.
La meilleure solution reste de conserver les condiments secs dans des bocaux bien fermés et à l’abri de la lumière. Dans l’optique zéro déchet et surtout zéro plastique, les contenants en verre sont à favoriser, voici quelques conseils :
- Réutiliser vos anciens pots de miel, de confiture, de sauce, de pâte à tartiner, etc. Puis, faites-les bouillir afin de détruire toutes les bactéries avant de les réutiliser.
- Récupérer les contenants en verre de vos proches ou dans des épiceries en vrac où sont disponibles des bocaux et pots en libre service.
- Chiner chez Emmaüs, dans les brocantes et vide-greniers, sur Vinted, sur Le bon coin des anciens contenants en verre (à faire bouillir avant de les réutiliser).
- Investir dans du neuf si besoin/envie dans des épiceries, des magasins bio.
Comment consommer les condiments secs version zéro déchet ?
– Pour les adeptes de thé : vous pouvez vous servir d’une boule à thé, cela évite les sachets individuels.
– Pour les amateur·rice·s de café : si vous utilisez des capsules, il en existe des biodégradables ou des réutilisables que vous pouvez remplir avec du café moulu. Quant au café filtre, des filtres réutilisables sont disponibles à la vente. La méthode « la plus zéro déchet » reste la cafetière à piston puisqu’il n’y a besoin que de café et d’eau. Le marc de café restant peut s’utiliser en engrais pour les plantes ou pour un gommage fait maison
– Pour l’eau : en fonction des localisations géographiques, l’eau du robinet peut contenir du calcaire, afin de la filtrer de manière naturelle, on peut disposer un bâton de charbon ou des billes de céramique dans un pichet. En revanche, l’efficacité des 2 méthodes n’a pas été scientifiquement prouvée.
Étape 3 : les produits liquides et ceux à date de consommation courte
Certains commerçant·e·s acceptent les contenants pour la viande, le poisson, le fromage, le beurre et les yaourts, il est possible de les conserver au réfrigérateur dans leur contenant avec lequel vous êtes allé·e·s les récupérer. Désormais, les huiles sont aussi disponibles à la vente en vrac. Afin d’éviter la multiplication des transvasements, le plus simple reste d’apporter une bouteille terminée.
La version zéro déchet de la bouteille ou brique de lait n’existe pas, sauf si on passe directement par les producteur·rice·s.
Dans une démarche zéro déchet, il est possible de composter ses déchets organiques (épluchures, restes de fruits et légumes, marc de café) dans votre ville ou chez soi, les congeler pour les composer plus tard ou les cuisiner.
Ustensiles de cuisine & méthodes de conservation
Les matières à privilégier
Alors que le verre est préférable pour les contenants, le bois et l’inox sont à privilégier pour les ustensiles de cuisine. Les casseroles, poêles et marmites en inox restent le meilleur ratio prix/santé, il est aussi durable et éco-responsable. Le fer et la fonte, souvent coûteux et lourds, représentent de bonnes solutions.
Quant à la conservation, le film plastique ou l’aluminium sont pratiques mais leur durée de vie n’est souvent pas plus de quelques jours. Le bee wrap est une super solution pour recouvrir des plats prêts à rejoindre le frigo ou même laissés à l’air libre : il s’agit d’un emballage carré ou rectangulaire, recouvert de cire d’abeille, qui se nettoie à l’eau froide avec du savon, et se garde des années. Il est possible de le réaliser soi-même ou de l’acheter, comme la charlotte alimentaire qui se décline en coton ou coton enduit. Elle aussi lavable, cette fois à la machine à laver. Une autre technique très simple consiste à retourner un bol ou apposer une assiette afin de couvrir un plat ou un aliment.
Pour la cuisson au four, afin d’éviter le papier cuisson, il existe des méthodes naturelles comme le beurre ou l’huile. Côté articles, il vaut mieux privilégier le papier souple en fibre de verre lisse. Le tapis de cuisson en silicone platinium, lavable et durable, est souvent recommandé, à l’inverse du silicone peroxydé qui est nocif et ne résiste pas à la chaleur.
Produits d’entretien
Si vous souhaitez fabriquer vos produits d’entretien, suivez le guide.
Voici les produits qu’on peut retrouver dans une cuisine zéro déchet :
– Pour le lave-vaisselle : du liquide (ou des tablettes) pour le lavage et le rinçage
– Pour la vaisselle main : du liquide vaisselle à recharger en vrac ou un bloc de savon de Marseille (sans glycérines pour ne pas laisser de film gras).
Pour nettoyer et gratter, les éponges classiques jaunes et vertes se jettent très souvent parce qu’elles sont remplies de bactéries, qu’elles ne sont pas lavables et donc s’usent rapidement, mais des solutions existent :
– Des brosses dont la tête est interchangeable et se remplace tous les 6 mois environ.
– Un tawashi est une éponge upcyclée en tissu (souvent en coton) lavable à la machine, réalisable soi-même ou à acheter.
– Des lingettes microfibres (en bambou, par exemple) pour nettoyer les surfaces, elles sont lavables à haute température.
– Des tissus en coton, des vieilles serviettes de bain à upcycler pour remplacer l’essuie-tout.
La cuisine on the go
Des sets de couverts en différents matériaux peuvent être utiles lors d’un pique-nique. Pour celles et ceux qui prennent souvent des plats à emporter, il est possible de demander d’être servi·e·s sans couverts pour utiliser les siens.
Une boisson à emporter ? Une paille en inox, un gobelet réutilisable et l’indispensable gourde peuvent être des alliés zéro déchet.
Références
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