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Qui sont les ambassadeurs d’un(e) mo(n)de plus responsable ?

Picture est une marque française de vêtements pour les sports outdoor dont la position envers les matières écoresponsables n’est plus à prouver. Pour la sélection de ses ambassadeurs, la marque met en avant des points de vue innovants et durables, tout en soutenant des actions investies dans une vision du sport libre. Damien Castera, free surfeur, réalisateur de films documentaires et auteur [1] fait partie des ambassadeurs smart influence de Picture. Il y a quelques mois, on partageait la liste de nos envies des documentaires inspirants sur l’environnement dont The Wave of Change, le surftrip low tech faisait partie. Pour approfondir le sujet des low tech, du sport libre et d’un mode de vie plus durable, on a saisi l’opportunité d’échanger avec l’auteur.

Dans le surf, la plupart se focalise sur la compétition. Le free surf est un domaine d’expression sans contraintes, sans limites ! C’est ce que j’aime vivre.

Dans la Picture family, on demande Damien Castera, l’explorateur ambassadeur

Natif du pays basque, et dont le père a fait des études d’océanographie et de biologie marine, Damien Castera a vécu une enfance blottie entre mer et montage, dans un mode de vie outdoor très présent. Sa vie s’est naturellement dirigée vers un intérêt pour les écosystèmes et la biodiversité, avec un attrait particulier pour l’océan, les vagues et pour tout ce qui se passe en dessous de la surface.

Dans cet état d’esprit, le futur surfeur passe beaucoup de temps dans les récits d’explorateurs. De Jack London à Joseph Kessel, ces auteurs accompagneront son amour de l’espace et du vivant. Vous l’aurez compris, à l’âge adulte, Damien Castera n’a pas eu de « réveil écologique » mais bien l’envie de faire de sa vie un rêve grandeur nature, et de son rêve une réalité d’exploration du vivant. [2]

Je ressens un profond sentiment d’appartenance à la terre et à la mer, ce monde naturel qui repose sur un équilibre fragile.

Pourquoi travailler avec une marque comme Picture ?

Picture est une marque avec une cohérence forte, aux valeurs qui collent aux miennes (Rider, protéger, partager). Ils ont une vraie vision, incarnée par un plan sur les énergies fossiles, le calcul de l’empreinte carbone, le positionnement B Corp, un travail sur l’aspect social… Il y a de la concertation et de l’implication, nous sommes invité·e·s à participer aux réunions pour mieux s’en approprier les valeurs.

Les trois fondateurs sont des montagnards et connaissent moins le monde marin. Ils souhaitent développer leur activité sur le marché du surf et des sports nautiques en soutenant des projets qui ont du sens, comme des documentaires et des reportages qui seront ensuite présentés sur des festivals indépendants.

Quelle est ta vision d’un produit éco conçu ? Qu’est- ce que tu privilégies ?   

Pour être honnête, ce n’est pas la partie où je m’y connais le mieux. J’aime leur analyse systémique du produit, de la conception à l’usage, en passant par le packaging. D’un point de vue technique, ils font beaucoup de recherches et de développement et déposent des brevets sur des technologies moins impactantes pour l’environnement. Le fait de porter des produits de qualité me permet de les conserver dans le temps. 

Du surf au documentaire, le pouvoir d’influence bienveillant

Afin de continuer à vivre des expéditions purement instinctives, Damien Castera se base sur ses valeurs et ne cesse de nourrir ses réflexions, qui au travers du voyage le feront passer à l’action. Dans Water Get no Enemy, il part au Liberia afin de suivre le parcours d’ex-enfants soldats à qui la pratique du surf apporte résilience et renaissance. Pour The wave of change, il capitalise sur l’esprit d’aventure et le surf.

Il rejoint l’ingénieur explorateur Corentin de Chatelperron et son équipage, pour un surf trip sur leur catamaran low tech également sponsorisé Picture. Tous deux membres de la société des explorateurs français, ils partagent cette épopée avec Caroline Pultz, architecte d’intérieur et Guénolé Conrad, ingénieur. Ensemble, ils vont utiliser la logique des bio sources et les low tech pour se nourrir, communiquer, être autonome et réparer une planche de surf à base de mycélium.

Ces technologies peu couteuses et accessibles sont disponibles sous forme de tutos mis à disposition par le Low tech lab de Corentin. Le combat de Corentin de Chatelperron est de monter que des alternatives existent et qu’il est possible de vivre mieux avec moins !

Pourquoi l’exercice du documentaire ?

J’aime raconter des histoires peu importe le support, films, livres, reportages, utiliser une narration, des images vivantes, de la musique… 

Le format “long” est-il selon toi adapté à l’heure des réseaux ?

A l’heure de l’immédiateté et des formats courts imposés par le digital, j’ai pris le parti de ne pas calculer mon travail en fonction des réseaux sociaux. Je préfère faire des aventures qui mettent du temps à exister, à se préparer, à être montées. Je me sens mieux dans “le temps long“. Bien qu’ambassadeur pour Picture, j’ai fait le choix de ne pas accepter d’autres contrats de pubs ou d’influenceurs Instagram, ça ne me convient pas. 

