Bilan 2022 et perspectives 2023 : comment se porte la fashion sphère ?
Rédigé par Coralyne Bienvenu
Le 27 févr. 2023
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Le secteur de la mode est en pleine transition et connaît une période difficile. 2022 était la première année post-Covid et donc une année particulièrement attendue par les acteur·ice·s de cette industrie. Quelles conclusions en tirer alors que 2022 a aussi connu l’inflation ? Hausse du prix des matières premières, de l’énergie, des produits finaux… Comment les marques et les consommateur·ice·s gèrent-ils ce changement ? À quoi devons-nous nous attendre pour 2023 ? Devant une croissance qui stagne et des priorités qui changent pour les citoyen·ne·s, faut-il patienter ou revoir son modèle économique ? Retour sur les résultats annuels des études menées par l’Observatoire Académique de l’IFM – Institut Français de la Mode, présentés par l’économiste Gildas Minvielle, lors d’une conférence de presse.

Quel bilan pour le marché de la mode en France en 2022 ?
L’année 2022 se termine à un niveau de consommation de 26,2 milliards d’euros, soit une croissance depuis le point le plus bas de 2020. Si le marché progresse de 3.9% dans son ensemble, il n’arrive pas à retrouver le niveau de 2019 qui était de 27,8 milliards d’euros.
Les données marquantes de l’année 2022
- Le marché de la mode masculine se distingue, avec une hausse de 11,3% de la consommation de vêtements. Il s’agit de la meilleure orientation de l’ensemble des marchés. Cela s’explique, en partie, par le fait que 33% des hommes favorisent la qualité du vêtement lors de l’achat plutôt que le prix et sont de fait prêts à y allouer davantage de budget leurs homologues féminins.
- Les grands magasins et les magasins populaires ont retrouvé une meilleure orientation de leur activité commerciale en 2022, tandis que les ventes en lignes étaient explosives durant la pandémie et en post-pandémie, les citoyen·ne·s manifestant un besoin de retour aux échanges physiques.
- Les magasins dans leur ensemble retrouvent des couleurs après la Covid et les confinements avec une hausse de 14% de fréquentation des boutiques physiques.
- On observe une hausse du panier moyen mais une baisse de fréquentation des lieux et des sites d’achat, ainsi que du taux de transformation global.
- L’e-commerce enregistre une hausse de 13% des ventes par rapport à 2019. Cette moyenne prend en compte les pure players et les retailers (physique et e-commerce). Cette augmentation est relative mais qui représente un potentiel pour le futur.
Quelle conclusion par rapport aux objectifs fixés ?
En comparaison aux objectifs fixés, le marché se situe à 4,4% sous le seuil atteint en 2019. Seuls deux circuits de distribution ont connu une hausse d’activité par rapport à 2019 : les chaînes grandes diffusion (Gémo, Kiabi…) et les pure players du web (La Redoute).
Le secteur de la chaussure connaît la même évolution avec un niveau qui n’atteint pas celui de 2019 et un recul de 5,4% de ses ventes.
L’inflation : quelle est l’ampleur de la hausse des prix ? Quelles conséquences pour 2023 ?
40% des entreprises interrogées* indiquent que leurs prix ont augmenté à hauteur de 5 % et 10 % en 2022, soit en moyenne une progression des prix de 6% en 2022 dans l’habillement. C’est une hausse importante pour le secteur qui a connu en 30 ans une augmentation de prix très modérée estimée lissée à 9% au total.
En conclusion, le bilan de l’année est difficile avec l’objectif de retrouver le niveau de 2019 qui n’est pas atteint. L’évolution des prix attendue est trop importante (de l’ordre de 5%).
2023 ne verra pas la fin de l’inflation.
Source : Observatoire Académique de l’IFM – Bilan 2022 et perspectives 2023 pour le marché de la mode en France – Gildas Minvielle
Un avenir davantage circulaire ?
La seconde main dans l’habillement représente aujourd’hui 6 milliards d’euros contre 1 milliard en 2018. Ce marché s’est imposé et intéresse de plus en plus les marques qui intègrent de façon massive cette option à leur offre globale, en ligne et/ou en boutique. C’est le cas pour 38% des marques en 2022. Les matières éco-responsables sont aussi un enjeu important pour 2023 en devenant un élément incontournable grâce aux prochaines exigences réglementaires relatives à l’affichage complet des fiches produits avec ACV (lien podcast PEF) à l’appui.
Autre tendance notable, le marché de la location a déjà été adopté par 9% des marques et 9% supplémentaires d’entre elles déclarent être en cours de procédure pour l’intégrer dans l’année 2023. De même que pour le marché de niche de l’upcycling, les échantillons et le recul sont cependant trop faibles pour estimer la rentabilité des modèles à ce jour. Cela pourra faire l’objet d’études ultérieures.
Source : Observatoire Académique de l’IFM – Bilan 2022 et perspectives 2023 pour le marché de la mode en France – Gildas Minvielle
Quelles prévisions pour 2023 ?
Ces prévisions sont basées sur un modèle Arima. L’inflation va peser sur le pouvoir d’achat et jouer négativement sur la demande de notre marché. Le PIB ne sera pas croissant en 2023. Plusieurs scénarii sont possibles :
- Median : Une croissance de 0%
- Pessimiste : Un recul de -3% (la réalité se situant vraisemblablement entre les deux scénarii)
- Optimiste : Une augmentation de 3% (très peu probable)
Source : Observatoire Académique de l’IFM – Bilan 2022 et perspectives 2023 pour le marché de la mode en France – Gildas Minvielle
Ouverture / Notre avis
On s’interroge alors sur le bien-fondé et la réalité d’un retour “as usual” espéré par les marques en contexte de crise énergétique, économique et de raréfaction des matières premières, associé à un changement significatif des aspirations des consommateur·ice·s citoyen·ne·s vers davantage d’engagement de la part des marques. Stabiliser la croissance et entrer davantage dans une économie de services apparaissent comme des options à creuser.
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