L’impact des crèmes solaires sur les coraux et la biodiversité
Rédigé par Victoire Satto
Le 24 juin 2022
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Sur 25.000 tonnes de crème solaire, 6.000 tonnes de produits toxiques sont estimées répandues chaque année dans les mers [1]. Les composants chimiques contenus dans la plupart des crèmes, sprays et huiles solaires sont toxiques pour les coraux et la biodiversité environnante. Voici comment on peut minimiser leur impact sans compromettre la protection de la peau.
L’impact des crèmes et huiles solaires sur les fonds marins
Depuis janvier 2020, à Hawaii, Malibu, Miami, Key West, dans certaines zones littorales du Costa Rica, les écrans solaires sont bannis. Ces zones protégées du Pacifique interdisent l’importation et la vente de protections UV sous peine de confiscation et d’amende, il faut alors choisir entre protéger notre peau ou l’environnement (ou plus simplement, de profiter du soleil à des heures de faible exposition). Même à faible dose, l’oxybenzone (reconnu comme perturbateur endocrinien), l’octrocrylene, le 4-methylbenzylidene et certains parabènes sont toxiques. Leur nocivité est potentialisée par la lumière, sous l’effet de laquelle les coraux s’ossifient et meurent. En 30 ans, un tiers des récifs coralliens – espèce capitale pour la biodiversité – ont été irréversiblement perdus.
Le Dr Diana Slijkerman de Wageningen Marine Research [2] a étudié à Bonaire la présence d’écrans solaires potentiellement nocifs. Elle a prélevé des échantillons d’eau de la baie du lac et a mené une enquête auprès des visiteur·ice·s des bateaux de croisière sur la plage. Le projet global «Sunscreen Awareness Bonaire» visait à obtenir des informations à ce sujet et à mieux éduquer toutes les parties prenantes : marques et citoyen·ne·s. Les résultats montrent une perturbation du comportement alimentaire et de la reproduction des coquillages, la modification du code génétique de certains poissons, empêchant leur reproduction et une toxicité potentielle sur le plancton, base de l’alimentation de nombreux êtres vivants.
Comment se protéger efficacement du soleil
Le cancer de la peau, l’un des plus mortels en France, est en progression chez les jeunes adultes qui négligent l’usage de la crème solaire ou se dirigent vers des produits bas de gamme aux prix plus attractifs [3].
Voici quelques règles pour optimiser la protection [4] :
- Se protéger au soleil comme à l’ombre, les UVA et B ne sont pas systématiquement filtrés par l’interface entre vous et le soleil.
- Renoncer à s’exposer directement entre 10 heures et 16 heures, ou se couvrir de vêtements, par exemple en lin.
- Appliquer la crème solaire 20 minutes avant la baignade, puis toutes les deux heures selon l’exposition au soleil
- Chapeaux et lunettes sont de rigueur, particulièrement indispensables chez les enfants
- Choisir une crème solaire bio, avec filtre minéral
- Choisir un indice et une texture adaptée : l’indice 50 est conseillé, voire plus si on a une carnation très blanche. La texture est une affaire de plaisir à l’application, pour les enfants qui bougent beaucoup, les textures épaisses sont plus à même de tenir sur la peau au fil des baignades (ce qui ne doit pas empêcher d’en appliquer toutes les 2 heures).
- Masser uniformément pour éviter les marques et les oublis (orteils, nez, oreilles, plis !) et idéalement appliquer la crème nu·e et la laisser pénétrer quelques minutes avant d’enfiler son maillot.
Quels sont les types de protection solaire ?
Pourquoi se diriger vers une protection solaire bio ?
Les crèmes solaires certifiées biologiques n’ont pas moins d’efficacité en termes de protection, leur innocuité sur la peau (hydratation efficace, absence de perturbateur endocrinien, de nanoparticules, moindre risque d’allergie). Cependant leur absence de conséquences sur l’environnement n’est pas démontrée. Une crème solaire n’est (pour l’instant) jamais 100% biodégradable, mais certaines compositions sont moins toxiques que d’autres pour l’environnement.
A savoir, la texture sans silicone des crèmes bio est plus épaisse qu’une crème solaire conventionnelle.
Deux types de filtres solaires : minéral et organique
- Le filtre minéral : sous forme de poudre, ils n’ont pas d’action absorbante et se déposent plus facilement au fond des océans. Les marques bio utilisent toutes des filtres minéraux.
- Le filtre organique ou chimique : ils sont issus de la pétrochimie, majoritairement. Très efficaces, ce sont aussi les plus polluants qui transforment la lumière des UVA et B en lumière blanche qui détruit les coraux. Ce sont également les plus néfastes pour la santé, en dehors de la protection UV (risque d’allergie, perturbation endocrinienne etc). Ils se présentent sous forme huileuse qui pénètrent dans la peau à l’application puis flottent à la surface de l’eau lors des baignades. Leur efficacité est estimée à environ 30 minutes.
Références
[1] Bleached, But Not by the Sun: Sunscreen Linked to Coral Damage – Environ Health Perspect. 2008 Apr; 116(4): A173
[2] Wageningen – Are sunscreen products harmful to Bonaire’s ecosystems ?
[3] Abbassade Océans – Crèmes solaires : L’imposture !
[4] Recommandations de l’OMS
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