Comment s’écrit et se réalise un documentaire “in situ / in vivo”?

Tout part de l’idée ! Il faut trouver un sujet original, une belle histoire à raconter. La préparation prend entre six mois et un an. Comme les endroits où je me rends sont généralement peu connus, il faut étudier les cartes, l’histoire des peuples, essayer d’imaginer et se projeter un maximum. Malgré cette préparation, il demeure une très grande part d’inconnu.

Le temps de voyage dépend du projet, j’aime passer de longues semaines sur place, accorder de la profondeur aux rencontres afin de transformer l’expérience en conscience. Ensuite, j’écris les scénarii, je cherche une boite de production et des sponsors, je monte l’équipe et au retour je m’occupe de la post-prod. Toutes ces étapes permettent de faire vivre le voyage assez longtemps. Il est également primordial de trouver les bonnes personnes avec qui travailler. Il y a besoin de polyvalence, d’autonomie et de capacité d’adaptation car dans l’aventure vécue, il y a une grande part d’inconnu. 

Comment sortir du documentaire catastrophiste pour aller vers l’inspirant porteur de solutions ? 

C’est un choix dans ma manière de travailler. Ne pas jouer le syndrome du Titanic, ne pas moraliser, chacun son niveau d’engagement et de connaissance. Lorsque je raconte une histoire, je préfère mettre l’accent sur les alternatives optimistes et les projets en construction qui ont du sens comme Nomade des mers, le bateau de Corentin.

Qu’est ce qui t’intéresse dans ces projets en tant que sportif avec ou sans docu à la clé ?

La découverte avant tout. Tous les sujets m’intéressent, je suis autant passionné d’Histoire, que de géopolitique, de social, d’environnement, de sport. Chaque nouveau projet devient un prétexte formidable pour partir à l’aventure, rencontrer, apprendre, et développer mon « usage du monde » [3]

J’aime cette formule de Paul Emile Victor : “Dans l’aventure, rien ne doit être laissé à l’imprévu mais tout est imprévisible”.

Selon toi, à quoi ressemble une vie Low Impact ?

Cela passe d’abord par notre rapport à la consommation.  Il faudrait 17 planètes si nous vivions tous comme des Nord-américains… Sans verser dans le catéchisme de la bonne pensée, chacun d’entre nous doit essayer de repenser notre relation au monde. C’est le sujet même de Wave of Change : se réapproprier notre rapport au monde en ré-injectant du sens dans notre manière de vivre.

Renoncer à une certaine obsolescence des désirs voulus par le marketing qui nous pousse à plus de consommation. Et se rapprocher des technologies plus douces et plus durables. ! En ça, mon voyage sur le bateau Nomade des mers a été une belle école de pensée. 

Comment s’y mettre par étapes en tant que citoyen·ne·s ?

En repensant par exemples les modèles participatifs avec des tutoriels en open source. Le documentaire Wave of Change sert ce propos. (NDLR – Damien Castera est aussi ambassadeur de l’association Rider for Refugees [4] qui utilise les ressources de l’industrie et de la communauté des riders pour accompagner les réfugiés et distribuer des vêtements chauds).

A quoi rêves tu ? Quels sont les nouveaux projets à venir ?

Avec l’explorateur polaire Vincent Colliard, nous préparons un voyage pour l’automne 2022. Une traversée de la Colombie Britannique, de Vancouver jusqu’à l’Alaska, sur un catamaran de type Hobie cat, sans moteur, équipés d’une tente, d’un fusil et de deux planches de surf.  Plus qu’un voyage d’aventure, un hymne aux vents, aux vagues et à la liberté…  

Notre conclusion

Au travers le travail de Damien Castera on comprend que la transversalité et la systémie peuvent être une clé d’évolution, y compris pour l’influence des marques de mode responsable. Comme l’explique souvent Joël de Rosnay, un autre surfeur engagé dans ses projets : « La biologie, l’écologie et l’économie sont reliées avec des éléments interdépendants qui forment un système dynamique ». [5]

On comprend aussi que l’exercice du documentaire peut traiter de sujets de société, de culture, d’histoires humaines ou scientifiques et se doter d’un côté romanesque. Cet ours (son surnom) à l’âme aventurière aurait pu écrire « Feuilles de route | quand on aime il faut partir » [6]. Il vient d’achever l’écriture de son premier roman qui sortira bientôt. En attendant, on vous invite à suivre son odyssée de passeur de messages pour vous rappeler que la relation au vivant, passe aussi bien par l’évidence que par l’expérience.

Références citées

  1. Documentaires: The Wave of Change (Damien Castera, Pierre Frichou), Water Gets no Enemy (Arthur Bourbon, Damien Castera). Livre : Expéditions Odisea du Flocon à la vague, cosigné avec Mathieu Crespel.
  2. Référence à Antoine de Saint-Exupéry, « Fais de ta vie un rêve et ton rêve une réalité » Le Petit Prince.
  3. L’usage du monde, Nicolas Bouvier
  4. Rider for refugees
  5. Joel de Rosnay dans Episode #102 du podcast Vlan de Gregory Pouy
  6. Receuil de poèmes sur le voyage, Blaise Cendras

©Photos de The Wave of Change – Pierre Frichou

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